Sur une plage

Admin Messages : 587 Date d'inscription : 30/01/2008

Cassandre n'eut pas le temps de répondre aux excuses d'Enored. Elle lui expliquerait, ce soir au coin du feu, qu'elle ne la tenait pas pour responsable de ces pertes. Aristote l'avait voulu ainsi. La vie de l'ancienne nonne n'avait jamais été sereine et droite et la jeune femme s'était toujours battue contre sondestin. Il fallait croire que les années passant, sa vie n'était guère différente.

Malgré ses jupes, elle passa une jambe par dessus la rembarde, s'accrocha à la corde et descendit comme elle pouvait. Malgrè 5 années en mer, elle demeurait plus une Dame qu'un aventurière, mais elle avait l'habitude que son caractère prenne le pas sur ses compétences.

Elle ne descendit pas aussi gracieusement que la rouquine et finit les fesses dans le sable, mais elle était entière, sur le sable, en s'étant débrouillée elle-même. On ne se changeait pas.

Cassandre fit mine de ne pas trop voir ce que la pirate venait de faire et se pencha pour reprendre une dague, sa dague, celle que Guillaume lui avait offerte pour la naissance de leur fille. Cette lame, s'était pour l'heure ce qu'elle avait d eplus précieux, l'union d'une famille éparpillée.

La jeune fmme marcha vers Enored en attendant qu'Henri ne les rejoigne et lui demanda à voix basse.

"J'ai un peu d'or avec moi."

Cassandre avait toute confiance en la pirate et ne l'imaginait pas l'égorgeant pour récupérer son argent.

"Il faut trouver une ville au plus vite, puis acheter un chariot avec des chevaux."

Elle savait que des chevaux seuls auraient été plus rapides, mais Cassandre doutait de pouvoir faire une longue chevauchée, non à cause de ses blessures mais en raison de son inexpérience.

Mercenaire Messages : 64 Date d'inscription : 10/09/2008

Henri prit le temps de faire un inventaire rapide de sa sacoche. Il avait ce qu'il fallait pour parer aux urgences.

Il récupéra sa veste, prit deux couvertures légères dans la cabine, qu'il roula et lia solidement, deux gourdes pleines d'eau. Il avait une épée et une dague, seules armes qu'il savait manier, il était prêt.

Il mit sur son dos son paquetage essayant de ne pas trop appuyer sur ses cotes douloureuses, enjamba le bastingage, et se laissa glisser le long du cordage.

Il rejoignit les deux jeunes femmes.

On peut y aller, si vous êtes prêtes.

Mercenaire Messages : 542 Date d'inscription : 25/08/2008

"J'ai un peu d'or avec moi."

La rouquine tourna enfin le regard vers Cassandre qu'elle avait entendu approcher et lui adressa un sourire franc. La marque de confiance qu'elle venait de lui faire la touchait vraiment.

"Il faut trouver une ville au plus vite, puis acheter un chariot avec des chevaux."

La jeune femme hocha la tête. Cassandre avait raison.

Ce sera plus ... sage pour nous trois. Pour le moment je tiendrai pas longtemps à cheval, Henri non plus. Et ... je crois que vous n'aimez pas ça.

Elle fit un clin d'oeil à l'ancienne duchesse.

Mieux vaut que l'on se repose sur un chariot. On ne sait pas ce qui nous attend.

Un soupire lui arracha une grimace de douleur. Il lui fallait être raisonnable. Elle détourna le regard vers le bateau, ne voulant pas montrer à Cassandre qu'elle souffrait. Au loin, Henri approchait, chargé des choses indispensables auxquelles elle n'aurait jamais pensé.

On peut y aller, si vous êtes prêtes.

Un dernier regard vers les fourrés, pas de mouvement, pas de signe de Guillaume.

Ils sont venus de là ! elle désigna un point devant eux. On peut penser que le village le plus proche est par là.

La jeune femme regarda la plage qui montait en pente douce et grimaça. La montée allait être difficile. Même si la douleur était devenue plus supportable, elle respirait plus difficilement qu'à l'accoutumée. Arriver là haut ne serait pas simple pour elle.

On est prête. Il faut faire vite ! il faut retrouver l'enfant.

Admin Messages : 587 Date d'inscription : 30/01/2008

Henri et Enored étaient prêts. Ils allaient abondonner Guillaume et Cassandre était à l'origine de ce sacrifice. Une pensée pour l'homme qu'elle aimait lui serra le coeur. Et s'il était en danger de mort ? Et s'il ne lui pardonnait pas ?

L'ancienne nonne soupira et s'aprêtait à se mettre en route lorsqu'elle réalisa qu'elle était la moins blessée des trois. Elle doutait qu'Henri, en homme, n'accepterait pas son aide. La pirate non plus, mais pour une fois elle pouvait lui imposer physiquement sa volonté.

Cassandre se rapprocha de la rouquine, lui passa un bras sous la taille et lui annona d'une voix douce :

"Je vais vous aider à gravir cette pente."

L'ancienne Duchesse avait appris assez de diplomatie pour savoir que l'ancienne pirate allait refuser quand elle poursuivit :

"La situation de ma fille ne peut souffrir que nous perdions inutilement du temps. Appuyez-vous sur moi, nous montons."

Cassandre assura un peu plus sa prise autour d'Enored en veillant à ne pas lui faire de mal. Elle jeta un regard par dessus son épaule afin de s'assurer qu'Henri suivait et commença à remonter lentement la plage, aidant d'un bras la pirate tenant de son autre main sa longue jupe guère pratqiue dans cette ascention.

