Rastignac: le RP
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Rastignac: le RP

L'aventure Rastignac archivée ici. Bienvenue dans l'un des Rp les plus prolifiques des Royaumes Renaissants.
 
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 Chapitre 3 : La Teste-de-Buch

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Cassandre
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Cassandre


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Chapitre 3 : La Teste-de-Buch Empty
MessageSujet: Chapitre 3 : La Teste-de-Buch   Chapitre 3 : La Teste-de-Buch Icon_minitimeDim 24 Fév - 21:43

Le voyage de retour se passa dans un calme relatif. Seuls Jean-jean et Cassandre en furent véritablement conscients. Les autres, bien cachés sous leur déguisement de riche marchand que quelques bijoux de la Comtesse vendus en Artois avait permis d'acheter, se saoulaient chaque soir dans une auberge différente, et se laissaient guider le lendemain par la brute qui buvait pourtant plus que n'importe lequel.
La tranquillité s'arrêta dès la frontière de la Guyenne franchie, dans le premier village qu'ils traversèrent. Jean-jean, s'il ne savait pas lire, fut pourtant intrigué par un parchemin affiché sur la panneau public près de la mairie. En bas, il y reconnaissait sans difficulté aucune, les armoiries de Rastignac. Il arracha aussitôt le document et le mis sous le nez de la nonne.
« Qu'est-ce qui est écrit ? Et mens pas Guillaume et Eudes savent lire. »
Cassandre prit le parchemin en tremblant et le lu silencieusement avant de relever les yeux vers Jean-jean.
« Je ... C'est ... »
La nonne hésitait à répondre à la brute. Elle connaissait ses instincts bestiaux et craignait que l'idiot, d'un coup de colère ne lui broya la tête de l'un de ses poings. Elle cherchait les mots qui pourrait lui éviter la colère du géant, lorsqu'il la saisit par l'encolure de la robe de Comtesse qu'elle portait, approchant son visage du sien. Elle sentit alors le souffle putride du fauve sur elle.
« Tu causes nonnette et vite, ou j'te ... »
Cassandre n'attendit pas la fin des menaces avant de commencer :
« Il s'agit d'un message de mon cousin pour Guillaume, votre chef.
- Ca nonnette, mêm'moi j'le savais. J'te d'mande d'lire pas d'causer. »
La nonne ne chercha pas plus loin lorsqu'elle croisa le regard meurtrier du colosse et lu la missive de son cousin :
« Guillaume le Bâtard,
Un jour tu reviendras en Guyenne pour réclamer quelque chose contre ma cousine, une nonne d'Aristote que tu as enlevée. Comment peut-on être aussi lâche ? Voleur et sans honneur. La noblesse jamais ne faiblira contre tes viles pratiques.
De rançon, jamais tu ne verras une pièce. Contre Soeur Cassandre, nonne d'Aristote, je te rendrai ta ribaude, enfin devenue créature digne du Lui. Le chien que tu es n'a pas de parole, pourtant je te fais une promesse : ta ribaude finira dans l'auge de mes cochons, les seuls qui ne lui ont pas encore appris la rédemption, si tu ne me ramènes ma cousine vivante.
Avec les brigands, on ne s'embarrasse pas de politesse,
Baron de Rastignac. »
Cassandre releva les yeux craignant la réaction de Jean-jean, ne s'attendant pas à le voir se jeter sur Guillaume. Le géant s'empara de son chef d'une poigne ferme et le jeta à bas de sa monture. Le chef brigand, encore enveloppé dans les vapeurs de l'alcool tomba lourdement sur le sol avant de se faire traîner au pied du puits le plus proche.
Là Jean-jean y tira un plein seau d'eau qu'il jeta au visage de Guillaume. Et comme le chef des mercenaires émergeait légèrement il se prit un second seau. Au troisième il hurla :
« Jean-jean ! Arrête ! Tu as intérêt que ce soit grave.
- Lis. »
Le colosse arracha le parchemin des mains de Cassandre et vint l'apporter à Guillaume. Le chef le parcourut rapidement, blanchit d'un coup avant de relever des yeux furieux sur la nonne.
« Jean-jean tu me réveilles tout le monde en moins de cinq minutes, puis galop jusqu'au soir. Nous devrons être à La teste dans moins trois jours, quant à toi ...
- Je n'y suis pour rien ... tenta maladroitement Cassandre qui craignait de plus en plus pour sa vie.
- Je te conseille t'égrener ton chapelet et d'annoner toutes les prières que tu connais jusqu'à ce soir, la halte nous sera plaisante, la pucelle. »
Guillaume insista sur le mot comme un sourire carnassier se dessinait sur ses lèvres et que ses yeux prenaient une étrange lueur. En deux pas il fut près de Cassandre, lui serrant le bras à lui mal comme il la traînait vers son cheval.
« Tu vas déjà avoir un premier étalon entre les cuisses. Tes rêves de fuite seront vain. »
Il lui enserra la taille, sauta derrière elle avant de plaquer fermement une main sur son ventre et annonça le départ comme tout le monde remontait en selle un peu plus trempé que de coutume.

