Au creux des dunes, la cabane d'Edonice

Edonice

Edonice sourit tendrement à Renoan. Elle avait pour l'ancien diacre une tendresse particulière. Il était pour elle comme un rayon de soleil et sa tendresse avait pris la place de celle de ses oncles défunts.

La petite fille se sentit revivre de ce simple baiser et sa proposition lui réchauffa le coeur.

" Si vous le souhaitez, il me reste une chambre à l'auberge, vous y serez plus en sécurité qu'ici. "

L'enfant tenta de réfléchir vite à cette proposition.

"C'est vrai qu'en ville, à la taverne, on s'rait plus en sécurité. Mais on s'ra plus loin d'maman..."

Elle regarda les gens dans la maison.

"Enfin, on sait pas..."

Edonice prit la main de Caddwllon et du garde et leur sourit.

"Allez on y va !"



(Suite sur la place du village)

Rifkin



Rifkin observait et il avait bien eut raison de rester à observer et de ne pas se précipiter, cette cabane sur la plage semblait être un point de rassemblement pour tout Dunkerque, un homme s’avançait une canne à la main boitant légèrement, et deux autres hommes arrivaient aussi, deux pêcheurs d’après leur allure…

Mais c’est pas possible ! Elle est mieux fréquentée qu’une église cette cabane !

Parce que tu fréquentes les églises toi ? *questionna sa petite voix, légèrement amusée*

Oh ca va toi ! C’est pas fait pour m’arranger ça ! Comment veux tu que je récupère la mioche maintenant avec tout ce monde !

Tu trouveras mon Rifkin ! *lui susura sa petite voix pleine de confiance*

Après quelques moment à discuter sans doute, le petit groupe partait en direction de la ville, il se tapit un peu plus dans l’ombre tandis qu’ils passaient doucement devant lui sans s’en rendre compte, la mioche entourée du jeune garde et du pêcheur, la tavernière main dans la main avec l’homme à la canne.
Les deux pêcheurs avaient prit une autre direction.

Et la femme enceinte ?

Elle est déjà partie mon Rifkin, la baleine bouge vite finalement *rire amusé*

Ils vont à la taverne y passer la nuit.

Rentrons à la cabane prévenir Jean-jean !

Oui c’est pas c’soir qu’on récupérera la mioche !

Rifkin regagna discrètement le lieu ou son cheval l’attendait, il l’enfourcha et se dirigea à la lueur de la lune vers la cabane du Maure ou une belle blonde l’attendait…

(suite à la Cabane du Maure, en direction de Bruges)

Ils étaient enfin arrivés à la cabane de la petite. Le chemin semblait une éternité. Ils avaient tous avancé en silence et ce fut l'Ecossais qui le rompit lorsqu'ils s'arrêtèrent.

Renoan, je vous confier Cassandre et la petite. Je venir avec vous. Je aller chercher mes affaires.

L'Ecossais grimpa la dune qui séparait la cabane d'Edonice de la sienne. Il les avait construites de ses mains. Un soupire lorsqu'il poussa sa porte. Une nostalgie envahit Caddwallon alors qu'il ramassait ses affaires, il avait vécut tant de choses ici. Une dague à sa ceinture, son baton de marche, un baluchon sur l'épaule. Il était prêt. Sa cabane était vide. Sa vie Dunkerquoise se résumait à si peu de choses... mais les souvenirs eux étaient nombreux. Chacun d'entre eux était un trésor qui resterait gravé au fond de sa mémoire.

Caddwallon referma la porte de sa cabane derrière lui, espérant qu'elle serve à quelqu'un un jour. Le sourire aux lèvres il descendit la dune qui menait à la cabane d'Edonice. Il était heureux de partir avec des gens qu'il appréciait. Il prit le relais auprès de Cassandre afin que le frère de Kaelle puisse aider la petite à rassembler ses affaires et celles de sa mère.

Des flammes là ou aurait du se trouver la cabane d'Edonice. C'était pas possible, ils n'avaient pas pu faire si vite. Un cri s'échappe de la gorge de la pirate.

NNNOOOOOOOOOOOOOOONNNNNNNNNNNNNNNNN !

Sortant l'épée de son fourreau elle talonna sa monture qui partit au galop gravissant une une, en descendant une autre, guidée par les flammes qui montaient. Mais pauvre idiote pourquoi tu les as laissés seuls. Les rennes dans une mains, l'épée haut levée dans l'autre elle arriva vers la cabane d'Edonice. Regardant par la fenêtre qui menait sur la plage, essayant de voir s'il y avait quelqu'un à l'intérieur. Le coeur de la pirate cognait dans ses tempes elle ne distinguait rien.

Le cheval ressentait la nervosité de sa cavalière. Il n'arrivait pas à rester sur place. Il sentait la colère et le désespoir mêlés. Elle tirait sur les rennes comme elle faisait rarement, il ne comprenait plus rien. Partant à gauche quand elle le tirait vers la droite et inversement.

Bran ! tu vas faire le tour oui ! maudite bestiole ! avance !

Mais rien y faisait, la monture renâclait une fois de plus, n'acceptant pas les cris de sa cavalière. Calme toi bon sang, calme toi de toute façon s'ils sont là dedans ça ne changera plus rien. Doucement, la rouquine flatta l'encolure de son cheval alors qu'Henri la rejoignait. Elle lui lança un regard plein d'angoisse alors que son étalon décida enfin de faire le tour de la cabane.

L'épée levée, prête à frapper, la pirate arriva sur une scène qui la fit tomber la pression d'un coup. Ils étaient là, Cassandre assise sur une bille de bois, Caddwallon à ses côtés. La petite Rastignac les yeux plantés dans celui de Renoan.

"J'pense qu'il est temps d'partir maint'nant."