Mercenaire Messages : 64 Date d'inscription : 10/09/2008

Henri regardait la pente avec appréhension, il ne pouvait respirer profondément et aider Enored lui semblait difficile. Pourtant il allait se proposer, lorsque Cassandre le devança et il en fut bien soulagé.

Il suivit les deux femmes qui commençaient à monter la pente, non sans jeter un oeil régulièrement vers les fourrés. Peut-être qu'en prenant de la hauteur il pourrait apercevoir quelque chose, ou plutot quelqu'un.

Guillaume était pour sur un homme qui avait survécu à de nombreuses épreuves, l'doc s'en doutait bien, mais pourquoi donc ne le voyait-on toujours pas ?

Il fallait pourtant bien avancer pour la petite, Guillaume aurait surement été d'accord.

Mercenaire Messages : 542 Date d'inscription : 25/08/2008

Le regard fixé en haut de la pente, Enored savait qu'il fallait avancer, avancer pour l'enfant. Elle allait se mettre en route lorsque Cassandre passa un bras autour de sa taille. La jeune femme se tendit, voulu la repousser, mais la détermination de l'ancienne duchesse la fit fléchir. La pirate savait qu'elle ne pourrait monter seule. Mais demander de l'aide à Henri, blessé lui aussi...

La jeune femme regarda Cassandre un instant et calqua son pas dans le sien. Elle admirait cette femme, qui malgré tout ce qu'elle avait subit savait pardonner, accorder sa confiance aux autres.

Derrières elles, Henri suivait, elle l'entendait. L'ascension, facilité par l'aide de Cassandre fut douloureuse pour la pirate. Sa respiration était perturbée par la blessure. Et si le doc ne lui avait pas tout dit à propos de sa blessure. Elle se ravisa, il ne lui avait rien dit... D'habitude, il lui expliquait que ça passerait vite, il la savait impatiente lorsqu'elle était blessée. Là rien... Ce qu'elle ressentait était suffisant pour comprendre que cette fois ci ça ne passerait pas comme ça. Mais il fallait récupérer l'enfant et vite.

Arrivés en haut de la pente sablonneuse, elle s'arrêta un moment, reprenant son souffle elle murmura à Cassandre.

Merci, sans vous ... je ne sais comment je serai montée.

Respirant enfin tranquillement, la rouquine regarda le paysage autour d'elle. De la lande à perte de vue et un chemin qui en croisait un autre. Elle sourit. Ils étaient en Guyenne

Ca ne vous rappelle rien ? Je suis certaine qu'on est sur les cotes de Guyenne. J'ai passé des jours entier à chevaucher par ici lorsque nous étions à la Teste. C'est ... là que je disparaissait quand vous étiez tavernière et ... si je ne me trompe pas, la Teste est par là !

Elle désigna un des embranchements du chemin qui s'enfonçait dans une forêt.

La dune du Pilat doit être par là ... plus au sud. Je ne sais à combien de temps on est mais on y est.

Henri les avait rejoint, sa respiration avait reprit un rythme normal, il ne disait rien mais la rouquine sentait bien qu'il n'était pas dans ses meilleurs jours non plus. Il fallait trouver un chariot et vite.

En route !

D'un pas sur, la jeune femme prit le chemin qu'elle avait désigné.

Mercenaire Messages : 64 Date d'inscription : 10/09/2008

Enfin arrivé en haut de la pente, Henri découvrit un paysage totalement inconnu pour lui qui venait du nord de la Loire.

La lumière lui semblait différente, les odeurs que lui apportait le vent étaient presque sucrées.

La Teste, la Guyenne, Enored semblait sure de son fait. Il la connaissait assez maintenant pour savoir que lorsqu'elle déclarait quelque chose, c'était vrai.

Enored avait repris la marche. Il accéléra le pas pour se retrouver à sa hauteur. Il s'approcha d'elle, la prit lentement par son épaule valide pour qu'elle se retourne, le regard rivé sur l'endroit de sa blessure.

Le médecin avait pris le pas sur l'homme, il dégagea le décolleté du corsage de la jeune femme et constata les dégats qu'un tel effort avait déclenchés. Le linge était rouge, la plaie ne se refermerait pas de si tot de cette manière.

Ecoute Eno, ta blessure n'est pas une simple estafilade, c'est profond. Si tu continues à ce rythme, tu mettras un temps fou à guérir. Il te faut te reposer, t'arrêter. On va au village et on trouve vite un chariot.

Son ton avait été ferme, professionnel, sans aucun accent de tendresse.
Il savait qu'il devait être dur avec la jeune femme pour qu'elle l'écoute un peu.

Mercenaire Messages : 542 Date d'inscription : 25/08/2008

La main ferme posée sur son épaule fit tressaillir la rouquine. Henri la forçait à s'arrêter, à se retourner. Elle n'avait ni la force ni l'envie de se retourner. Le regard du doc sur sa blessure la dissuada de réagir, elle le laissa l'examiner.

Ecoute Eno, ta blessure n'est pas une simple estafilade, c'est profond. Si tu continues à ce rythme, tu mettras un temps fou à guérir. Il te faut te reposer, t'arrêter. On va au village et on trouve vite un chariot.

Il avait eut la même réaction que Cassandre. Elle ferma les yeux un instant. Elle était consciente de la gravité de la blessure et s'en moquait. Le ton du doc était ferme, sans appel. Enored rouvrit les yeux, cherchant le regard d'Henri qu'elle ne croisa pas. Il était rivé sur la tache rouge de son bandage, elle détourna les yeux vers la forêt, elle savait que la Teste n'était pas loin, elle connaissait bien ce coin. Fermement elle se dégagea et referma le lacet de son corsage. Elle n'aimait pas qu'on mette le doigt sur ses faiblesses.