A la halte du soir, Guillaume avait à peine arrêté son cheval que Cassandre avait sauté sur le sol, s'emparant de sa couverture. Elle s'installa dans un coin sombre, près du feu central , mais assez sombre pour pouvoir facilement se faire oublier. Elle craignait le bandit qui n'avait desserrer du trajet, ni les dents, ni son étreinte sur sa taille.
La nonne avait croisé le regard de Gipsi qui avait approuvé de la tête son comportement. Ce soir, la moindre contrariété pouvait lui être fatale. Elle entendait le chef des mercenaires qui hurlait sur Jean-jean pour la sécurité du camp.
« Et tu crois qu'on peut dormir tranquille ! Tas de muscle sans cervelle ! Nous sommes en Guyenne le Baron peut nous tomber dessus à tout moment !
- Les hommes sont crevés. Et j'peux très bien égorger que'ques soldats tout seul.
- J'ai dit en triangle ! C'est clair ! Donc deux autres hommes et vous tournez au milieu de la nuit.
- Pas la peine de hurler. T'es le chef, c'est toi qui sait. »
Entre ses yeux mi-clos, Cassandre vit le géant regrouper les hommes et organiser les tours de garde. Elle oublia un instant Guillaume et réalisa qu'il n'était plus dans son champ de vision. Elle ne comprit que trop tard qu'il était derrière elle, lorsqu'elle sentit une profonde douleur dans son crâne. On la tirait par les cheveux pour la traîner vers le feu.
A ses bottes, elle savait que c'était Guillaume, et lorsqu'il la jeta au sol, elle reconnut les pieds plus petit du Furet.
« Tiens la moi assise, pendant que j'écris à son cher cousin. »
Assise était en fait à genoux aux pieds du chef des bandits, mais pour une fois Cassandre garda sa remarque pour elle. Et lorsqu'elle sentit les doigts crochus d'Eudes entrer dans sa chair, un dégoût lui souleva le coeur qu'elle maîtrisa avec peine. La jeune nonne n'avait pas besoin de relever les yeux pour connaître le regard de haine du lieutenant, et elle voulait encore moins croiser celui de Guillaume. Elle savait qu'elle y lirait une joie sadique de la voir ainsi à ses pieds et une concupiscence qui la révoltait, plus pour sa caste que pour son statut d'épouse d'Aristote.
Elle voyait la luminosité baisser, et imaginait le soleil se coucher lentement entre les grands arbres. Que sera alors cette nuit où le chef des mercenaires lui avait promis le pire. Un frisson la parcourut juste avant que Guillaume ne lui ordonne :
« Lis ! »
En tremblant, Cassandre s'empara d'un parchemin qu'il lui tendait, et blanchit au fur et à mesure qu'elle lisait. Elle allait perdre connaissance quand il la saisit pas l'avant bras la traînant un peu à l'écart. La nonne était pétrifiée et fut incapable de réaction jusqu'à ce qu'il la pousse violemment sur le sol.
« Passons à la vengeance. »
Face au sourire sadique de Guillaume et ses yeux injectés de sang, elle ne sut répondre qu'une seule chose :
« Je n'y suis pour rien ... Je n'ai vu mon cousin qu'une seule fois ... Et je ne connais même pas votre Judith ...
- Tais-toi ! Rastignac va payer ! »
Cassandre en profita pour se relever tout en reprenant :
« Je suis une servante d'Aristote, ne l'oubliez pas. Même vous devez bien respecter ça !
- Sotte que tu es ! »
Il l'attrapa par l'encolure de sa robe qui protesta en se déchirant légèrement.
« Ta précieuse église a envoyé mes parents sur le bûcher et détruit ma famille. Cherche toi un autre argument. »
Ses yeux se posèrent alors sur la peau blanche qui venait d'apparaître par la déchirure et Guillaume laissa monter ce désire qu'il avait d'elle. Il la pressa contre lui, déposant ses lèvres gourmandes à travers la nouvelle ouverture. Cassandre réagit de suite et le gifla de toutes ses forces. La réponse de Guillaume ne se fit pas attendre. Son poing s'abattait sur le visage de la jeune femme qu'il lâchait pour qu'elle s'écroule à ses pieds.
La nonne s'écroula lourdement sur le sol, comme elle sentit le goût du sang envahir sa bouche. Elle n'eut pas le temps de compter si elle avait perdu une dent sous le choc, Guillaume s'abattait sur elle, avec une rage qui la fit basculer dans le désespoir.
Comme il abattait sa main sur l'échancrure qu'il agrandissait encore, Cassandre se mit à hurler de toutes ses forces. Il se redressa un instant, se délectant de son visage aux abois avant de plonger la tête dans son cou comme une main remontait lentement sa jupe sa jupe.
Les cris d'appel au secours se turent bientôt, la nonne savait que personne ne viendrait et les larmes les remplacèrent avec les suppliques :
« Je vous en prie ... Ne me faites pas de mal ...
- Tu n'allais pas rester vierge toute ta vie !
- Mais je suis une Nonne ...»
