La plage de Dunkerque

Domy11



Elles couraient depuis la maison et en arrivant sur la plage la course les avait toutes deux décoiffé et essoufflé.

La journée finissait doucement et Domy fut ,comme d'habitude éblouie par la beauté du paysage.
Elle ralentit le pas sans qu'Edonice ne proteste...La gamine avait,elle aussi besoin de reprendre son souffle.

La marée était haute et le soleil déjà bas à l'horizon; ses ultimes rayons coloraient les flots d'une couleur sanglante..
Les vagues qui se brisaient sur la grève soulevaient de légers embruns ....

Domy fronça les yeux....
Tout semblait flou là bas....Mais....

Il lui sembla voir une silhouette au bord de l'eau.
Elle s'arrêta et serra la main de la petite fille sans le vouloir vraiment.

Il y avait bien quelqu'un ......Aurait elle cette chance?
Point de fausse joie....Domy garde le silence et entraîne Edo en direction du bord de la plage.

"Viens ma puce....On va passer par le bord pour aller jusque chez toi...
Si on ne trouve pas ta maman de ce côté,on reviendra en ville à la taverne..."

Elle sentait son coeur s'accélérer...Quelque chose lui disait que le dénouement était proche...
Elle pria silencieusement pour que leur quête ne soit pas vaine et s'approcha de la silhouette qui leur tournait le dos.

"Domy11"




Edonice s'était figée et la jeune femme sentait sa main trembler dans la sienne.
Elle aussi avait vu la silhouette au bord de l'eau....

"Est-ce que ... c'est ... elle ?"

Les yeux de la petite la scrutaient, presqu'implorants...

Domy aurait voulu lui dire que "oui c'est elle..Vas y.."
Mais la prudence lui recommandait d'attendre d'être sûre ...
Edonice avait déjà assez souffert pour encore lui infliger quelque déception que ce soit.

"Viens ,allons jusqu'à cette personne là bas...Elle nous dira si elle a vu passer quelqu'un....Ta maman ou les gens qui l'accompagnaient à la taverne..."

Domy passa son bras autours des épaules de la fillette, la protégeant du vent frais en la serrant contre elle à l'abri de sa cape.
Elle reprit sa marche en direction de la grêve et pu voir qu'il s'agissait bien d'une femme assise au bord de l'eau.

Elle semblait complètement perdue dans ses pensées,ses longs cheveux blonds doucement soulevés par le vent marin,les genoux repliés sous elle et sa robe étalée en corolle sur le sable fin.

Les vagues lêchaient déjà le tissu mais elle ne semblait pas s'en rendre compte et elle n'entendit pas les pas qui s'approchaient d'elle.

Ce n'est que lorsque Domy se racla la gorge pour attirer son attention qu'elle leva la tête comme au sortir d'un songe.
Elle sursauta et sembla légèrement gênée de s'être fait surprendre dans cette rêverie mélancolique.

Elle fixa Domy un instant et sembla la reconnaître malgré leur trop brêve rencontre de la veille,puis son regard s'agrandit lorsqu'elle vit Edonice qui la dévisageait en tremblant.

"Domy11"



Elle avait levé la tête vers elles et il fallut un moment à Cassandre pour que la réalité lui apparaisse....

Dans un mouvement spontané,elle tenta de se lever en voyant Edonice qui s'était accrochée encore plus fort à la main de Domy.

"Ma petite Edo..."

"Edo, ma petite fille ... Je t'ai enfin retrouvée ..."

Le choc était trop fort,l'émotion trop grande , et son effort pour se redresser fut vain.
Elle resta à genoux devant sa fille en tendant les bras vers elle....

Domy rejeta alors sa cape en arrière et s'agenouilla devant Cassandre tout en poussant doucement Edonice vers elle:
"Vas Edo....Vas vite....C'est elle.....C'est ta maman..."

Elle ne put rien ajouter de plus ,l'émotion lui serrait la gorge et c'est dans un brouillard de larmes qu'elle regarda la fille et la mère tomber dans les bras l'une de l'autre.

Elle resta à genoux,figée dans l'élan qui avait poussé Edonice vers Cassandre consciente d'avoir la chance et le privilège d'assister à une scène dont elle n'oublierais jamais l'intensité.[/quote]

Domy


"Mici. Jamais j'n'oublierai c'qu'tu viens d'faire. Grâce à toi j'ai maman."

A travers ses larmes Domy vit la fillette quitter l'étreinte de sa mère pour se tourner vers elle et la remercier.
La jeune femme essuya d'un revers de main ses yeux embués ...