On a prévu ça avec Cassandre. On est vraiment pas loin. Fais moi confiance !

Sa voix était tendue et elle avait haussé le ton. Elle regretta ce qu'elle venait de dire, mais reprenait déjà sa marche. Quelques pas plus loin, elle rajouta dans un murmure.

Je me reposerai une fois là bas... promis ...

La pirate savait que si elle s'arrêterait là tout de suite, elle n'aurait pas la force de poursuivre jusqu'au village, ils ne devaient être qu'à quelques lieues. Arrivée à l'orée de la forêt, elle fouilla les sous bois du regard et trouva rapidement ce qu'elle cherchait. Elle s'y engagea, ramassa une branche de noisetier, testa sa solidité et abandonna l'arbalète, bien trop lourde pour elle dans son état. Appuyée sur son bâton, elle se remit en route. Dans ses souvenirs, le chemin dans la forêt n'était pas bien long et ils seraient à la Teste avant la fin de la journée. Elle laissa un silence pesant tomber sur leur petit groupe, bien décidée à ne pas parler en premier.

Admin Messages : 587 Date d'inscription : 30/01/2008

Cassandre avait aidé Enored à gravir la dune et comme la pirate lui indiquait la bonne direction, elle semblait bien reconnaître l'endroit. Elle la connaissait sa Guyenne pour l'avoir parcouru pendant la guerre qu'elle avait dû mener contre les envahisseurs.

Il allait leur falloir longer la côte puis les bois où Guillaume avait installer leur camp quand ils étaient arrivés ici 6 ans plus tôt. Les souvenirs revenaient en mémoire de celle qui n'était alors qu'une nonne enlevée afin de venger une catin.

La route paraissait ainsi moins longue à Cassandre qui se taisait; Se concentrant sur ses souvenirs pour ne pas penser aux douleurs. Son corps la faisait souffrir mais elle en avait l'habitude et savait ne pas l'écouter. Mais son coeur ...

Elle avait été obligé d'abandonner celui qu'elle aimait pour tenter de sauver leur fille. Elle était seule et elle avait un peu l'impression de les avoir perdus tous les deux. Les larmes montaient à ses yeux mais elle savait qu'elle devait taire sa sensibilté si elle voulait pouvoir les sauver tous deux.

L'Ancienne duchesse était ailleurs et n'aurait pas remarqué qu'ils étaient déjà dans les bois si Enored ne s'était arrêtée pour prendre un bâton. Cassandre revint sur terre.

"Je crois, Dame Enored, qu'il nous reste encore quelques lieux dont la dune à passer. Je ne sais si vous en aurez la force. La nuit tombe, nous devrions peut être nous arrêter cette nuit."

Cassandre plissait les yeux en direction de La Teste, cette ville qu'elle avait tant aimé et qui le lui avait bien rendu.

"En ville je dois bien avoir encore quelques amis comme Choubard ou le sergent. Ils nous aideront à nous procurer tout ce qu'il nous faut et nous pourrons repartir le jour même."

Mercenaire Messages : 542 Date d'inscription : 25/08/2008

La rouquine marchait, ruminant colère et rancoeur. Colère contre Henri qui avait mit le doigt sur une de ses faiblesses, rancoeur contre elle même d'avoir réagit ainsi.

"Je crois, Dame Enored, qu'il nous reste encore quelques lieux dont la dune à passer. Je ne sais si vous en aurez la force. La nuit tombe, nous devrions peut être nous arrêter cette nuit."

La jeune femme resserra la main sur son baton. Sans cela elle aurait sans doute frappé Cassandre. L'ancienne duchesse n'y était pour rien mais... à son tour elle lui montrait sa faiblesse. Elle savait qu'ils avaient raison tous deux mais ne pouvait se résoudre à les écouter. Elle avait bien sentit la tâche humide s'agrandir, mais voulait continuer à avancer. Elle haussa les épaules. Le geste arracha une grimace de douleur, elle sentit le sang couler un peu plus. Ils avaient raison tous deux.

La pirate suspendit sa marche et jeta un regard alentour.

"En ville je dois bien avoir encore quelques amis comme Choubard ou le sergent. Ils nous aideront à nous procurer tout ce qu'il nous faut et nous pourrons repartir le jour même."

Voilà que Cassandre insistait, mais avec tant de douceur et de fermeté dans la voix qu'elle du se résoudre à l'écouter. Le regard planté sur la clairière qu'elle avait débusqué Enored s'avança à travers les buissons, ne se retournant pas vers ses compagnons de route elle lança :

On s'ra bien là.

Dans la clairière, elle trouva ce qu'elle cherchait : un grand chêne. Elle s'y adossa et se lassa glisser doucement au sol. Une fois assise, elle posa sa tête contre le tronc et ferma les yeux. La douleur à l'épaule s'atténua un peu enfin. Elle sentait son visage reprendre des couleurs. Pour la première fois depuis l'attaque du bateau elle regrette ne pas avoir fait face à la mutinerie. Les pirates sans coeur et sans âme ne la poussaient pas ainsi dans ses retranchements. Trop de choses l'avaient bouleversée d'un coup, doucement, la pirate laissait place à la jeune femme, réouvrant des blessures bien plus douloureuse que celle infligée par l'arbalète. Des pas, des craquements dans les buissons. Cassandre et Henri approchaient. Une question lancinante lui tarrodait l'esprit. Guillaume... où est tu ?

Mercenaire Messages : 64 Date d'inscription : 10/09/2008

Henri était resté à distance d'Enored, il savait à son attitude qu'il avait énervé la jeune femme, et pensait qu'il valait mieux que la tension redescende d'elle-même.
Ainsi il ramassa l'arbalète discrètement, une arme était précieuse en ces temps difficiles.