Éclat de rire comme sa main atteignit enfin la limite du bas de laine, touchant avec délectation la cuisse chaude de Cassandre.
« Ta peau est douce la nonne. »
Il se redressa comme sa main avait fini l'exploration de la cuisse. Il voulait lire sur le visage de la jeune femme son désespoir à chacune de ses caresses et peut être même y voir la folie quand il ferait d'elle une femme.
Pourtant, il arrêta sa main, le souffle coupé par la vision qu'il avait. Cassandre cessait en cet instant d'être la nobliaute hautaine ou la nonne intouchable. Elle n'était plus qu'une femme, trop belle et trop émouvante. Le regard du bandit s'attarda sur ses traits doux que le violacé du coup renforçait. Les yeux bleus de la nonne semblaient deux étoiles trop brillantes en raison des larmes qui y coulaient. La lune faisait briller ses cheveux qui semblait presque argenter, donnant à l'ensemble une pureté qui frappa le mercenaire.
Cassandre ne bougeait plus depuis qu'il la détaillait. Un espoir insensé s'était glissé en elle, et la seule chose, qu'elle trouva à faire était de prier mentalement Aristote.
Guillaume sortit de sa torpeur et lui saisit brutalement la gorge, ne laissant à la jeune femme qu'un mince filet d'air. Cassandre ferma les yeux, ne voulant plus voir ce regard de prédateur la fixer.
« Écoute moi bien la nonne, je ne le dirai pas deux fois. Lorsque tu regagneras le camp, tu feras comme si je t'avais faite mienne ... »
Elle n'écouta plus rien un instant, s'arrêtant sur le « comme si ». Il n'allait pas le faire. Elle aurait presque sourit si elle n'avait sentit son autre main se poser sur son bas ventre et descendre doucement.
« Une seule parole qui laisserait entendre le contraire et je te prends devant mes hommes avant de t'abandonner à eux et de te vendre à une maquerelle de mes connaissance. Clair ? »
Cassandre hocha péniblement de la tête, comme elle sentit la main de Guillaume quitter son entre jambe pour se saisir d'une lame à sa ceinture. Elle crut un instant qu'il allait l'en menacer, lorsqu'elle le vit s'entailler légèrement le bras et faire tomber quelques gouttes de sang sur sa robe avant d'en déchirer un morceau.
« Pour ton cousin. »
L'instant d'après il se releva d'un bond, ne lui accordant plus un seul regard, regagnant à grand pas le centre du campement. Alors qu'elle songeait à un affront de plus comme elle pleurait de soulagement sur son lit de mousse, lui fuyait le désir qu'il avait d'elle, craignant de ne pouvoir tenir sa promesse plus longtemps.
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Cassandre
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Cassandre


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MessageSujet: Re: Chapitre 3 : La Teste-de-Buch   Chapitre 3 : La Teste-de-Buch Icon_minitimeDim 24 Fév - 21:46

De bon matin, allant tirer de l'eau au puits pour la cuisine, Fanchon découvrit un paquet dans la cour du château. La flèche plantée dans le sol indiquait la manière dont il était arrivé. La gouvernante ne savait guère lire, mais elle parvenait à identifier les mots « Baron de Rastignac » quand elle les voyait.
Elle avait à peine prit le pli que déjà elle entendait la voix de son Seigneur tonner après elle. Elle déposa son paquet sur un coffre avant d'entrer, ne sachant encore l'humeur du baron ce matin là.
« Ah ! Quand même ! Où étais tu encore partie traîner ? Ma pauvre Fanchon, tu n'es vraiment bonne qu'à te faire culbuter dans une meule de foin. »
La servante retint des larmes qui lui vinrent aussitôt aux yeux. Il n'y avait jamais eu que lui et les hommes dont il lui ordonnait de s'occuper qui avait connu ses faveurs. Et si le Baron avait eu le moindre doute, la gouvernante en aurait finit avec cette vie de misère. Elle tenta pourtant de se défendre :
« Mais messire ...
-Tu oses me répondre, maintenant, souillon ! Répète un peu pour voir ? »
Il avança vers elle, la cravache brandie, un sourire sadique sur les lèvres. Avec les années, elle a appris à connaître toutes les réactions de son Seigneur, et sait pratiquement pour chacune avoir l'attitude qui convient le mieux. Devant la cravache, elle baisse les yeux.
« J'vous supplie d'me pardonner mon Seigneur, ne m'frappez point, j'vous d'mande pardon.
- Ne te ravise jamais de me répondre. Va me chercher Garett. Il est rentré hier soir et déjà sans nouvelle de ma cousine cet incapable. Encore pire que toi. File !
- Bien messire. »
Une courbette, et déjà elle était repartie, reprenant son souffle dans le couloir. Elle n'avait pas eu droit à la cravache, ce matin, Garett allait passer un mauvais moment. Elle interpella sa fille qui passait :
« Marion, va chercher l'Garett, le baron l'demande. »
Fanchon souriait, elle et lui se battait la première place dans l'influence du Baron et tant qu'il ne retrouvait pas la cousine, son crédit se réduisait comme peau de chagrin. Elle s'apprêtait à partir pour les communs, lorsque ses yeux se posèrent sur le paquet, abandonné avant d'entrer. Elle s'en saisit, se doutant que ce n'était pas une bonne nouvelle pour qu'une flèche l'ai déposé, frappe et entre à nouveau.
