La Taverne du Camérier

Renoan

Renoan passa derrière le comptoir et parla à voix basse à Cajoline.

Cette jeune femme cherche la tombe de Devilpier, je crois que tu sais où il a été enterré. Je sais que son allure n'a pas l'air des plus aimables, mais ses intentions ont l'air honnête. Pourrais-tu la renseigner ?

Puis se tournant vers l'étrangère, il eut comme un sursaut. Sa chevelure rousse lui rappelait tellement celle de son ancienne épouse, qu'il dut fermer un instant les yeux pour reprendre ses esprits.

Après tout ce chemin, vous prendrez bien une pinte, je vous l'offre.

Je peu vous aider… l’endroit que vous recherchez se trouve près de la plage, de la cabane de la petite Edonice… je ne m’y suis jamais rendu…je ne connais l’endroit que d’après les indications de ma sœur…je vous y conduirais quand vous le voudrez…à moins que vous ne rencontriez la petite avant…

Edonice, Devil, tout concordait, après deux ans de recherches touchaient-ils enfin à leur but ? La rouquine prit la chope et en but une gorgée, bien consciente qu'elle faisait attendre la tavernière, mais elle avait besoin de réfléchir trouver les mots. Devoir aller là bas semblait faire de la peine à la jeune femme qui était face à elle. Elle vida sa chope d'une traite. Elle préférait faire les choses les plus douloureuse de suite. L'arrogance dont elle avait pu faire face au curé était retombée.

Damoiselle, je vous suis. Si ... ça vous dérange pas j'veux en finir avec ça.Elle se tut un instant avant de poser la question qui lui brulait les lèvres Dites...Edonice s'rait-elle Edonice de Rastignac ?

La rouquine connaissait la réponse, mais il était tellement simple pour une enfant de se faire passer pour une autre.
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Cajoline

Cajoline attendait patiemment…elle savait l’être et la femme semblait avoir besoin de réfléchir un peu, elle eu de la chance le peu ne se transforma pas en trop longtemps…

Damoiselle, je vous suis. Si ... ça vous dérange pas j'veux en finir avec ça
Dites...Edonice s'rait-elle Edonice de Rastignac ?

Elle avait fait une pause entre les deux phrases…Rastignac, la femme semblait connaître la petite…cela l’intriguait un peu…

Non ça ne me dérange pas....appelez moi Cajoline

Elle lui sourit doucement et se tourna vers Renoan…

Je vais accompagner la Dame jusqu’à la tombe de Devil…

Elle lui sourit et se tourna vers la femme afin de répondre à sa question…

Oui, Edonice de Rastignac…notre petite Edonice, vous la connaissez ?
Elle était intriguée et curieuse ...

Il ne savait pas si la couleur des cheveux de la jeune femme accentuait sa méfiance, mais une sourde colère montait doucement en lui.

Je ne suis pas curieux, je suis juste prudent. Cette enfant nous est chère et il me tient à coeur de la protéger, comme tout enfant de cette ville. Le fort doit aider le faible, ça c'est dans ma religion !

Puis s'adressant à Cajoline :

Ne t'inquiète pas je tiendrais la taverne en attendant, prends ton temps.

La rouquine soupira, elle imaginait bien que le curé ne la laisserait pas partir si elle ne lui donnait pas la raison de sa demande.

Oui, Edonice de Rastignac…notre petite Edonice, vous la connaissez ?

La jeune tavernière était plus aimable que le curé, la rouquine tourna les yeux vers elle., préférant ignorer la tirade du curé sur sa religion.

Je la connais pas. Mais elle dit être la fille de gens que je connais. J'veux la voir pour être sur qu'elle soit pas une autre que ce qu'elle dit. Cassandre souffre assez depuis... que j'ai abordé son bateau. Elle avait murmuré la dernières phrase. Vous comprenez ? j'veux pas faire de fausse joie à ses parents.

La rouquine se tourna vers le curé qu'elle toisa à nouveau.

Ca vous épate hein qu'j'puisse avoir des sentiments ?

Cajoline

Cajoline comprenait que Renoan s'inquiète pour Edonice, elle même s'inquiétait pour la petite, dont elle s'était prise d'affection des le début....mais il était un peu brusque...et elle savait d'expérience avec son propre père que pour obtenir les choses, un peu de douceur et de patience était nécessaire...elle posa une main sur le bras de Renoan pour l'apaiser....espérant qu'il ne réagirait pas aux dernières paroles de la femme...quand à elle elle n'en croyait pas ses oreilles....