Il vit avec une certaine joie que les paroles de Cassandre avait frappé juste, l'armure d'Enored craquait sous le poids de la raison, il était temps.

Il la vit s'adosser au grand chêne et glisser doucement. Il dut se retenir de ne pas courir vers elle, pour la soutenir, la prendre dans ses bras, l'aider tout simplement. Le caractère entier de la jeune pirate le tenait à distance. Il fallait la laisser faire pour qu'elle se plie seule à la raison.

Il ne se hata donc point pour la rejoindre, mais arrivé à proximité, il s'agenouilla, se débarassa de son paquetage et en l'appelant doucement lui prit la main.

Eno, je dois changer ton pansement.

Rester professionnel, ne pas s'apitoyer, l'doc prenait sur lui, mais avec de pareils caractères, il fallait savoir s'adapter.

Sans lui laisser le temps de protester, il prépara son matériel : bandage, ciseaux, compresse, ainsi qu'un emplatre pour stopper plus vite le sang. Il n'aimait pas trop utiliser les emplatres, car les plaies ne "respiraient" pas assez et la cicatrisation n'en était que plus retardée, mais parfois la nature ne laissait pas le choix.

Il leva la tête et observa la jeune femme, si pale, les cernes marquaient son visage, mais si belle, il la laissa souffler un instant, attendant qu'elle lui dise qu'elle était prête.

Mercenaire Messages : 542 Date d'inscription : 25/08/2008

La tête posée contre le tronc elle tente de reprendre doucement ses esprits. Elle n'a qu'une envie, céder au sommeil qui ne demande qu'à l'emporter. Mais elle sait que c'est pas le moment, pas avant qu'Henri ne s'occupe d'elle. Dormir maintenant c'était perdre conscience.

Adossée au tronc de l'arbre elle a l'impression de le sentir palpiter, sentir la sève bouger sous l'écorce, la terre palpiter sous ses jambes. Elle adorait la mer plus que tout, mais la forêt l'intriguait, elle avait l'impression que ... quand elle prenait le temps de s'arrêter elle pouvait entendre la forêt vivre au rythme du vent.

Tout à l'écoute, elle perçut les pas du doc approcher. Il s'agenouilla et prit sa main. Elle avait retrouvé son calme et laissa sa main dans la sienne.

Eno, je dois changer ton pansement.

La jeune femme entrouvrit la bouche, aurait voulu dire oui, mais aucun mot ne franchit la barrière de ses lèvres. Déjà il lui lachait la main pour préparer ses affaires. Ils seraient mieux ici pour qu'il s'occupe d'elle.

Sa respiration était moins douloureuse, là assise, elle sentait qu'il l'observait attendant un geste de sa part. Il savait attendre qu'elle s'apaise pour l'approcher. Un léger sourire se dessina sur son visage. Sans ouvrir les yeux, elle chercha la main d'Henri. Elle la trouva non loin d'elle. Elle glissa ses doigts sur les siens et les serra un long moment. Elle avait l'impression d'avoir repris un peu de force et fut tentée de céder au sommeil qui voulait l'accaparer. Elle n'avait pas peur cette fois, Henri était là à côté d'elle.

Eno, je dois changer ton pansement.

Sa phrase raisonnait dans sa tête. Le doc tentait de reprendre le dessus et pourtant. Elle savait que dans le regard qu'il posait sur elle à cet instant là il avait plus que celui d'un simple médecin pour sa patiente.

Doucement, sans ouvrir les yeux, elle hocha la tête. Elle était prête. Elle lacha la main d'Henri pour la poser sur la mousse fraiche juste à côté de sa cuisse. Elle n'avait pas le courage d'ouvrir les yeux, elle savait qu'alors elle serait incapable de retenir les sanglots qui lui nouaient la gorges. Elle sentait les larmes au bord de ses paupières, larmes de douleur, d'épuisement. Elle réalisa à ce moment là qu'elle ne connaissait pas ses limites, où ne voulait pas les reconnaitre. Henri et Cassandre avaient eut raison de lui imposer de s'arrêter.

Les yeux clos, Enored attendait autant qu'elle redoutait les soins qu'allait lui prodiguer Henri. Elle attendait d'être soulagée, redoutait d'être touchée... un jour il faudrait qu'elle lui parle...

Mercenaire Messages : 64 Date d'inscription : 10/09/2008

Alors qu'il attendait un signe, Henri sentit la main d'Enored prendre la sienne. Dieur qu'il était difficile de se détacher ! Pourtant il le devait. Il serra doucement les doigts fins de la jeune femme. Elle s'accrochait à lui, comme à un rocher.

Lorsqu'elle lui fit signe qu'elle était prête, c'est lui qui dut prendre sur lui pour détacher Enored de la blessée dont il devait s'occuper.

Il concentra toute son attention sur la plaie. Ouvrir une chemise et non un corsage, défaire le pansement, doucement, mais pas trop lentement, ne pas hésiter et surtout ne pas regarder le visage d'Enored. Ne pas voir la souffrance pour la soulager plus vite.

La plaie était saine, tant qu'elle saignait elle ne risquait pas l'infection, lorsque l'emplatre sera en place, la surveillance devra être accrue.

Le pansement enfin refait, le bandage serré pour qu'elle puisse bouger sans trop de peine, l'doc pouvait souffler, la regarder enfin, voir les gouttes de sueur perler à son front. Elle était forte, il l'avait vu depuis longtemps, c'était une trompe-la-mort comme on disait sur les champs de bataille. De ceux qui se relèvent toujours, cabossés mais vivants.
Il lui reprend la main, la décrispe un peu et la garde dans la sienne.

