Etape normande, quand les Rastignac prennent leur temps

C'est rassérénée, l'estomac remplit d'un délicieux brouet, que la rouquine avait prit la route de Dieppe, guidant sa troupe hétéroclite. Henri à cheval à ses côtés, derrière eux le chariot mené par P'tit Louis, le fils de l'ancien diacre de Dunkerque, à l'arrière Blandine, la blondinette délurée qui les avait rejoints par hasard, à ses côtés, Cassandre de Blayac, ancienne nonne, ancienne duchesse, dont l'esprit voyageait au loin. A côté de la charrette, un Ecossais à cheval avec une gamine devant lui. LA gamine qu'ils avaient cherché à travers tout le royaume : Edonice de Rastignac.

La pirate sourit en pensant à la petite, il la découvrait au fur et à mesure du voyage. Et son caractère bien trempé lui plaisait bien. Derrière eux, deuxième chariot sur lequel voyageaient Cajoline la douce tavernière et son compagnon Renoan, père de P'tit Louis et des trois autres enfants qui tantôt jouaient à l'arrière, tantôt dormaient.

Cette troupe, guidée par la pirate avait franchit les frontières normandes dans la nuit. Au petit matin, ils avaient trouvé les remparts de Dieppe. Premier geste de la rouquine, éviter la ville, continuer à fuir sur les chemins de campagne. Mais un regard vers le reste de la troupe l'en dissuada. Elle s'arrêta. Ils avaient tous besoin de repos. Soupire. Elle aussi, son corps perclus de fatigue réclamait une pause à coups de crampes qui devenaient de plus en plus insupportables. Et elle n'était pas contre une chambre d'auberge et un bon lit à partager avec son amant. Un regard vers Henri, un sourire complice échangé. Parfois, Enored se demandait s'il lisait dans ses pensées ...

Si on entrait en ville ?

Hochement de tête d'Henri, soupire de soulagement à l'arrière la rouquine sourit. Ils avaient tous besoin de ce repos. Par réflexe, la rouquine dissimula sa chevelure rousse sous sa capuche, réflexe qui ne la quittait pas depuis qu'elle avait mis les pieds sur le sol du Royaume de France. Chez elle, les cheveux de feu étaient commun ici ... cheveux roux, yeux verts rimaient avec sorcière... L'Irlandaise flatta l'encolure de son cheval qui reprit sa route. La troupe des Rastignac passa les portes de Dieppe, où ils expliquèrent au lieutenant de guet le but de leur passage. L'homme leur indiqua une auberge. Ils n'avaient plus qu'à trouver l'endroit indiqué. La rouquine était tendue, elle détestait les villes. Elle n'aimait s'y arrêter, trop de gens qui pourraient reconnaitre leur troupe et renseigner ceux qui étaient à leurs trousses, mais il fallait préserver ceux qu'elle s'était juré de protéger même au péril de sa vie.

[hrp]Même s'il semble bien inutile de préciser, RP ouvert à tous tant que les interventions restent cohérentes.[/hrp]

Renoan

Lorsque Renoan entra dans l’auberge, avec P’tit Louis et Henri, sa fille Mélisende, sauta du banc pour lui sauter dans les bras. Il l’accueillit avec un grand sourire, lorsqu’il remarqua le regard de Cajoline. Il se rappela la conversation qu’ils avaient eu sur le fait que la petite le menait par le bout du nez, aussi voulu-t-il faire preuve d’autorité.

Il prit donc un air sévère et de sa voix grave :

Allons Mélisende, tu ne dois pas quitter la table ainsi, sans demander la permission !

Devant le ton de son père, la petite le regarda de ses grands yeux verts et passant les bras autour de son cou lui mumura

Pa’don Papa.

Devant tant de candeur il ne put que s’avouer vaincu et la serra contre lui, levant les yeux au ciel et regardant Cajoline d’un air navré.

Il alla donc s’asseoir, Mélisende d’un coté et Bartholomé de l’autre. Il prit rapidement la main de Cajoline dans la sienne et la serra tendrement. « Merci ». La jeune femme prenait à cœur de bien s’occuper de ses enfants et il ne savait pas comment la remercier.

Puis regardant son petit Barthélémy qui était de l’autre coté de Cajoline, il se mit à sourire, voyant l’appétit avec lequel il dévorait son repas. Il était bien plus gaillard que Bartholomé qui était toujours très effacé.

De l’autre coté, Mélisende, coincée entre son père et Henri, se redressait le plus possible pour qu’on porte l’attention sur elle. Ce qui ne tarda pas à arriver, puisqu’Henri lui proposa une pomme qu’il lui éplucha. Son charme avait encore agi, Renoan en était presque inquiet. La petite d’à peine trois ans, savait déjà user de son charme pour obtenir ce qu’elle souhaitait, si au demeurant cela pouvait amuser, de nombreuses questions se poseraient plus tard.