Elle sentit une grande vague de bonheur l'envahir et un sourire éclatant vint éclairer son visage.

Avoir pu être, quelque part, responsable de la joie de ces retrouvailles la rendait si heureuse qu'elle ne trouvait rien à répondre et le seul réflexe qu'elle eut fut de hocher la tête en les regardant.
Elle se releva lentement...
Referma sa cape sur sa poitrine et rabattit sa capuche....

"Je vous laisse" finit-elle par articuler d'une voix enrouée par l'émotion.
"Vous avez mille choses à vous raconter ..."

"Passez à la maison quand vous voudrez,mon époux sera heureux de vous voir je pense"ajouta-t-elle à Cassandre.

"Et toi ma puce n'oublie pas de venir choisir le bébé loup que tu voudras!!"

La jeune femme les contempla une dernière fois et repartit vers la ville d'un pas serein.
C'est en arrivant au bas des dunes qu'elle sentit pour la première fois un frémissement en elle....
Domy s'arrêta, posa sa main sur son ventre et écouta ce que son corps lui disait....

Son sourire s'agrandit encore et elle repartit en courant presque ...

Vite il fallait que fabrizio le sache.....

Cassandre serrait encore sa fille contre elle quand elle entendit vaguement Domy prendre congé :

"Passez à la maison quand vous voudrez, mon époux sera heureux de vous voir je pense."

"Je n'y manquerai pas ..."

Déjà Domy s'éloignait et Cassandre sentait le froid de la nuit tomber sur la mère et la fille. Lentement avec ces gestes maternelles qu'elle pensait avoir oublié, elle redressa sa fille et lui dit d'une voix douce :

"Ma chérie, il se fait tard. Le soleil est déjà couché sur l'horizon. Peut-être devrions-nous rendre dans ta cabane toute proche."

La jeune femme sourit à sa fille en l'aidant à se remettre de bout. Cette fois, Cassandre parvint à se relever et tendit spontanément sa main à sa fille qui la prit, y glissant avec bonheur ses petits doigts froids.

"Vois-tu Edonice, cette cabane est étonnante. J'y suis passée tout à l'heure, et elle ressemble étrangement à ma cabane lorsque j'habitais à La Teste de Buch. C'est dans cette masure, je crois que je suis tombée amoureuse de ton père. Ou du moins que je me le suis avouée."

Cassandre trouvait quelque chose de rassurant à parler à sa fille de son passé avec Guillaume. Plus elle regardait Edonice et plus elle se rendait compte qu'elle ne connaissait plus son enfant. Elle avait perdu une petite fille et elle retrouvait une enfant responsable et autonome qui avançait seule dans la vie. Et à ce qu'elle avait vu, qui avançait même bien.



(suite dans la cabane d'Edonice)

Des pas dans son dos, elle était sur ses gardes, mais elle reconnu Henri et s'arrêta. Malgré sa présence, le baiser, elle n'arrivait pas à se détendre. Jean-jean... il était là.

Qu'y a-t-il mo ruin, tu es partie comme si tu avais vu un fantome. Ce sont ces hommes dans la taverne ? Tu les connais ?

Elle secoua la tête, elle n'avait vu personne que lui, mais apparemment, elle avait été vue. Elle sentit son corps se tendre comme une corde d'arbalète.

J'ai pas vu... entendre son rire m'a suffit. Et je suis certaine de ne pas m'être trompé. Je suis en danger... La n... Cassandre est en danger. Il avait juré sa perte quand elle et Guillaume sont partis en mer, il s'est sentit abandonné. Je suis en danger, je l'ai abandonné de la même manière. Il est temps que je te raconte.

La rouquine entraina Henri vers une anfractuosité qu'elle avait découverte dans la roche qui surplombait la crique. Abris dérisoire, mais abri tout de meme, elle s'assit sur un rocher, tirant la main de son amant pour qu'il fasse de même.

Dans la taverne, il devait y avoir un colosse, en général, il ne se déplace pas sans sa hache ni ses deux épées. Grand, fort, grivois, pas très futé et surtout redoutable guerrier. C'est avec lui que j'ai quitté la Guyenne. Cet homme c'est Jean-jean. Je t'avais parlé de lui. A cette époque là, j'étais beaucoup plus jeune, moins expérimentée. C'est lui qui a parfait mes techniques de combat. Derrière sa carcasse de rude mercenaire, se cache un coeur d'or pour ceux à qui il fait confiance.