Tu peux te reposer un peu maintenant. Pour le moment tout va bien.

Il hésite, puis lui dit plus bas comme s'il ne voulait pas qu'elle l'entende :

J'espère que je ne t'ai pas fait trop mal.

En même temps qu'il les dit, il regrette déjà ses paroles. Il est sur qu'elle va penser qu'il s'appitoie, alors qu'il l'aime tout simplement et que la voir souffrir lui déchire le coeur.

Mercenaire Messages : 542 Date d'inscription : 25/08/2008

Quand Henri retira sa main, elle sut qu'il allait commencer. Elle sera les poings, ne pas gémir, ne rien dire qu'il finisse vite. Enored frissonna quand il défit son corsage. Penser que c'est Henri, pas un autre, le doc, il est là pour la soigner.

Quand il défit le bandage, elle sera les poings, sa mâchoire se crispa un peu plus. Elle sentit la sueur couler le long de ses tempes. Une fois les bandages refaits, elle respira mieux. Mais la douleur avait été tellement intense, qu'elle était incapable de se détendre.

A nouveau Henri lui prenait la main, défaisant ses doigts crispés. Elle soupira doucement. Ce simple contact lui fit du bien. Tout était fini.

Tu peux te reposer un peu maintenant. Pour le moment tout va bien.

Son visage se décrispa. Elle tenta un faible sourire. La douleur s'apaisait doucement. Plus elle se décrispait, moins elle avait mal. .

J'espère que je ne t'ai pas fait trop mal.

Il l'a dit dans un souffle, elle sourit. Bien sur qu'elle a eut mal, mais la présence d'Henri à ses côtés lui faisait un bien fou. Apaisant tant sa douleur au corps que sa douleur à l'âme. Elle le sent hésitant d'un coup. Il connait ses réactions et doit s'attendre à ce qu'elle le rabroue une fois de plus.

Au lieu de cela elle resserre un peu sa main sur la sienne, enlaçant ses doigts entre ceux d'Henri. Elle bat des paupières, cherchant son regard. Ce qu'elle y voit la touche au plus profond d'elle même. Les sentiments qu'elle y perçoit s'insinuent entre les failles de la carapace qu'elle s'est forgée depuis tant d'année.

Le sommeil tente à nouveau de l'accaparer, elle voudrait résister, que cet instant dur éternellement. Le regard plongé dans celui d'Henri, Enored continue à sourire. Un sourire sincère, dénué de toute ironie comme à son habitude. Elle aimerait lui dire, qu'il comprenne, mais les mots ne franchissent pas la barrière de ses lèvres et ses paupières se referment. Alors elle décide de céder, elle se détend entièrement. Mais avant de plonger dans les bras de Morphée, la jeune femme ouvre à nouveau les yeux. Il la regarde toujours, elle lui sourit, serre un peu plus les doigts entre les siens et murmure.

Je n'ai pas eut trop mal. Tu as été parfait comme toujours.

Elle se tait un instant, relache la pression sur ses doigts, elle sent qu'elle s'endort, qu'il est prêt à se relever, du moins c'est ce qu'elle croit percevoir, alors elle sert un peu plus les doigts enlacés dans les siens pour le retenir un instant.

Henri... merci... d'être restée avec moi, j'ai pas encore dit ... merci... pour ça. Merci... d'être là ... pour moi...

Cette fois, elle sait qu'elle ne peut résister et se laisse glisser dans un sommeil réparateur, espérant que, pour une fois, il ne soit pas peuplé de cauchemars.

Mercenaire Messages : 64 Date d'inscription : 10/09/2008

Elle ne s'est pas mise en colère, étrangement. Au contraire, elle lui sourit, et le regarde d'une façon si intense qu'Henri en est troublé, se noyant dans les yeux verts de la jeune femme.
Henri... merci... d'être restée avec moi, j'ai pas encore dit ... merci... pour ça. Merci... d'être là ... pour moi...

Il n'a pas le temps de lui dire qu'il l'a fait par amour pour elle, qu'elle sombre déjà dans un sommeil profond, réparateur, nécessaire.

Il reste un peu à ses cotés, pas seulement pour controler que tout va bien, mais aussi parcequ'il a bien du mal à se détacher d'elle. Il replace une mèche qui barre le front de la pirate et sa main s'attarde sur la tempe, ses doigts effleurent la joue creusée par la fatigue. Et comme elle dort, il peut lui dire doucement.

Je t'aime Eno, je te suivrai jusqu'en enfer s'il le fallait.

Et puis, il se lève doucement et va retrouver Cassandre.

On va camper un peu sommairement cette nuit. Allumer un feu serait folie je pense. Venez, près du chêne nous serons bien.

Il prit les armes, sa trousse et les couvertures et regroupa tout leur paquetage au pied du chêne sous une grosse racine.

Tenez, Dame Cassandre, prenez cette couverture, et je vous propose de vous placer à ma droite, je me mets à coté d'Enored, ainsi je pourrais vous protéger toutes deux cette nuit. Nous nous relaierons pour veiller.

Il installa l'ancienne nonne et se glissa entre les deux jeunes femmes, son épée d'un coté et l'arbalète de l'autre, il était bien décidé à ne laisser ni homme ni bête approcher.

Admin Messages : 587 Date d'inscription : 30/01/2008

Cassandre sourit en voyant Henri soigner la pirate. Elle reconnait ces regards, ces sourires, ces luttes intérieures où on croit être les plus forts. Elle avait l'impression de revoir les débuts de son histoire avec Guillaume.

Un pincement au coeur. Et si elle avait eu tort...

Les paroles d'Henri la sortirent de ses rêveries et l'ancienne nonne sourit à l'homme.