« Tu es encore là toi ! Et Garett ! Mordiou, je ne dois pas parler françois !
- Il arrive Seigneur, mais j'ai trouvé c'paquet pour vous ...
- Mais donne, empotée ! »
Le baron le lui arrache des mains avant qu'elle ne sorte, s'arrêtant juste derrière la porte pour savoir de quoi il en retourne. Rastignac ouvre le paquet et n'y voit qu'un bout de tissu tâché d'un peu de sang.
« Qu'est ce donc encore que cette farce ? »
Il décachète la lettre avec agacement:
« Baron de rase tignasse de mes deux !
Ta missive m'est parvenue. C'est donc cela la noblesse ? Couardise et vilenie. Si je croyais en Aristote, je le remercierai de m'avoir épargné une particule. Tu veux ta cousine de nonne contre le corps de ma Judith ? Tu refuses de payer rançon pour ta parente.
Soit. »
Au fur et à mesure qu'il lisait le texte, il blanchit, serra la mâchoire, faisant grincer ses dents.
« J'arrive. Mais je ne sais si ta nonne aura encore envie du couvent. Depuis hier je l'ai faite femme. C'est son sang qui a maculé le morceau de robe que tu vois. C'est ma première nonne, et je te remercie. Elle a beaucoup crié lorsque j'ai déchiré sa robe, hurlée quand je l'ai pénétrée. Puis crié à nouveau mais pas de douleur. Elle est de ta famille, pour sûr ! Du sang de chienne coule dans ses veines ... Je l'ai prise tant de fois que je ne peux même plus les compter. »
Froissant avec fureur la missive il la jeta au sol.
« Je ne l'ai pas encore donnée à mes hommes, je le ferai si j'apprends qu'on a souillé le corps de Judith. Elle finira dans un bordel pour soldats, et je ferai savoir à l'hérauderie que c'est à toi qu'on le doit, révélant tes autres méfaits au passage. Je ne ferai pas de quartier, et tu pourras faire une croix sur les tiens.
Je ne te salue pas non plus.
G. »
A défaut de mieux, la cravache frappa violemment le bureau, puis il recommença de plus en plus vite, de plus en plus fort, comme il hurlait :
« Guillaume, sale bâtard, enfant de putain, je vais te faire regretter d'être né ! Je vais te castrer et te les faire manger ! Parole de Rastignac ! Tu me suppliera de t'achever lors de ton agonie. »
En quelques enjambées, il ouvre la porte, Fanchon n'ayant que le temps de se cacher derrière le coffre, un sourire jusqu'aux oreilles.
« GGGGAAAARRRREEEETTTTTTTTTTTTTT !!!!!!! ICI !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! »

La Teste-de-Buch. Ils étaient enfin parvenus à revenir dans la ville où tout avait commencé. Cassandre ne savait si elle était soulagée ou pas d'arriver. Depuis la nuit, deux jours plus tôt, où Guillaume aurait dû la violer pour s'en tenir aux menaces faites au Baron, elle évitait de se faire remarquer.
Elle devait agir comme s'il l'avait faite sienne, mais elle ignorait alors ce qu'elle aurait fait, et préférait donc passer pour absente. Guillaume l'ignorait complètement à présent, l'obligeant seulement à dormir sous sa couverture. Il la tenait près de lui sans un mot, sans un geste de plus.
Comme ils s'arrêtaient dans une clairière pour établir leur camp près d'une rivière, Cassandre qui descendait péniblement de cheval, ne vit pas Guillaume approcher. Il lui saisit le bras, la prévenant à voix basse :
« Ho, pucelle. Ta libération approche peut-être. Mais ne te réjouis pas trop vite, rien n'est acquis. »
Cassandre ne savait que dire et se contentait de l'interroger du regard.
« Tu n'as pas besoin d'en savoir plus pour le moment. Si tout se passe comme prévu, tu garderas ta virginité et retrouveras ton couvent. »
Guillaume la regarda vraiment pour la première fois depuis la nuit de l'agression. Le vent courait dans les cheveux de la nonne, faisant voler ses blondes boucles, l'obligeant à plisser les yeux. Le brigand était perplexe. Il avait connu des filles, des pas prudes, des qui savaient s'y prendre pour faire tourner la tête (et le reste !) des hommes. Celle là l'attirait parce qu'elle le fuyait avec obstination. A son corps défendant, il n'était plus obsédé par Judith. Leurs chevauchées en tous genres, sur les sentes ou sur des lits de mousse, n'étaient plus insupportables à évoquer. Puis, le vent tomba, et la raison lui revint. Il réclamait vengeance. Sourire sadique.
« Enfin ton pucelage, on verra. Après tout, pour tout le monde, je t'ai déflorée . Alors pas de coups fourrés. »
Il tapota doucement, mais sans se départir de son sourire, la joue tuméfiée encore de la nonne.
