La Taverne du Camérier

Mathis

Bien que son esprit ne pouvait se déconcentrer dans l'attente de la réponse de Cajoline, le regard de Mathis, quant à lui, était toujours posé sur la jeune femme. Un doux sourire continua de se former sur ses lèvres, et l'impression de percevoir en cette demoiselle un brin de timidité fit naître en l'homme un sentiment d'envie, l'envie de converser et pourquoi pas, de devenir une connaissance. Après que la Tavernière l'ait quitté pour saluer sa nouvelle cliente, Mathis écouta avec attention l'échange entre les deux personnes. Elle portait donc le nom de Blandine, appellation qui collait à merveille à ce visage crémeux et à cette allure svelte mais fragile.

La commande annoncée, le jeune homme posa son regard vers la table d'à côté où était attablée Blandine puis d'une voix accueillante, il lui dit :

Blandine.. permettez moi de me présenter, je suis Mathis. Acceptez que je vous offre vostre consommation, j'insiste.

Encore une fois, son visage était illuminé. Tout en replaçant une mèche rousse qui s'était glissée le long de son front, l'homme sourit, en proie à une contemplation et une écoute absolue.

Krystel_van_hoedezee

Krystel entra en trombe dans la taverne, un parchemin à la main. Elle était pâle et semblait à deux doigts de se trouver mal.

Elle s'assit un instant à un tabouret pour reprendre ses esprits, et relut la missive qui lui était adressée.

Citation :

Demouasel Kristail,

des évainemans grave çe son produit la nuit derniair au daumène. Des brigan on voulus rentré au chato, mai grace au gardient ai au jardinié, ils çe son sauver. Dan la baggare, le jardinié a été blesser et dés portes on été casser.

Vous devai venir avec un praitre.

Blaise.

Elle n'avait d'abord pas compris un traître mot de ce qui était écrit, avant de relire à haute voix. Des brigands à Ath ? Le jardinier blessé ? Un prêtre ! Par Aristote, l'affaire était donc grave.

Elle ne voulut pas perdre une minute. Elle ordonna à Gus de préparer la charrette et les chevaux, et à la mère Denis de s'occuper des bagages. Puis, elle s'approcha discrètement de Cajoline.

Ma bonne marraine, je dois m'absenter quelques jours. Une... une affaire sérieuse s'est produite à Ath. J'aimerais vraiment rester, mais je ne puis. Je... merci pour cette jolie chambre, merci pour tout. Quand je reviendrai, je vous raconterai sans doute les détails de l'affaire. J'aurais tellement aimé passer ce jour particulier ici plutôt que sur les routes.

La petite soupira. Puis, dans un élan de tendresse, la jeune fille embrassa Cajoline sur la joue. Elle lui murmura :

Je tenais à vous le dire avant de partir : soyez heureuse.

Blandine



Blandine aimait bien cette taverne. Ce n'était pas comme sur son mur, des gens entraient sortaient, elle respirait la vie ici. Les malheurs et les bonheurs des autres contés en ces lieux lui faisaient oublier sa solitude.

A quelque temps d'intervalle, une jeune fille et une fillette était entrées. La première inquiète, avait glissé quelques mots à la tavernière puis s'était en allée. La deuxième, essoufflée, transpirait le désespoir.

Blandine vit le regard qu'elle lança à la tavernière et en eut le coeur brisé. Un malheur frappait la fillette c'était évident. Elle ne voyait que la femme derrière le comptoir, mais restait sur le pas de la porte comme si une force mystérieuse l'empêchait d'aller plus loin.

"A l'aide..."

Blandine ne s'était pas trompée, l'enfant avait besoin qu'on l'aide. Doucement elle s'approcha d'elle et se baissa pour être à sa hauteur.

Qu'est ce qui se passe petite fille ?


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Blandine



Une cabane attaquée, une petite fille en danger, Blandine n'aimait pas bien se mêler des affaires des autres. Toutes les voisines avaient su que le vieux la frappait et pourtant ... personne n'avait jamais rien fait pour l'aider elle. La jeune fille ne savait trop que faire, elle n'écoutait plus ce qui se disait jusqu'à ce que son nom prononcé attire à nouveau son attention vers ce qui se passait.

Blandine va courir allez chercher la police, et beaucoup de monde pour venir nous aider. Vous voulez bien Blandine?