"Je pense en effet que nous serons bien ici. Je dois être la moins blessée des trois, je vais prendre le premier tour de garde. Vous me réveillerez par la suite Henri."

Puis elle ajouta plus bas afin qu'Enored ne l'entende pas :

"Je vous réveillerai au milieu de la nuit. Je crois que pour cette fois, elle doit se reposer. Pensez vous que vous pourrez tenir ?"

Cassandre savait que le docteur aussi était blessé, et plus qu'elle, mais l'ancienne Duchesse connaissait ses limites. Dans son état elle ne pourrait veiller une nuit et reprendre la route à pied le lendemain. Tout le monde n'était pas Jean-jean.

Elle sourit à cette évocation du passé. Se demandant ce qui avait bien pu arriver à la brute sans cevelle qui n'était pas si méchante une fois qu'on le connaissait. Il faudrait qu'elle demande à Enored. La jeune femme ignorait jusqu'où leur lien étrange les avait poussé...

Cassandre revint à Henri, lui sourit avant de prendre sa propre dague.

"Reposez-vous tous les deux, je vais prendre la première garde."

Elle fit discrètement un clin d'oeil à l'homme avant de se concentrer sur les ombres alentours.

Mercenaire Messages : 64 Date d'inscription : 10/09/2008

"Je vous réveillerai au milieu de la nuit. Je crois que pour cette fois, elle doit se reposer. Pensez vous que vous pourrez tenir ?"

Pas de problème Dame Cassandre et merci, un peu de repos ne sera pas superflu je pense.
Si vous avez la moindre inquiétude, n'hésitez pas à me réveiller.

Henri répondit au sourire de Cassandre et se tourna vers Enored qui dormait du sommeil du juste. Il s'adossa à l'arbre, ayant mis une couverture sur son dos pour atténuer la douleur.

Assis ainsi à coté d'Enored, il lui prit la main doucement pour ne pas la réveiller et y déposa un doux baiser. Il la garda contre lui, entremelant ses doigts avec les siens et tomba vite de sommeil, car il ne s'en était pas rendu compte, mais il était épuisé.

Mercenaire Messages : 542 Date d'inscription : 25/08/2008

Des voix au loin la tirèrent de la nuit noire dans laquelle le sommeil l'avait plongée. Enored tenta de bouger, mais elle s'en sentit incapable. Elle tenta de rester attentive à ce qui se disait et reconnu des voix rassurantes.

Je t'aime Eno, je te suivrai jusqu'en enfer s'il le fallait.

La jeune femme n'aurait pas su dire si c'était un rêve ou si elle l'avait vraiment entendu. La pression de lèvres sur sa mains, des doigts enlacés entre les siens, la chaleur d'un corps tout près d'elle, elle devait rêver. Si c'était un rêve, elle décida de se laisser porter, pour la première fois depuis des années elle n'était pas plongée dans un cauchemar.

Au milieu de la nuit, elle se réveilla en sursaut. Le geste brusque lui arracha un gémissement de douleur. Elle était dans les bras d'un homme... que s'était il passé ? Sur la défensive, la rouquine se recula un peu avant de reconnaitre Henri. Elle soupira. Nouveau gémissement. Décidément c'était une sale blessure.

Henri dormait paisiblement, le sourire aux lèvres, resserrant ses doigts autour des siens, elle l'observa un moment. Elle se décala doucement et vit Cassandre les yeux grands ouverts veillant sur ce qui se passait autour. Elle avait l'impression de voir trop briller ses yeux. Des larmes surement... elle murmura.

Cassandre ... tout va bien ?

Mercenaire Messages : 64 Date d'inscription : 10/09/2008

Henri avait sombré dans un sommeil lourd et sans rêve. Un mouvement contre lui le sortit de sa torpeur, bien qu'il n'arriva pas à ouvrir les yeux. Il avait l'impression que ses paupièers étaient en plomb.

Eno était réveillée, mais elle ne le lachait pas. Décidemment, la jeune femme changeait. Sa main était fraiche, ça le rassura sur l'état général de la pirate.

Il voulut bouger un peu, mais une violente douleur dans son dos le rappela à l'ordre. Maintenant que tous ses muscles étaient froids, il se demandait comment il pourrait se lever, surtout s'il avait fallu le faire rapidement.

Cassandre ... tout va bien ?

Eno s'inquiétait ? Cela le fit sortir définitivement de sa torpeur.

Qu'y a t-il Eno ? dit-il à voix basse, cherchant l'arbalette qui avait glissé de ses jambes pendant son sommeil.

Mercenaire Messages : 542 Date d'inscription : 25/08/2008

Cassandre n'avait pas répondu et la rouquine regrettait déjà sa question. Regret d'autant plus grand qu'elle avait réveillé Henri qui semblait inquiet. Qu'y a t-il Eno ? Il avait murmuré.

Elle espérait que Cassandre n'avait pas entendu, elle n'avait pas bougé. La rouquine fit non de la tête et chuchota. Non... rien... j'ai cru qu'elle allait pas bien. Tout en parlant elle avait plongé son regard dans le sien et attrapé la main qui avait tenté de lui échapper pour aller chercher l'arbalète. Elle sourit. Ainsi il l'avait récupérée. La jeune femme resta ainsi longtemps, le regard plongé dans celui de l'homme qui faisait battre son coeur un peu plus vite, mais les sens aux aguets, écoutant la forêt tout autour, tout était calme. La rouquine se détendit, s'adossant à nouveau contre le chêne elle posa sa tête sur l'épaule d'Henri. Elle se sentait bien à ses côtés...