Jean-jean avait supervisé l'installation du campement, comme à son habitude, mais cette fois en ronchonnant. Il en avait plus qu'assez de ces chevauchés à travers le royaume qui ne lui rapportaient pas un écu et qui le faisait dormir seul. En chemin il avait pu vendre les bondieuseries de l'église de Tulle, et regardait donc sa bourse remplie avec plaisir. De quoi s'amuser en taverne, en vin et en filles. Et s'il n'y avait pas de ribaude dans le coin, il saurait bien convaincre une ou deux donzelles de le rejoindre. Un peu de résistance n'était pas pour lui déplaire.
Le guerrier s'approcha de son chef, apparemment, il en avait fini avec la nonne.
« Guillaume,j'vas respirer l'air du temps dans l'patelin. »
Une main caressante sur sa hache et un clin d'oeil à la nonne, Jean-jean enfourcha sa monture afin de poursuivre sur la route du hameau, un oeil sombre sur le castel au loin qui se dessinait.
Guillaume fit la moue en voyant Jean-jean quitter le camp. Le lieutenant avait d'indéniables qualités s'il s'agissait de pourfendre, marteler, assoner, écarteler assommer, torturer, terroriser, enlever, martyriser... Mais en matière de discrétion, on faisait mieux que lui. Il haussa des épaules. Après tout, il avait annoncé sa venue au baron, et nul doute que celui-ci s'y était préparé. Jean-jean en ville, c'était le meilleur moyen de faire savoir que la troupe était là. Et le guerrier saurait bien se débrouiller pour rentrer.
Mais une autre idée germait dan son cerveau. Le baron avait quatre filles...
« Eudes ! le furet! »
Une ombre se glissa.
« Guigui?
- Suis Jean-jean. Mais laisse le se débrouiller. Je veux tout savoir sur les quatre enfants du baron. »
Le furet sourit. Il n'était pas nécessaire de lui faire de longs développements.

Rastignac faisait les cent pas en attendant le retour de son incapable d'intendant. Pour tromper l'ennui, il reprit la lettre, la défroissa et la relit. Sa rage se transforma en fin sourire.
Il revit les derniers instants de celle qui avait crut pouvoir le trahir impunément. Judith qui s'était faite sa maîtresse pour lui dérober son bien, pour le compte de celui qu'elle aimait. Elle l'avait hurlé qu'elle l'aimait son Guillaume quand elle croupissait dans sa cellule. Avant de hurler de rage, de frustration, puis de douleur quand après l'avoir une dernière fois prise de force en une ultime humiliation, il l'avait livrée à ses soudards, pour qu'ils en usent et en abusent à leur gré avant qu'elle ne meurt. Il entendait encore ses malédictions, qui l'avait fait rire quand il s'en était allé, l'abandonnant aux pires perversités que l'esprit peut engendrer chez ce type de brutes sans pitié.
Mais tout cela il le gardait précieusement pour l'annoncer en détail dans les yeux de celui qui osait à nouveau le défier. Il sourit de plaisir anticipé en imaginant le mal qu'il lui fera en lui racontant les derniers instants de celle qu'il aimait.
Il arborait ce sourire mauvais aux lèvres quand enfin Garett entra dans la pièce.
« Seigneur tu m'as fait mander ?
- Oui Garett ! Ce bâtard de Guillaume que tu es incapable de retrouver, va revenir, de lui même. Il nous faut réunir quelques vaillant gaillards en plus de tes hommes, pour lui faire passer le goût de pain à lui et ses amis ! Va en ville et recrute moi ce qui se fait de mieux , soit pas regardant, ratisse large du plus noble à la pire des canailles, tout ceux que l'or saura motiver. »
Comme détail supplémentaire, il tendit à son âme damnée, la missive de Guillaume avant de lui envoyer une bourse pleine d'or pour sa besogne.
« Va, fais vite, je pense qu'ils ne tarderont pas. »
L'homme partit, le souvenir de sa vengeance et la préparation de la suivante, l'ayant mis d'humeur gaillarde, Rastignac sonna de nouveau la Fanchon.
La gouvernante sursauta en entendant de nouveaux sonner le maître. Elle savait dans quelle humeur il était, et elle songeait encore à sa cravache. Elle y avait goutté plus d'une fois, et instinctivement son dos lui fit mal. Elle garderait toujours quelques cicatrices, souvenir des fois où il frappait trop fort.
Une jeune fille entra dans la cuisine, portant un seau trop lourd pour elle. Fanchon aurait bien aimé l'aider mais elle n'en avait plus le temps si elle ne voulait voire s'accroître la fureur du baron.
" Pose l'seau près d'l'âtre Marion. J'm'en occuperai plus tard. En attendant, épluche les légumes.
- Oui, mère."
Fanchon sourit à sa fille avant de fermer la porte de la cuisine et de se rendre près du baron. Sa pauvre petite Marion, à la cuisine alors qu'elle devrait...