La blondinette, se tordit les mains d'indécision. Que faire ? Mais la peur qu'elle avait vu dans les yeux de la fillette ressemblait trop à ce qu'elle avait vécu. Sans comprendre pourquoi ni comment, elle déposa un baiser sur la joue de l'enfant avant de hocher la tête et sortir en trombe de la taverne. Au milieu de la rue elle se rendit compte qu'elle ne savait pas où trouver des policiers. Elle revint dans la taverne penaude.

S'cusez moi m'dame Cajoline... j'connais presqu'pas l'village où que j'les trouve les policiers ?

La jeune fille avait parlé à mi-voix, honteuse de son aveux.

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Blandine



Les policiers? Sur la place du village, à la mairie tu les trouveras, ils ont un bureau là bas ! S’ils ne sont pas là demande au Maire, ou à n'importe qui ! Il nous faut deux trois hommes costauds et armés !

Blandine grimaça, la mairie, elle était où déjà ? ah oui à côté de la place du marché, mais à cette heure ... il faisait presque nuit et ... elle arrêta de réfléchir. Avant de sortir, elle passa derrière le comptoir attrapa une casserole et une cuillère en bois. A la vitesse d'une anguille tentant d'échapper à un pêcheur la blondinette était dans les rues de Dunkerque à tambouriner sur sa pauvre casserole. Les gens la prendraient pour une folle ce ne serait pas la première fois. Elle finit par trouver la place de la mairie. Déjà, des villageois la suivaient, certains en bonnet et chemise de nuit, d'autres tentèrent de l'atteindre avec des seaux au contenu dont il valait mieux taire la substance... Mais elle était arrivée à faire ce que la gentille tavernière lui avait demandé.

La casserole dans une main, la cuillère en bois dans l'autre Blandine entra dans la mairie en hurlant :

Poliiiiiiiiiiiice on a b'soin d'aide y'a la cabane d'Edonice qu'est toute attaquée ! M'sieur l'maire ! quelqu'un ! à l'aide !

Face à la tête ahurie des gardes, la jeune fille réalisa enfin ce qu'elle venait de faire et murmura en haussant les épaules

Heu ... à l'aide

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- Damoiselle Cajoline, nous allons vous aider. Conduisez nous jusqu'à la cabane de cette jeune fille.

Cajoline hocha la tête, et prit d'autorité la main de la petite. Il n'était plus temps de trainer, Edonice semblait incapable de prononcer le moindre mot, paralysée par la frayeur. Elle obéirait peut être lorsqu’elle lui donnerait l’ordre d’attendre…

Oui merci de votre aide. Allons y, venez, je vous conduit !

Cajoline, la main de la petite serrée dans la sienne, sortit de sa taverne accompagnée des deux hommes. Elle espérait réellement qu’ils arriveraient à temps, que de son coté Blandine avait réussi à prévenir du monde, que la mère de la petite n’avait rien, que Caddwallon aussi, elle pensait à tout cela tandis que d’un pas rapide ils se dirigeaient vers la cabane, vers la plage…elle avait le triste sentiment de revivre ce qui s’était passé il y a quelques mois.

Cajoline marchait d’un pas rapide, les hommes la suivaient sans aucun problème, adaptant leurs pas aux siens. Elle marchait rapidement, mais la petite les ralentissait, s’arrêtant un instant, elle l’a prit dans ses bras, ils iraient un peu plus vite ainsi.

La plage et la cabane de la petite furent en vue, au bout de plusieurs longues et interminables minutes de marche…

[suite à la cabane d'Edonice]

édit pour correction

Edonice

La petite fille avait longuement hésité avant de faire la promesse que lui demandait Cajoline. Elle avait pesé le pour et le contre et avait fini par murmurer :

"C'est bon, j'promets..."

Edonice avait appris depuis son baptême que la parole donnée avait son importance. Pourtant, elle savait aussi que malgré ce qu'elle avait dit à Cajoline, elle ne ferait comme à son habitude, qu'à sa tête.

Elle avait tout de même glissé ssa petite main dans celle de la tavernière et l'avait suivie vers la plage. Elle craignait plus que tout de n'y trouver que des cadavres.

Encore ...



[suite à la cabane d'Edonice]