Mercenaire Messages : 64 Date d'inscription : 10/09/2008

Les paroles d'Enored le rassurèrent. Bien que la situation dans laquelle se trouvait Cassandre le peinait. Il était persuadé que la jeune mère devait souffrir le martyr d'avoir perdu sa fille et de n'avoir même pas la présence de son mari pour la soutenir.

Il se trouvait plutot chanceux lui. Il savait qu'Enored l'aimait, il en était persuadé et la façon dont elle s'accrochait à lui ne faisait que lui confirmer ses sentiments.
Lorsqu'elle plongeait son regard dans le sien, comme maintenant, le monde pouvait s'écrouler.

Lorsque la jeune femme posa sa tête sur son épaule, il lui sourit et osa caresser doucement la tête d'Enored et déposa sur la chevelure rousse un baiser. Il n'attendait rien en retour, juste sa façon à lui de lui dire qu'il l'aimait et qu'il ne voulait rien brusquer.

Il ne connaissait pas tout du passé d'Enored, mais nombre de ses réactions lui laissait deviner qu'elle avait souffert à cause d'un homme. Elle lui en parlerait un jour, si elle le souhaitait.

Désormais éveillé, il cala l'arbalète sur ses jambes et demanda en se tournant vers Cassandre :

Dame Cassandre ! Si vous voulez vous reposer, je peux prendre le relai, je suis éveillé.

Mercenaire Messages : 542 Date d'inscription : 25/08/2008

Cassandre semblait s'être rapidement endormie. La caresse d'Henri, son baiser sur ses cheveux firent frémir Enored. La jeune femme demandait autant qu'elle redoutait ces moments là. Sans s'en rendre compte, elle avait fermé les poings. Il fallait qu'elle se calme et surtout qu'elle parle. Blottie contre Henri, elle se sentait prête à éclater entre ce qu'elle ressentait pour lui et le dégout qu'elle avait des hommes. Elle avait envie de fuir très loin et en même temps de se serrer contre lui, de sentir ses mains sur elle pour qu'il la guérisse de l'horreur qu'elle avait vécu. Mais tant qu'elle ne parlait pas, il ne pourrait savoir, elle ne pourrait guérir.

Enored tenta de respirer profondément, mais poussa un gémissement de douleur. Elle avait oublié, un instant, sa blessure.

Je crois qu'elle s'est endormie. Ca peut lui faire que du bien.

Elle se tut, cherchant des mots, en vain... Quelle idiote tu fais ma belle, commencer par une telle banalité. D'un autre côté, tu montres que tu t'inquiète pour elle, que t'es pas insensible... c'est n'importe quoi, il te connait presque mieux que toi alors arrête... Elle écouta un instant la nuit, la respiration de Cassandre était enfin calme, tranquille. Elle dormait. Même si la jeune femme avait beaucoup d'estime pour l'ancienne nonne, se confier à elle serait beaucoup trop difficile

Je ... sais pas si tu te souviens... enfin si... tu dois te rappeler... le jour où ... à cet instant, elle aurait mille fois préféré être face à un pirate sanguinaire que face à ses souvenirs douloureux. Le jour où j'ai donné l'ordre d'attaquer ton bateau, j'avais dit pas de quartier et ... le ... capitaine de ce rafiot était pour moi... je me souviendrais longtemps de ton regard quand tu as vu son état. Nouveau silence de la rouquine, elle se serre un peu plus contre Henri, cherchant du réconfort. Dans quelques instant elle va replonger dans l'enfer de ses cauchemars... mais il faut s'en débarasser.

Cette ordure, c'était pas la première fois que je la voyait... je t'avais dit que ... après la mort de mes frères... Sa gorge se serre et des larmes montent au bord de ses yeux... J'ai fuit l'horreur de leur massacre... mais à l'horreur à succéder l'horreur. J'ai couru jusqu'au port le plus proche. ... je connaissais ma réputation là bas et il fallait que j'échappe aux soldats anglais... enfin tout ça tu sais... nouveau silence ... à nouveau elle cherche ses mots... Je me suis embarquée sur un bateau... enfin je me suis cachée dans la cale... la traversée s'est bien passé, et arrivée au port j'ai baissé ma vigilance... j'étais qu'un gamine... un nouveau silence alors que des larmes coulaient le long de ses jouesj'ai entendu l'équipage quitter le navire et j'ai voulu me précipiter sur le quai... mais le capitaine est entré dans la cale et ... m'a fait payer la traversée à sa façon... son second est entré et ... il lui a dit ... que tout travail méritait salaire et qu'il devait aussi ... se payer sur moi ... et se salopard est sortit en riant... seulement le second a pas eut le temps de descendre ses braies qu'il avait ma dague plantée dans sa gorge... j'ai fuit et mit le feu au bateau...alors oui, le jour où j'ai trouvé son bateau, j'ai commencé par me battre contre lui, ensuite ... ensuite je l'ai émasculé avant de le tuer... elle laissa un long silence retomber avant de reprendretu comprends pourquoi je supporte pas qu'on me touche... j'veux guérir de ça mais j'arrive pas....

La gorge serrée, elle ne put ajouter un mot, elle savait qu'elle avait été assez explicite pour qu'il comprenne... des larmes inondaient son visage, sans ce qu'elle ressentait pour lui, jamais elle n'aurait pu lui avouer ce qui lui était arrivé....

Mercenaire Messages : 64 Date d'inscription : 10/09/2008

Henri sent la jeune femme se serrer contre lui. Elle est hésitante, il préfère ne rien dire pour ne pas la ocuper dans l'élan qu'elle vient de prendre. Elle s'ouvre enfin à lui sur ce qui la blesse vraiment.

Il lui entoure les épaules de son bras, elle est blottie comme une enfant contre lui, jamais il ne l'avait sentie aussi fragile et jamais il ne l'avait encore vu pleurer.