Renoan chassa de son esprit les problèmes futurs pour s’occuper du présent, et c’est avec appétit qu’il attaqua son repas.

Enored

Elle était loin, très loin de l'auberge normande quand elle entendit la porte. Elle reconnut les pas, loin dans son songe, là où son esprit voyageait, chevauchant avec ses frères à ses côtés. Ses frères, vivants, bien vivants... Dans une sorte de croisement de son présent avec le passé de sa famille. Ses parents les attendaient au bout de la lande, souriants, fiers de leurs enfants ... Sa famille ... de sa famille il ne restait plus qu'elle... et sa famille s'éteindrait avec elle.

Elle revient doucement à l'instant présent. Pas la peine de fuir dans un présent imaginaire qui n'aura jamais lieu. Ses frères lui manquent. Elle pensait qu'avec le temps ... mais non le temps n'y faisait rien. Pourquoi ?

Une présence à ses côtés, sa présence, celle qui emplit sa vie, celle qui lui donne une raison de rester en vie. Henri ... SA raison de vivre.

Fatiguée ou juste songeuse ?

Question qui la ramène complètement à la réalité. Question qui efface son rêve... doux rêve ... Un baiser déposé sur ses lèvres, une main qui écarte une mèche, elle ne veut pas écrire les yeux, pas tout de suite. Un léger soupire.

Les deux. Ces derniers jours n'ont pas été faciles. Et toute cette troupe ... tous ces enfants ... Nouveau soupire, elle décide de détourner le sujet, ne pas aller au fond de la chose. Henri mériterait une vie tranquille, avec une épouse douce et une ribambelle d'enfants ... rien de ce qu'elle ne pouvait lui offrir. Alors autant détourner la conversation. Peut-être qu'un jour ils aborderaient le sujet... peut être pas. Ne pas ouvrir les yeux tout de suite, il lit en elle comme en un livre ouvert quand son regard plonge dans le sien. J'ai pas bien l'habitude. J'sais pas bien comment faire avec tous ... tout ce monde.

Elle ouvre les yeux enfin et croise le regard intrigué d'Henri. Elle tente un sourire. Geste de moins en moins douloureux. Sa blessure guérit doucement. Elle dépose un baiser sur ses lèvres la pirate laissant place à la jeune femme le temps d'une étreinte ...

[Toujours dans un campement entre l’Artois et la Normandie]

Ils pourchassaient. Ils les retrouveraient. Ils les tueraient tous.

Il venait d’avoir les informations qu’il voulait, il connaissait leur destination. Ils avaient de l’avance, mais ils étaient plus lent, nettement plus lent qu’eux. Un éclair noir passa dans ses yeux, un sourire sadique s’esquissa sur son visage, bientôt très bientôt ils seraient à leur merci.

Jean-jean l’attendait à leur campement pendant qu’il prenait les renseignements dont ils avaient besoin. La montagne de muscle avait tendance à ne pas inspirer confiance et à rendre la tache plus ardue, aussi restait-il désormais en retrait. Il savait bien que Jean- jean n’aimait pas ça, aussi il se dépêchait pour ne pas entacher plus encore l’humeur de son compagnon.

En y repensant il était tellement facile et aisé de se faire passé pour plus bête et moins dangereux qu’il n’était, à chaque fois les bobards qu’il racontait étaient prit au sérieux, le coup du frère qui rattrapait ses pauvres sœurs et leurs famille marchait. Ce que certains pouvaient être bête !

Heureusement qu’ils le sont mon Rifkin *susurre doux et exquis à son oreille*
Oui c’est vrai, heureusement *rire *
Regarde ce qui arrive *légère pause pour lui permettre d’apprécier la vue de deux jeunes jouvencelles qui avançaient vers lui * ça plairait à Jean-jean, un p’tit divertissement avant de prendre la route !
*éclat lumineux dans les yeux, vite dissimulé* Oui un petit divertissement ça nous ferra pas de mal
Amuse-toi bien mon Rifkin ! *rire plein de promesses*

"Bonjour demoiselles"

Il s’avança vers les jouvencelles, prenant l’air paniqué d’un futur père inquiet, une voix douce et légèrement feutrée, pour ne pas les effrayer, tout en prenant garde de ne pas trop détailler leurs charmes qui s’exposaient sous ses yeux. Deux jolies brunes, d’environ seize printemps, guère plus, mais aux formes déjà biens pleines. Jean-jean allait être content.

Bonjour

Elles avaient hésité leurs regards s’étaient croisés, elles se demandaient surement ce qu’un étranger comme lui leur voulait. Qu’il était aisé de lire dans leurs esprits si simples et si banals.

Il ne lui fallu guère de temps pour convaincre ces deux écervelées que sa femme allait accoucher, qu'elle l’attendait un peu plus loin, qu’elles pouvaient l’aider en attendant que le médecin qu’il avait prévenu arrive. Son petit air paniqué et angélique à la fois avait fait l’affaire et le voilà qui arrivait au campement une jouvencelle de chaque coté.
Elles se figèrent lorsqu’elles virent Jean-jean, tandis qu’il éclatait de rire, leurs regards s’étaient croisés avec son compagnon de route, ils s’étaient compris sans un mot.