Elle se tut un instant, des souvenirs revenaient en mémoire... quand il l'a porté à demi consciente dans la grange de Cassandre ... leur départ de Guyenne... les longues chevauchées...

Quand j'ai quitté la Guyenne, il a décidé de me suivre. Ca m'arrangeait, avec lui à mes côtés je ne risquait absolument rien. Mais l'appel de la mer s'est fait plus fort que cette étrange amitié. Il a du prendre cela pour une trahison. On a ça en commun lui et moi, on peut tout supporter des gens qu'on aime, tout sauf la trahison. C'est pour cela que ne suis pas entrée. Je sais que l'affrontement est inéluctable. Mais pas en taverne. Je veux pas fuir. Il saura tôt ou tard que je suis là. Et il me retrouvera. J'ai fuit les ... meurtriers de mes frères, lui je l'affronterai.

Pourquoi s'était elle retenue une fois de plus ? elle était presque arrivée à tout dire... un détail restait coincé au fond de sa gorge... Un sourire narquois se dessina sur son visage lorsqu'elle se rappela l'attaque d'un navire transportant des troupes anglaises à destination de l'Irlande. Elle avait reconnu un des meurtriers. Il avait payé...

Edonice.

La petite fille courait dans les rues de Dunkerque sentant les larmes de rage couler le long de ses joues. Elle s'était retournée et avait vu que Cassandre ne lui courait pas après mais frappait à la porte de ses amis.

Edonice comprenait que sa mère ne serait pas facile à manipuler malgré sa douceur elle était aussi têtue que Félina.

L'enfant arriva sur la plage le coeur gros. Elle avait accepté ce baptême, savait qu'elle allait devoir quitter ses amis pour tenter de retrouver son père dans le Sud du Royaume, et sa mère ne semblait intéressée que par ses bonnes manières. Enfin ses mauvaises.

Edonice s'assit rageusement dans le sable au bord de l'eau, la moue boudeuse, ses joues entre ses mains, les coudes sur les genoux.

Mo ruin, si tu dois l'affronter je serais là, je ne te laisserai t'en prendre à lui seule, cet homme est dangereux même pour une guerrière comme toi. Laisse-moi t'aider, j't'en prie.

Elle se tut un instant, partagée entre l'envie de lui demander de l'aide et celle de le laisser à l'écart. Il s'agissait d'un des fantomes de son passé et ... elle ne voulait surtout pas qu'il arrive quelque chose à Henri. Elle soupira.

Je sais pas quand ni où ça aura lieu mais ... enfin on verra. J'veux pas qu'il t'arrive quelque chose. Tous ceux qui m'approchent prennent des risques et ... si on y allait ?

Elle savait que ça ne servait à rien. Que cet affrontement aurait lieu un jour où l'autre. Il lui suffisait de rester sur ses gardes pour qu'Henri soit à l'abri. Elle se releva, attrapa la main d'Henri et l'attira vers elle. Après un baiser appuyé, elle l'entraina vers le haut de la dune. Personne en vue, pas de colosse surtout. Là elle ne se sentait pas prête, elle avaait besoin d'une bonne nuit de sommeil.

Si on rentrait à la taverne ? Je crois que je commence à m'habituer au confort... va plus falloir trainer longtemps par ici... De toute façon, on a fini ce qu'on avait à y faire. La duchesse va surement retrouver des gens de son monde ici. Elle n'a plus besoin de nous.

Elle regarda Henri grimper sur son cheval et grimpa derrière lui, passant ses bras autour de sa taille, elle caressa ses cuisses puis s'arrêta.

Hum si on veut rentrer je m'arrête là ... en route.

La rouquine se tut, elle connaissait Jean-jean, la taverne du camérier était trop bien famée pour lui. Il passait ses nuits dans des bordels ou dans la nature.

(suite à la taverne du camérier)

Caddwallon



L'Ecossais avait veillé sur l'enfant tout ce temps, la petite semblait avoir enfin retrouvé sa mère, et il avait relaché sa vigilance. Il l'avait vu grandir. Et plus le temps passait, plus sa surveillance se faisait discrète. Il avait été soulagé le jour où Domy avait emmené la fillette vers une femme blonde. Sa mère ... il ne connaitrait jamais les joies de la vie de famille. Il vivait seul, ça lui évitait de souffrir.


Ce jour là, alors qu'il revenait de sa journée de pêche, l'Ecossais vit l'enfant débouler sur la plage et se jeter dans le sable. Aussi, sa nasse sous le bras, il s'approcha et s'assit à côté de la fillette.