La servante jeta un regard sur le jardin où les quatre filles de Rastignac profitaient des derniers beaux jours avec leur servante. La grande salle était maintenant devant elle, et courbant l'échine, elle y entra, yeux baissés, voix apeurée :
« Mon seigneur m'a mandée ? »
Regard qui se lève vers le baron, rencontre d'un sourire sur ses lèvres, un long frisson parcourt la servante
Rastignac sourit, se délectant de l'air apeuré de sa servante. Elle le connaissait si bien ...
« Oui Fanchon, j'ai été dur avec toi tout à l'heure, ce courrier qui m'avait mis hors de moi. »
Il s'approcha de la jeune femme qui a relevé les yeux, comprenant ce qui allait se passer. Du bout de la cravache, il releva son menton mais sans brutalité cette fois. Il s'approcha encore, la saisissant prestement par la taille, pour l'attirer à lui.
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Cassandre
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MessageSujet: Re: Chapitre 3 : La Teste-de-Buch   Chapitre 3 : La Teste-de-Buch Icon_minitimeDim 24 Fév - 21:47

La brute et le sadique s'éloignaient à peine que Cassandre s'inquiéta pour les filles de son cousin. Certes ils étaient des brigands, des pilleurs, et ils aimaient à perdre leur temps dans les bras des ribaudes. Mais des enfants ? Ils n'allaient tout de même s'en prendre à quatre fillettes innocentes après une nonne fraîchement sortie de son couvent.
"Que comptez vous faire de ces enfants ?"
Sa voix, devenue haut perché, était plus un cri d'angoisse qu'une question. Aussitôt un rictus apparut sur le visage de Guillaume, une lueur maligne dans le regard.
« Le destin d'une nonne n'intéresse pas ton Rase Tignasse, cousine à peine, et de basse noblesse. Peut-être le sang de son sang le laissera-t-il moins indifférent, quoi que je n'en sois même pas certain, mais le jeu en vaut la chandelle. Je veux les quatre. J'en égorgerai deux, l'aînée de mes mains propres. »
Il s'interrompit, regardant ses pognes terreuses.
« Enfin, propres, c'est à voir.
- Vous êtes...
- Ignoble, oui je sais, tu te répètes pucelle... mais les flatteries n'ont pas prise sur moi. J'en donnerai peut-être une à Jean-jean avant de les saigner, il a des goûts particuliers. »
Il soupira.
« Pauvre fillette. L'est membré comme peu d'hommes, Jean-jean. La nature a été généreuse avec moi, mais je ne puis m'aligner contre lui. Il va la déchirer. Enfin... On saura en Guyenne et ailleurs qu'on ne s'amuse pas avec ma compagne impunément. »
Cassandre crispa les poings, serra les dents mais ne se tut pas cette fois. Elle avait encore mal à la joue où il l'avait frappée l'autre nuit, mais si en Flandres elle n'avait osé s'opposer aux mercenaires pour le petit Comte, là pour les filles de son cousin elle ne pouvait plus se taire.
"Vous êtes un monstre, une créature du Mal ! Je souhaite vous voir balancer au bout d'une corde et j'espère bien qu'avant le bourreau amusera la foule et qu'on vous entendra couiner."
La nonne était hors d'elle et oubliait toutes les pensées charitables qu'on lui avait mis dans le crâne depuis 14 années. Et comme déjà elle savait qu'il allait la railler, elle prit les devants, se pencha, et profita de ce qu'il n'était plus que tous les deux dans le campements pour l'agresser. Elle leva bien haut son bâton improvisé et lui fonça dessus. Elle ferma les yeux puis abattit son arme droit devant elle. Lorsque Cassandre rouvrit les paupières, son bout de bois s'abattait sur l'épaule du brigand.
« Garce ! »
Elle levait à nouveau son bâton, mais elle n'eut pas le temps de l'abattre à nouveau sur lui. Il commença par lui décocher un coup de pied dans le tibia. Un coup de poing suivit, juste dans sa poitrine. Déjà il était derrière elle, sa dague sous son cou.
« Tu vas le payer, chienne. »
Il s'attendait à un coup de coude dans le ventre, avait durci ses abdominaux, encaissa sans broncher quand il arriva. La lame se fit plus pressante, caressant la carotide de la nonne.
« Douc'ment pucelle, douc'ment, un geste de travers et j' te saigne comme une truie. »
La lame, toujours, avait besoin d'agir. Elle taillada le corsage et le corset, découvrant une poitrine parfaite. Sans les voir, il devinait des larmes qui s'écoulaient.
« Gipsi, un collet! c't'un gros lièvre que voilà...
La fine corde métallique enserra vite le cou de la nonne. Guillaume en ajusta la tension, s'arrêtant comme le sang perlait. Il regarda, forçant à dessein un sourire sardonique, un filet qui rougissait le torse et la blanche poitrine de Cassandre.
« Tu es à moi, nonnette. A moi. Et j'ai d'autres projets pour toi que d' te laisser m'assommer à coups de bâtons. Tu d'vais être la gouvernante des baronnettes ? Tu t'en occuperas bientôt. Mais pas au castel. »
Tournant le visage de la nonne vers lui, il posa sa bouche sur la sienne. Le dégoût qui se peignait sur le visage de Cassandre l'excitait.