Les parents de la petite sont en vie ! Oh mon Dieu...elle vat être contente...elle qui y croyait encore, contrairement à Félina...
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Renoan

Ca vous épate hein qu'j'puisse avoir des sentiments ?

Son sang ne fit qu'un tour, mais la main de Cajoline sur son bras l'empêcha de s'emporter contre cette femme si impertinente. Et malgré ce qu'il pensait d'elle, au moins elle apportait une bonne nouvelle.

Ca ne m'épate pas, cela me rassure plutot. Si Edonice peut retrouver ses parents je m'en réjouis.
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En voyant la tête du curé la rouquine avait sourit. Elle touchait au but le reste l'importait peu. Le plus étonnant c'était le contraste entre la réaction de l'homme d'église censé être charitable, tolérant, accueillant, et la tavernière qui s'adressait à elle sans le monceau de préjugés du curé.

Ca fait plus de deux ans qu'on la cherche. Si c'est pas elle Cassandre en aurait le coeur brisé. Elle n'est plus que l'ombre d'elle même. Et... j'lui ai promis de retrouver sa fille. J'sius p't'être sans foi ni loi, mais je tiens mes promesses !

La jeune femme se tourna vers la tavernière.

Même si j'ai jamais connu la gamine, j'connais assez ses parents pour la reconnaitre. J'ai rien contre elle, mais j'me méfie tout d'même. C'est pas parce que son oncle et sa tante l'on reconnu que c'est elle... Dites damoiselle, vous avez des chambres ? Nous sommes trois.
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Domy

Depuis quelques temps Domy revenait à la taverne du Camérier...
Elle avait évité ces lieux qui lui rappelaient trop son amie Avana qu'elle retrouvait là avant sa disparition trop brutale..

Le temps cicatrisait les blessures ,et la jeune femme avait repris ses habitudes après son retour d'Anvers.

Ce soir là,elle sirotait donc tranquillement sa bière,seule puisque son Capitaine de mari était encore pris par ses multiples occupations militaires...

L'entrée de cette femme rousse à l'allure décidée l'avait interpelée,ce n'était pas si souvent qu'une autre arborait la même couleur de cheveux qu'elle et elle détailla l'étrangère discrètement.

Sans être indiscrète ,elle n'en était pas moins curieuse et elle capta quelques bribes de conversation où le nom d'Edonice revenait ainsi que celui de Rastignac...
Elle ne put s'empêcher de tendre l'oreille et sursauta lorsque la rousse visiteuse dit:
" Si c'est pas elle Cassandre en aurait le coeur brisé. "

Domy se retrouva au bas de son tabouret sans l'avoir vraiment voulu et s'approcha de Cajoline et Renoan.
"Pardonnez moi..."elle regrettait déjà sa précipitation.."Je vous ai entendu...Hum....Bien malgré moi..Hum...J'ai cru vous entendre parler de .....Cassandre?

"Vous connaissez une Cassandre qui a un lien avec notre Edonice???"

Son coeur battait à tout rompre, elle regarda la jeune femme en face d'elle,serrant ses mains l'une contre l'autre,n'osant espérer la réponse..

Depuis longtemps déjà son époux lui avait narré tant de choses sur une certaine Cassandre à laquelle il était fidèlement attaché,il avait traversé le Royaume au péril de sa vie pour courir à son aide avant qu'elle ne disparaisse dans un tragique naufrage..
Lorsqu'ils avaient retrouvé Edonice en arrivant à Dunkerque,ils avaient discrètement surveillé la fillette,tentant de la protèger de loin sans pour autant gèner son indiscutable besoin de liberté qu'elle devait tenir de sa mère.
Le Capitaine Fabrizio aurait donné sa vie pour cette enfant qui était le seul lien restant avec la grande dame qu'il avait connu.

Domy s'était attachée à celle qui l'appelait "la dame au loup" et avait tenté ,elle aussi d'apporter un peu de tendresse dans la vie si rude de la petite fille...Elle avait payé le prix fort en se mettant entre elle et la brutalité de l'homme qui se prévalait du titre d'oncle et n'était en fait que la vraie représentation de la cruauté et de la méchanceté réunies.


Elle sursauta lorsque la réponse arriva enfin...

Domy

L'amie avec qui je voyage se nomme Cassandre de Blayac oui ! Si elle a un lien avec votre Edonice ? J'sais pas ! j'veux voir la gamine d'abord ! Je pourrai vous répondre après !