Bonjour grande fille. Toi avoir l'air triste.

Il avait fait exprès de faire une faute, peut être le reprendrait-elle, ai moins il espérait la faire rire. La fillette lui avait apprit à parler français aussi correctement qu'elle en échange de la construction de sa maison. Il n'avait rien voulu, mais elle avait insisté.
_________________________

Edonice

Malgré sa tristesse, la petite fille sourit à l'Ecossais. Il avait toujours veillé sur elle et Edonice savait qu'il était un ami sincère et sur lequel elle pouvait compter.

"On dit tu as l'aire triste."

La petite fille se mordit la lèvre.

"Dis comme tu veux ou j'vais pas tarder à res'bler à ma mère. Elle corrige tout c'que j'fais comme si j'étais un bébé."

Edonice jeta rageusement le sable qu'elle avait entre ses mains.

"Ca fait preque 3 ans qu'j'veux ma maman. Et maint'nant qu'j'l'ai... J'sais plus."

L'Ecossais comprit la bourde qu'il avait faite mais ne releva pas. Il adorait l'enfant, et à présent son départ était proche.

Petite Edonice a bien grandit. Ta maman se rappeler de toi comme quand tu l'as quittée. Toi avoir changer. Cela être difficile pour les parents de voir les enfants grandir. Et vous avez été séparées longtemps.

L'Ecossais passa un bras autour des épaules de l'enfant.

Courage grande fille. Il faut être patiente. Je aimer quand tu me corriges tu avoir apprit beaucoup à moi. Mais moi pas bon élève.

___________________

L'Ecossais sourit lorsque l'enfant posa sa tête sur son épaule. Il espérait avoir trouvé les mots pour la réconforter. La mère et la fille devaient apprendre à se connaitre. Il l'écouta parler de sa mère dont la fillette était le portrait craché.

Cela être normal si ta maman être comme toi. Je suis certain qu'avec le temps, vous vous connaitre et vous aimer de nouveau comme avant.

Il voulu lui demander où était son père mais n'osa pas. Il ne voulait pas blesser la fillette.

Toi rester ici avec ta maman ? Tu manquer à moi si tu pars.

L'Ecossais fouilla dans sa besace et sortit un joli poisson qu'il tendit à l'enfant. Il lui fallait changer de sujet, la fillette avait retrouvé sa mère c'était le plus important.

Si tu veux pour ce soir.


____________________

L'Ecossais avait vu les larmes perler au bord des paupières de la fillette. Depuis maintenant troi... oui ça devait faire ça, Edonice avait vécut tant de choses qu'elle avait grandit trop vite, mais elle restait le rayon de soleil de nombre d'habitants à Dunkerque et il serait difficile pour eux de la laisser partir.

Ainsi, elle allait retourner sur les routes pour retrouver son père. Il sourit lorsqu'elle l'invita, c'était comme si l'enfant avait peur de se retrouver en tête à tête avec sa mère. Elle reprenait déjà le chemin de sa cabane, il la regarda s'éloigner. Il remarqua un homme non loin, perdu dans la contemplation de la mer.

Je venir avec plaisir. Lança-t-il au vent, l'enfant était déjà loin. Mais une invitation de la petite ne se refusait pas. Il trouverait bien quelque chose à apporter. L'Ecossais se releva, frotta le sable accumulé sur ses vêtements et grimpa la dune qui menait chez lui.

Il poussa la porte de sa cabane, déposa sa nappe et voulu prendre la miche de pain sur sa table. Il s'étonna de ne pas l'y trouver. Il haussa les épaules, après tout, il avait peut être oublié de l'acheter. Un regard pas la fenêtre vers la cabane d'Edonice ,il sourit. Il eut une autre idée, si la fillette devait partir en voyage, il lui faudrait une besace solide. Et cela ferait un joli souvenir de lui. Elle allait vraiment lui manquer.

A grandes enjambées, l'Ecossais descendit vers le village à la recherche d'une besace...

_________________________

Rifkin



Rifkin en avait assez vu…il savait désormais ou trouver la petite, il était temps pour lui de retrouver Jean-Jean qui devait sérieusement s’impatienter…lui-même avait besoin d’un peu plus d’action…ca le démangeait de plus en plus….bientôt, il ne pourrait plus se contrôler et se jetterais sur la première qui passe…il laissa passer quelques instants…puis pris la direction des tombes…