Le capitaine ? oh que oui il s'en rappelle, les images repassent dans sa tête, lorsqu'il est sorti de la cabine, entouré des deux chiens de garde de la pirate qui ne lui avait laissé la vie sauve que parce qu'il était médecin, denrée rare à l'époque sur les bateaux de pirates.

Il l'avait prise pour une sauvage à torturer un homme de la sorte.

Elle continue son récit, entrecoupé de silence et de larmes, il l'écoute, la serre doucement contre lui, pour la consoler et l'encourager à poursuivre, elle doit se débarasser de ce poids si lourd.

Au fur et à mesure, il mesure l'horreur qu'elle a subi, il connait ces femmes qui ont été violées, car à suivre les batailles, il les croisait, elles avaient soit le regard vide, soit une haine irréprécible contre les soldats et les hommes en général. Les premières finissait souvent comme filles à soldat, les secondes savaient recommencer leur vie blessées à jamais.

tu comprends pourquoi je supporte pas qu'on me touche... j'veux guérir de ça mais j'arrive pas....

Il prend le temps de lui répondre, essuie doucement les larmes qui innondent le visage de la jeune femme.

Ai confiance en la vie Eno, noublie pas que c'est sur les terres brulées qu'on fait les meilleures récoltes. Tu ne pourras jamais oublier, mais tu peux avancer plus loin et je t'y aiderai si tu le veux. Je n'ai que mon coeur et mon ame à t'offrir pour te guérir. Fais-toi confiance et fais-moi confiance, si tu m'aimes comme je t'aime tu guériras.

La jeune femme avait levé son visage pour le regarder, il se pencha doucement et déposa un tendre baiser sur les lèvres de la pirate.

Mercenaire Messages : 542 Date d'inscription : 25/08/2008

Le récit de l'horreur terminée, elle s'était sentie soulagée d'un poids qui pesait depuis des années. Ce qu'elle avait subit gangrénait son esprit depuis bien trop longtemps. Les larmes libéraient son ame prise dans le carcan de la douleur et de l'horreur.

La rouquine à l'impression d'être encore plus épuisée qu'après un combat singulier. Les bras d'Henri autour d'elle, ses mains sur son visage... autant de douceur qu'elle n'a pas gouté depuis des années.

Elle voit ses lèvres remuer, il lui parle... mais seuls certains mots parviennent à son esprit vidé par la révélation qu'elle venait de faire.

Ai confiance en la vie... la vie ... elle ne fait que survivre depuis si longtemps... je t'y aiderai si tu le veux... son aide... elle n'attendait que ça mais ne savait comment le demander... mon coeur et mon ame à t'offrir pour te guérir... c'était le plus beau des cadeaux qu'un homme avait pu lui faire depuis que ses frères s'étaient sacrifiés pour elle... Fais-toi confiance... elle ferme les yeux... ça elle le sait pas faire... fais-moi confiance ... si tu m'aimes comme je t'aime tu guériras... son coeur manque un battement elle rouvre les yeux et plonge son regard dans le sien... à ce moment là tout se mélange. Envie d'aimer, peur d'aimer, envie d'être aimée, peur d'être à nouveau trahie... ce qu'elle voit dans ses yeux à ce moment là casse les dernières réticences de la jeune femme. Pourquoi avoir peur de ce qui pourrait se passer ? Pourquoi ne pas tout simplement avoir confiance dans cet amour qui couve depuis si longtemps ?

Lorsqu'il approche son visage du sien, elle sait très bien ce qui va se passer, mais pour la première fois, pas de répulsion, pas d'envie de fuir... pas d'autre visage qui se superpose au sien. Quand il dépose un baiser sur ses lèvres, elle frisonne. Le dégout est toujours là inscidieux... il se glisse entre eux... elle ferme les yeux et pose son front contre celui d'Henri.

Mo ruin... tha ghoal agam ort... Elle sait qu'il n'a pas comprit... elle sait qu'elle a la force de le dire sans sa langue... elle trouve ces mots tellement plus beaux dans sa langue à elle... elle lève les yeux vers lui... elle voit dans son regard qu'il saisit mais n'ose y croire.. qu'il espère ... alors elle sourit... un vrai sourire, baigné de larmes, se dessine sur son visage... elle réalise ce qu'elle vient de dire... premier pas vers une nouvelle vie... je ... je t'aime Henri... elle ne sait si les mots ont franchit la barrière de ses lèvres, elle ferme les yeux et plonge son visage dans le cou d'Henri, se blottit contre son épaule...

Mercenaire Messages : 64 Date d'inscription : 10/09/2008

Henri ne pensait plus aimer avec une telle force, une telle intensité. Il a l'impression de rêver et pourtant il sent contre son cou le souffle chaud d'Enored.

Il ramène la couverture sur elle et l'entoure de ses bras.

Reposes-toi maintenant Eno. Je veille.

Il est un homme heureux, heureux de ce bonheur qu'il croyait à jamais oublié, le bonheur d'aimer et d'être aimer.

La forêt bruisse de mille bruits. Les ombres des animaux dans la lumière blafarde de la lune sont comme autant de fantomes.

Il errait sans but, juste celui de soulager les souffrances et maintenant il sait qu'il vit pour elle. Il a même tuer par amour. L'amour doit sans doute être le plus puissant des envoutements pour changer les êtres à ce point.

Il tourne la tête vers Cassandre. Il sait ce qu'elle ressent et sa volonté de l'aider à reconstruire sa famille n'en est que décuplée.

La nuit est un peu plus clair, l'aube ne va pas tarder, Guillaume voit-il le même ciel qu'eux, où est-il, est-il toujours vivant ?

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