Domy prit la réponse de la jeune femme comme un soufflet...
Voila qui lui apprendrait à être plus discrète...

Cassandre était donc vivante...il n'y avait plus aucun doute...

Sans montrer la désagréable impression que venait de lui faire le ton employé par Enored,Domy recula d'un pas...

"Pardonnez moi si je vous ai semblé importune...N'y voyez aucune mauvaise intention de ma part...Hum..."
Elle but une gorgée ,plus pour se donner une contenance que pour étancher sa soif.

"Si ce que vous dites est vrai...Ce dont je ne doute pas un instant,Edonice est la fille de votre amie...Cassandre de Blayac...Je crois pouvoir vous l'assurer.."

Puis,s'inclinant légèrement en se reculant un peu plus,elle ajouta d'une voix qui se voulait apaisante:
"Je vous laisse...Allez donc voir avec Cajoline...Ou je peux vous y mener aussi...La cabane d'Edo n'est pas très loin...Elle serait contente de revoir Michka...ça fait un moment que je ne lui ai amenée.."

"Je suis là encore un moment...heu..." devant le regard qui la foudroyait,Domy se tut et alla s'asseoir à la place qu'elle regrettait déjà d'avoir quitté.

Cette femme lui rappelait trop son amie ,elle regarda ce visage qui s'était crispé...Elle semblait souffrir, mais était ce une souffrance physique ou autre?

Domy,sa chope à la main attendait calmement la décision qui serait prise...
Après tout,elle ne comprenait pas trop pourquoi sa question avait été si mal accueillie.....
"Pfffffff.....Essayez donc d'être aimable...."

Cassandre était arrivée en même temps qu'Henri mais elle n'avait pas voulu entrer de suite dans la taverne. Depuis deux ans qu'elle était sur les routes comme une simple paysanne, l'ancienne Duchesse de Guyenne savait que son allure en frapperait plus d'un.

Ses cheveux étaient en bataille, ses vêtements poussiéreux, et plus d'une fois ils avaient dû s'arrêter pour travailler et gagner leur pain quotidien. Les travaux n'avaient jamais fait peur à la jeune femme, habituée à la vie rude du couvent où ses parents l'avaient enfermée mais Edonice ne connaissait pas vraiment ce côté là de sa mère.

L'enfant n'avait jamais connu le faste d'une grande cours, Guillaume ayant enlevé une seconde fois Cassandre alors qu'elle se tuait à la tâche en Guyenne mais Edonice connaissait de sa mère, l'image d'une femme aimée et choyée par son père qui les aimaient plus que tout. Que dirait Guillaume en cet instant s'il la voyait ...

Cassandre sourit en songeant qu'il lui parlerait surement d'elle neuf ans plus tôt, enlevée à la sortie de son couvent et qu'il avait trimbalée comme un paquet sur les routes du Royaume. Elle devait avoir cette tête là à cette époque.

Mais la jeune femme s'était rendue près du puits dans la cour de la taverne, et avec un mouchoir propre s'atelait à laver son visage et ses mains lorsqu'elle entendit des éclats de voix. Elle reconnut aussitôt celle d'Enored et ne put retenir un rictus.

La rouquine resterait toujours une pirate et aussi étonnant que cela pouvait paraitre, elle était bien une des seule personnes à la désarmer. La douceur entêtée de l'ancienne nonne désarmait la rebelle Enored.

Cassandre rangea calmement son mouchoir humide dans l'une de ses poches avant de pousser doucement la porte arrière de l'établissement.

"Bonsoir à tous ..."

La jeune femme ne sattarda pas sur l'assemblée, elle aurait le temps après. Il lui fallait d'abord s'occuper de l'orageuse rouquine alors même qu'elle entendait une femme parler de "leur Edo".

Cassandre hésita un instant, ferma les yeux, puis se ressaisit. Elle avait elle aussi envie de se jeter à nouveau dans les rues pour retrouver sa fille, mais elle craignait que l'inconnue n'aie raison, ils risquaient de lui faire peur.

"Dame Enored, je vous en prie, écoutons les conseils avisés de tous."

Elle posa amicalement mais fermement sa main douce sur le bras de l'ancienne pirate.

"Vous savez mieux que quiconque que j'aimerai bondir vers cette cabane, mais je crois que nous devrions nous changer et prendre un peu de repos. Ni la tombe de mon beau-frère, ni la cabane de ma fille ne vont disparaitre en quelques heures."