Encore un baiser, un baiser arraché, ses premiers et seuls baisers. Plus il la salissait, plus il l'humiliait et plus il était heureux. Pourtant il aurait beau faire, rien ne ramènerait sa ribaude. Pourtant au moment où Guillaume avait posé ses lèvres sur les siennes, alors que la rage l'envahissait, elle avait senti son corps tressaillir. Cassandre savait qu'il était en train de la trahir, que sa jeunesse était en train de réclamer ses droits, un instinct que des années de couvent ne pouvait effacer.
Guillaume l'avait lâchée et aussitôt c'était son esprit qui reprenait le dessus. Comme elle resserrait le pan de son corsage, elle hurlait :
"Pourceau ! Immonde gueux ! Adorateur du Mal !"
De sa main qui ne retenait pas le linge fin sur sa poitrine, elle essuya un peu du sang qui se rependait de sa gorge.
"Le sang, les armes, la violence, vous n'avez que ses mots à la bouche ! Mais quel courage ! Après une nonne, ce sont quatre enfants que vous menacez. On aura jamais vu plus brave que vous ! Lâche !"
Il pouvait bien à nouveau la frapper, elle ne se tairait pas. Aristote ou plutôt sa colère, lui donnait la force de lui tenir tête.

On frappa à la porte, le Baron dut relâcher Fanchon, l'air agacé.
« Oui quoi encore.
- Un homme qui souhaite vous parlez pour l'embauche, Seigneur.
- Oui fait le entrer. Et toi, reviens me voir dés qu'il sera parti. »
Une rapide caresse, un frisson que Fanchon ne put contrôler et déjà on la congédiait. Une petite révérence et elle rencontra dans le couloir l'homme qui venait rendre visite au Baron. Elle s'accorda un regard vers l'étranger. S'il était venu pour affaire, plus d'une fois elle avait servi d'arrangement entre les deux parties et elle savait ce qui l'attendait.
Comme elle gagnait la cuisine, elle repensa à sa rencontre avec celui qui était maintenant son maître. Au printemps de ses 14 ans, elle avait rencontré la course du cheval de Rastignac et elle avait eu l'honneur de lui plaire.
Moins d'une heure plus tard son père l'avait vendue à son Seigneur contre quelques écus. Elle était encore en train de poser ses maigres affaires dans un coin de la cuisine qu'on lui avait octroyé qu'il en avait fait une femme. Elle se souvenait de l'humiliation devant les domestiques qui poursuivaient leur tâche, de ses pleurs ensuite et du travail toujours.
Le service, les coups, le plaisir, la souffrance, elle subissait ce que d'autres aussi enduraient, mais elle avait le privilège d'être la favorite. Il revenait toujours vers elle, avec plus de fougue quand il l'avait délaissée un temps pour une jeunette.
Fanchon arrivait à la cuisine, sa fille avait pratiquement fini de peler les légumes, regardant sa mère avec fierté :
"J'ai tout fini ! Je deviens plus rapide. Je serai bientôt une servante à part entière."
Une crainte alors vint dans l'esprit de Fanchon. Une servante ? Le Baron oserait-il un tel pêché ? Mettre sa petite Marion dans son lit ?
Décidément cette journée n'était que contrariété pour le Baron, voilà qu'au moment où il avait envie de prendre un peu de bon temps, un mercenaire recruté par Garett se présentait. Il ne pouvait déléguer à personne de recevoir cet homme. Qu'il vienne vite, qu'il règle cette affaire rapidement, qu'il puisse ensuite satisfaire son plaisir.
En attendant qu'on fasse monter l'homme, Rastignac se remémorait les bons moments avec Fanchon, il savait qu'elle le craignait, mais il aimait lire dans ses yeux la crainte mélangée peut être à un peu de haine. Elle savait diablement s'y prendre, mais elle n'était plus aussi jeune et fraîche que les nouvelles servantes. Sa fille par contre promettait d'être une beauté , d'ici quelques années peut être ...
Manasses fut amené devant le baron. Il se présenta, tranquillement, le regard sévère. Il jugea le Baron qui semblait de la trempe de Manasses, un homme qui ne s'encombrait pas de principe ni de valeur stupide.
« Bonjour Baron. J'ai rencontré votre intendant et je pense pouvoir vous être utile mais il va falloir y mettre le prix. »
Manasses gloussa et adressa un sourire féroce au baron.
« Le meurtre n'a plus de secret pour moi, j'étais autrefois de haut rang jusqu'à ce que j'incendie ma demeure et mes serviteurs avec. L'hérauderie a semble-t-il jugé cet acte indigne de mon rang, vous savez à quel point ils peuvent être rabat joie au sein de cet institution de pédérastes sans cervelle. »
Le tueur gloussa de nouveau. Manasses passa une main dans ses cheveux noirs, réajusta sa cape bordeaux et la broche en or qui la maintenait en place, puis fixa le baron de son regard dément.
Le Baron écouta avec attention l'homme, l'élocution était aisée, les manières étaient bonnes, pas un ruffian en tout cas.