D'un seul mouvement ou presque, ils tournèrent un regard d'incompréhension vers elle.

La pirate respira profondément et rangea son épée. Elle descendit de cheval et se planta devant Renoan et Edonice.

Non de non ! J'ai cru qu'vous étiez là dedans ! Qu'ils étaient rev'nus ! M'avez fait ... une ... belle ... peur.

Ton dur, derniers mots lâchés avec difficulté comme pour ne pas avouer qu'elle tenait à ces gens. Elle tente un sourire crispé. La tension de ces derniers jours avait vraiment été difficile à accepter même pour elle.

C'est oublié... P'tite Rastignac t'as raison. L'est grand temps d'partir.

Le groupe se reforme, la rouquine regarde les deux Dunkerquois s'occuper de Cassandre et de la petite. Elle a vu une lueur dans le regard de l'enfant. Elle connait cette lueur pour avoir eut la même quelques instant auparavant, quand elle croyait la cabane en feu et eux dedans. Elle voulu se mettre en route à son tour quand elle sentit Henri la retenir.

Mo ruin. J’ai quelque chose à te dire. Je sais que pour toi j’ai eu tort de retenir ton bras à la cabane des deux brutes. Mais comprends que je ne ferais jamais couler le sang sans y être vraiment obligé et là on avait le choix, on pouvait s’en aller et les laisser à distance. Il faut que tu comprennes que je ne suis pas et que je ne serais jamais un guerrier, je suis un médecin et je t’arrêterais toujours quand je le pourrais.
Maintenant tu sais aussi que quand j’y suis forcé je peux tuer, tu l’as déjà vu.

La pirate fixe le doc qu'elle à en face d'elle. S'il n'y avait pas les deux premiers mots, ces paroles lui auraient rappelées certaines prononcées lorsqu'elle l'avait forcé à le suivre. Les souvenirs affluent. L'incompréhension dans le regard du médecin face à la pirate sanguinaire qu'il avait devant lui. Ils avaient apprit à se connaitre depuis. Et chaque fois qu'il devait donner la mort elle s'en voulait mais elle ne lui avait jamais dit. Peut-être aurait-elle du parler avant ... avant cette nuit. Ses lèvres s'entrouvrirent mais il reprit la parole.

Je t’aime mo ruin, mais ne me demande pas ce que je ne peux pas donner.

Elle aussi elle l'aimait plus que tout ... jamais elle n'exigerait plus que ce qu'il pourrait lui donner. Un regard vers la petite troupe qui cheminait à travers les rues de la ville. Il était important qu'ils parlent maintenant. Ils retrouveraient le reste du groupe rapidement. La jeune femme laissa un instant fugace place à la pirate et sourit en se tournant vers l'homme qu'elle aimait. Elle attrapa ses mains, et plongeant son regard dans le sien elle posa son front contre celui d'Henri. Fixant intensément les prunelles noisettes qui l'observaient attendant qu'elle réagisse.

Tu es sur cette terre pour guérir et chaque fois que tu dois donner la mort j'ai mal de te voir le faire. Ce n'est pas toi... tu n'es pas fait pour cela. Je ne t'en veux pas. Ce n'est pas après toi que je suis en colère mais après moi. J'ai fait le choix de te suivre quand tu m'as entrainée hors de la cabane. Le choix de blesser plutôt que de tuer. Le choix de ne pas faire demi tour une fois dehors. De suivre ce que le vent m'a soufflé. Le choix d'avancer. Mais j'ai vu dans les yeux de la petite l'instinct meurtrier qui est mien. Chose que je ne souhaite à aucun enfant. C'est cela qui m'a mise en colère parce que d'avoir fait ce choix je nous mets en danger et eux aussi.

Main qui lache celle d'Henri et qui montre le petit groupe qui avance et qui est presque hors de vue.

Par ce choix je leur impose la fuite. Et ... j'ai eu peur ... pour eux quand j'ai vu les flammes. Peur d'avoir fait le mauvais choix.

Les prunelles émeraudes quittent les noisettes un instant.

Contrairement à toi, tuer ne m'a jamais posé problème. Cela fait partie de moi, j'ai grandit là dedans, vécu là dedans et je ne sais vivre autrement. Mais si je t'ai suivi ce soir, si j'ai accepté que tu m'empêches de le faire c'est peut-être parce que donner la mort sans raison ne vaut pas la peine. Même si ce soir il y avait un millier de raisons de les achever. J'ai préféré avancer. Peut être plus pour moi que pour tout le reste. Les laisser en vie sous entendait la fuite et ... je n'avais plus envie de rester ici. J'étouffe dans ces murs. J'ai besoin d'espace ...mais ça tu le sais ... il faut y aller ...

Elle ne croit pas aux quatre dernier mots qu'elle vient de dire, elle aimerait que cet instant ne finisse pas. Elle replonge son regard dans celui d'Henri, regard un peu plus humide qu'il ne devrait l'être mais que la faveur de la nuit dissimule.

C'est peut-être dur à croire mais Jean-jean a été un ami, un compagnon de route sur et fidèle. C'est moi qui l'ai trahit. C'est pour ça aussi que j'ai pas pu le tuer. Moi aussi je t'aime Mo ruin et jamais je ne voudrais faire de toi un autre que tu n'es. Jamais je ne voudrais que tu me donnes plus que ce que tu peux donner. Une main se pose sur le visage d'Henri. Je t'aime toi, Henri, qui au premier regard posé sur moi a fait une brèche dans la carapace que je m'étais faite ... Alors non je ne t'en veux pas pour rien... tu m'as déjà tant donné ... Larme qui roule sur la joue de la pirate, regard qui se détourne. Maintenant j'crois qu'il faut vraiment partir... on ne les voit plus.