La voix de Cassandre était posée, pourtant une léger tremblement trahissait l'émotion de la mère. Elle aurait tout donné pour serrer de suite sa fille entre ses bras mais effrayer cette enfant qui ne l'avait pas vu depuis plus de deux ans, n'était pas une bonne idée pour renouer des liens que la petite avait peut-être oublié.

Le coeur de la jeune mère loupa un battement comme son visage devint pâle. Et si sa fille l'avait oubliée ? Et si Félina était devenue sa mère ? Et si Edonice la reniait ? Et si ...[i]

Renoan s'en voulait de s'être emporté. Décidemment il avait un mal fou à gérer son tempérament coléreux. Et puis l'arrivée de Cassandre, dont il avait entendu parlé lors de ses nombreuses retraites chez les moines, le rassura sur les intentions des étrangers.

Heureusement que Cajoline l'avait arrêté, elle était un peu son ange gardien, depuis que Lafred n'était plus là pour le raisonner.

Décidé à se racheter, il se décida à porter lui-même les choppes à la table des nouveaux arrivés.

Si vous permettez, la tournée est pour moi. Dame, je tenais à m'excuser de m'être emporté contre vous. Vous comprenez, ma soeur Kaelle est morte pour sauver la petite Edonice et j'ai maintenant doublement à coeur de la protéger, comme Cajoline et nombre de Dunkerquois.

Je vais vous préparer des chambres et P'tit Louis, mon fils ainé, va vous préparer un bain.

Devant le regard étonné des trois voyageurs, il ajouta :

Je ne suis que diacre, j'ai été marié et j'ai 4 enfants.

Un peu de patience "mo ruin", nous touchons au but.

Et si ce n'était pas le but ? Et si ce n'était pas la bonne enfant. La rouquine jette un regard vers Cassandre dont le visage est radieux, pour la première fois depuis plus de deux ans. Elle resserre un peu plus la main d'Henri.

Il faudra qu'elle lui parle de cette inquiétude quand ils seront seuls dans la chambre. Un bon lit... un sourire se dessine sur le visage de la jeune femme alors que le curé s'approche.

Si vous permettez, la tournée est pour moi. Dame, je tenais à m'excuser de m'être emporté contre vous. Vous comprenez, ma soeur Kaelle est morte pour sauver la petite Edonice et j'ai maintenant doublement à coeur de la protéger, comme Cajoline et nombre de Dunkerquois.

La rouquine palit et grimace, elle comprend... ils protègent Edonice comme elle tente de protéger Cassandre... il a perdu sa soeur... on est écorché vif dans ces moments là ...

Je vais vous préparer des chambres et P'tit Louis, mon fils ainé, va vous préparer un bain.

La rouquine ouvre de grands yeux en prenant la chope qu'il a posé devant elle.

Je ne suis que diacre, j'ai été marié et j'ai 4 enfants.

Soudain, derrière le curé c'est l'homme qui apparait. Enored sait que si elle lui parle là son ton risque d'être agressif,aussi, elle hoche la tête et lache un Merci avant de plonger son regard dans sa chope.

Cassandre

Cassandre sentait la tension du moment s'envoler et allait demander à se reposer lorsque les paroles du diacre la surprirent. Elle ne put s'empêcher de lui demander :

"Que dites-vous, que votre soeur est morte pour mon Edo ? Que vous, votre serveuse et bon nombre de Dunkerquois la protège. Mais de quoi ? Que se passe-t-il ici ?"

La jeune femme promenait un regard angoissé sur la taverne. Y 'avait-il des bandits à Dunkerque. Elle était née dans cette ville, elle avait été baptisée par le père Brunor et elle avait espéré que sa fille avait trouvé refuge près d'un Blayac encore en vie.

Et là on lui peignait la mort pour protéger sa fille, mais de quoi, de qui ?

Cassandre fronça les sourcils comme une ombre passait devant ses yeux. Elle n'aimait pas la violence mais sa vie n'évait été qu'un combat. Une lutte de tous les instants pour survivre dans cette vie de nonne qu'elle n'avait pas voulue, un duel permanent contre Guillaume lorsqu'elle n'était que sa prisonnière, une guerre pour sauver sa chère Guyenne de l'appétit des loups. Et là, alors qu'elle aspirait à quelque repos, il lui faudrait à nouveau prendre les armes ?

Elle était épuisée, mais déjà la jeune femme savait qu'elle retrouverait la force de se battre. Elle était persuadée d'avoir retrouvé sa fille, personne ne ferait plus de mal à son petit ange.

"Messire, je vous en prie, dites-moi de suite si ma fille est en grand danger que je puisse la protéger."