Il ne lui avait pas fallut beaucoup de temps, ni pour trouver un emploi, ni pour accomplir sa tâche. Apparemment, les Dunkerquois rechignaient à égorger les cochons. Elle, elle s'en moquait. Avoir du sang sur les mains, elle en avait l'habitude. Elle s'était rincée dans un puits, recueillant ensuite la paye de sa journée. La matinée n'était qu'à peine entamée, la rouquine hésita sur la suite. Rejoindre Henri à la taverne ? C'était plus que tentant. Mais il devait être à la recherche d'un travail.
Cette petite vie tranquille l'étouffait, et même si la présence de Jean-jean l'inquiétait, elle devait bien se l'avouer. La présence du danger si près, palpable la faisait revivre. Elle n'était pas faite pour le bonheur simple d'une villageoise. Sans qu'elle ne le réalise, comme un réflexe, ses pas la menèrent vers la plage. Là où, quelques jours auparavant, elle avait giflé Cassandre. Entretemps, elle avait rencontré sa fille en taverne, le portrait craché de Guillaume. Le même caractère espiègle et sure d'elle en même temps. La force de caractère et la façon de parler des Rastignac.
La rouquine s'assit sur le sable, laissant son regard errer vers l'horizon. L'horizon, sans limite. Elle soupira. Pourquoi restait-elle là ? Parce qu'elle avait sentit le danger et qu'elle ne voulait pas que le colosse s'en prenne à la môme Rastignac. C'était elle qu'elle voulait protéger à présent, pour la ramener vivante à son père.
Guillaume ... où était il ? Avait-il aussi eut le droit à une tombe anonyme comme son frère? Devil... ne pas sombrer. Ne pas penser. L'horizon au loin. Envie de partir, besoin de bouger de s'échapper de cette vie qui l'étouffait.
Le champ en vente ? tant pis, elle avait besoin d'aventure. Où créchait Jean-jean ? Elle le dénicherait. Au loin les cloches de l'église sonnaient. Elle s'étonna, pourtant ce n'était pas dimanche. La rouquine se rappela que la duchesse voulait baptiser sa fille. Pauvre Edonice. Pas simple une mère pareille. La duchesse pouvait être douce, gentille, et tellement ... fausse. Jamais elle ne se serait imaginée qu'elle lui reprochait tout ça tout au long de ces années. Trahison. Le sang de la rouquine bouillait. Elle ne pouvait continuer à vivre ainsi.
La mer. La mer l'appelait à nouveau. Les Flandres n'étaient pas l'endroit rêvé pour garder la pirate sur terre. Elle se sentait attirée par la mer. Elle voulait repartir. Mais repartir c'était fuir, et elle avait un combat qui l'attendait. Sourire ironique sur le visage. Elle connaissait les points forts, mais aussi les faiblesses de Jean-jean. Elle savait à quel moment précis il était ouvert dans un combat, l'instant fatal où il baissait sa garde. Jusqu'à présent sa force brute l'avait protégé, mais la pirate en avait combattu d'autres. Sourire aux lèvres, le gout du sang l'appelait. Trouver Jean-jean où l'attirer sur son terrain de jeu favori la plage? Le destin en déciderait.
Ne rien provoquer patience. Depuis qu'elle avait remit pied sur la terre ferme, c'était sa devise. Patience. Pas cette patience qui mène à l'attente non, cette patience qui mène à l'acceptation. Sa blessure lui avait apprit beaucoup. Une main sur l'épaule. Une question. Qu'est ce qu'ils avaient tous à prendre son épaule pour cible ? Elle se marre intérieurement. Pas le rire clair qu'Henri connait. Un rire ironique, froid, impressionnant pour ceux qui l'entendent, pour ceux qui n'ont pas l'habitude de tant de violence chez une femme.
Patience, le combat viendra au moment prévu par le destin. La patience, elle en avait fait sa tactique sur mer, son alliée sur terre. Patience. Même si aux côtés d'Henri elle exprimait ses peurs, la trahison de Cassandre avait fait renaître la pirate froide et sans scrupule. Patience. Elle l'aurait son combat et n'avait pas le choix. Vaincre ou périr. Elle le savait... elle se préparerait.
La rouquine ferma les yeux, les sens à l'affut de ce qui se passait autour d'elle. L'air iodé remplissait ses poumons. Le ressac. Elle se serait presque ressentie en mer... Elle laissa les souvenirs affluer. Les années passées en mer, avec ceux de sa famille, avec son équipage avec ... Henri... Un sourire doux se dessina sur ses lèvres,ses souvenirs s'apaisaient. Elle passa une main dans ses cheveux, les libérant du foulard noir frappé d'une tête de mort blanche qui les retenaient. Celui là, c'était les hommes de son équipage qui lui avaient offert. Souvenirs. Comme un calme avant la tempête qu'elle ressentait à venir...
Jeu 2 Avr - 0:43