Mon Riri, quel beau cadeau tu m’ ramènes !

Son rire parti rejoindre celui de jean-jean tandis que sa poigne se resserrait sur les bras des jouvencelles, les poussant inexorablement devant lui ne leur laissant aucune chance. Elles tremblaient tellement de peur qu’elles en oubliaient de crier.

J’savais bien qu’un p’tit divertissement te plairait. Vas y choisi !

Il avait dit ça d’un air entendu, un éclat joyeux dans le regard au vu de ce qui allait suivre et le ravir. Jean-jean attrapa l’une des deux jouvencelles par le bras, la tira à lui en murmurant "vient là ma jolie j’va être gentil avec toi" tandis que lui de son coté entrainait la sienne à sa suite un peu à l’écart. Il allait la prendre puis en faire un de ses magnifiques "chef d’œuvre " qu’il aimait laisser derrière lui pour témoigner de son passage…

[Quelques temps plus tard]

Ils s’étaient amusés et il était temps de reprendre la route. Ils récupèrent armes et affaires, montèrent sur leurs montures et reprirent leur chasse un léger sourire sur les lèvres encore remplie du souvenir de ces deux charmantes et délicieuses donzelles dont la vie venait de prendre fin entre leurs mains.

Ils pourchassaient. Ils les retrouveraient. Ils les tueraient tous.

Cajoline.

Restée encore endormie, les yeux fermées, l’esprit encore dans les dernières brumes de son rêve le continuant… bien au chaud dans la chaleur de ses bras, sa joue contre son torse, sa main doucement posée sur sa taille, rester ainsi encore, ne pas se réveiller…peine perdue, elle était devenue trop consciente de son corps si près du sien, de sa chaleur, de son odeur, de tout ce qui l’environne, elle était désormais pleinement réveillée.

Aucune envie de se lever, de reprendre la route, elle resterait bien ainsi dans ses bras, doucement sans s’en rendre vraiment compte sa main lui caresse doucement le ventre, traçant et retraçant le contour de son nombril, lorsque soudain sa main bloque la sienne dans un geste tendre mais ferme.
Elle lève la tête en souriant et plonge son regard dans le sien

Réveillé mon amour

Cajoline

Un baiser tendre, ses bras autour des siens, elle resterait bien là encore, mais les coups à la porte, la voix d’Henri les rappelle à l’ordre. Elle aurait voulu oublier pourquoi ils étaient partis, encore un peu, juste quelques instants pour profiter de la quiétude du moment, mais elle savait bien qu’ils ne pouvaient se permettre de prendre ce luxe plus longtemps. Ils devaient partir, en passant par la ville, ils s’étaient mis un peu plus en danger, ils les retrouveraient plus facilement, difficile de passer inaperçu avec les enfants, les charrettes.

Un dernier baiser rapide. Ils s’habillaient, rassemblaient leurs affaires en silence, un dernier regard à la chambre, ils n’oubliaient rien. Il gagna la chambre des enfants pendant qu’elle descendait.
En bas dans la salle, quelques habitués assis à une table devant leur chopes et le tavernier derrière son comptoir qui la salua d’un signe de tête.

Elle s’approcha de ce dernier, passa doucement une main sur le comptoir, lui rappelant celui qu’elle avait laissé à Dunkerque, et remercia le tavernier pour les chambres. En faisant la conversation avec lui, elle lui glissa doucement qu’ils allaient se diriger vers Orléans. Elle savait que ce n’était pas vrai mais on ne savait jamais...

Renoan était descendu et lui avait laissé les enfants afin d’aller préparer les charrettes, ces derniers s’impatientaient, elle salua donc une dernière fois le tavernier et sortit avec les enfants.
Caddwallon était là, main dans la main avec Edonice, et avec à son bras Cassandre, plus le voyage avançait et plus elle avait l’impression de voir un père avec sa fille et sa femme. Henri et Blandine étaient là aussi. Elle esquissa un sourire lorsqu’elle entendit les derniers mots de Blandine à Henri « vous êtes un magicien alors ? ça peut bien être ça ... ça va bien avec les sorcières les magiciens ... »

Gardez son sérieux, surtout ne pas rire, difficile pourtant surtout lorsque son regard croisa celui passablement surpris de Henri.

Renoan arrivait avec P’tit Louis et les charrettes, diversion opportune pour l’empêcher d’éclater de rire

Allez les enfants, dans la charrette !

Un à un, elle les fit monter dans la charrette, un sourire sur le visage…Enored une sorcière, Henri un magicien, Jean-jean un bon génie qui n’en était pas un, il ne manquait plus que les fée, les lutins, les anges….