« Le prix m'importe peu je veux que leur chef périsse de ma main dans d'atroces souffrances, je veux lire dans ses yeux le désespoir quand je lui compterai les derniers moments de celle qu'il aimait. Pour le reste vous agirez comme bon vous semble, les détails n'importent peu. Marché conclut messire. A vous d'embaucher désormais les gaillards dont vous aurez besoin. Mon intendant vous réglera ce dont vous avez besoin. Sommes nous d'accord ? »
On frappa à nouveau à la porte.
« Oui, quoi encore !
- Seigneur un autre homme qui vient pour être pris.
- Mouais c'est bien, dis lui d'attendre en bas, messire Manasses, mon nouveau lieutenant va s'occuper de le recevoir. Fanchon désormais c'est à cet homme quand il sera au château qu'il faudra présenter ceux qui viendront pour l'embauche. Fait lui préparer une chambre par Berthe et qu'elle se mette à son service également. »
La soubrette disparut après une légère courbette. Le baron haussa la voix.
« Et n'oublie pas de revenir quand notre nouveau lieutenant sera parti. »
Se tournant vers Manasses,
« Vous dormirez au château , vous aurez une chambre et Berthe à votre service. Les autres seront logés dans l'aile nord, dans des chambres de mes serviteurs. Ha au fait, Berthe, pas trop laide et pas trop farouche, si elle vous tente, ne vous en privez pas. Faut bien que ces gueuses nous donnent du plaisir, à défaut d'autre chose. »
Des hommes aux allures qui ne plaisaient guère à Fanchon ne cessaient de venir au château ce jour. Sûrement la réponse du Baron au courrier du Guillaume. Que d'histoire pour une ribaude qui avait garnie leur deux lits, pour des biens qui étaient en fait ceux volés au Comte et pour une nonne qui n'était point là pour l'éducation des petites.
Elle le savait, il lui avait suffit de voir cet éclat dans les yeux du baron pour savoir que la place de la nonne ne serait pas à l'étude mais dans la couche du maître.
"Sa cousine ! Et nonne de surcroît. Il faut qu'je mette ma Marion au plus vite à l'abri."
Déjà elle courait en cuisine prévenir Berthe qu'elle était au service du nouveau lieutenant. Elles savaient toutes les deux ce que cela signifiaient, et Berthe aussi soumise qu'elle, partait déjà faire la chambre du nouveau, seul un soupir s'échappa de ses lèvres. Fanchon courut ensuite prévenir le second homme que le nouveau lieutenant le recevrait. Puis cavalcade dans les escaliers pour revenir dans la grande salle. Le lieutenant était -il sorti ? Le baron l'attendait-il ? Elle ne savait trop et connaissant son maître, elle préféra le déranger plutôt que le faire attendre. Elle frappa à la porte et attendit la réponse.
L'homme était repartit prendre ses quartiers guidé par Berthe.
« Entre Fanchon, ferme la porte et approche. »
La servante s'exécuta, referma la porte derrière elle et tira le loquet. Elle s'approcha, un peu sur la réserve, ne sachant si la mauvaise humeur du Baron est dissipée ou non.
« N'aie crainte ma fureur est retombée, tu sais comme je suis, emporté. Mais tu as le pouvoir de calmer mes colères. »
Il posa sa cravache sur le bureau en signe d'apaisement, il avait envie d'elle, aimait voir la crainte dans son regard, mais aussi le désir. D'une main il tira sur le cordon qui nouait son corsage, le regard devenu brillant, les mains brutales s'étant faites par miracle caressantes. Le désir était trop fort pour qu'il patiente plus longtemps, il la dénuda, la fit sienne sur le bureau .
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MessageSujet: Re: Chapitre 3 : La Teste-de-Buch   Chapitre 3 : La Teste-de-Buch Icon_minitimeDim 24 Fév - 21:49

Jean-jean avait lancé son cheval au grand galop en direction de la bourgade tant espérée. Il n'avait pas remarqué le furet qui le suivait de peu, et s'en allait gaiement faire un repérage discret pour Guillaume. Une mission fort délicate pour une fois.
Le guerrier arriva en ville, un peu essoufflé, et se trouva alors face à une ville inconnue, où il voulait rester discret tout en obtenant quelques réponses à ses questions. Il hésitait sur la route à suivre lorsqu'il passa devant ce qui pouvait être le poste de garde de la bourgade.
Il réfléchit rapidement et après un bref rappel des dernières semaines, il cru se rappeler n'avoir encore commis aucun acte répréhensible en Guyenne. Il se décida donc à rentrer dans le bâtiment, pliant sa carcasse pour franchir la porte basse.
Il tenta de se souvenir de ses meilleures manières avant d'ouvrir la bouche, sans se préoccuper tout de même de ceux qui pouvaient être avant lui dans la pièce.
"B'jour à l'assistance. J'recherche le Baron de Rase Tignasse qu'a un château dans l'coin. Savez où ?"
Jean Jean était fier de lui, il avait été poli et fait une belle phrase. Il impressionnait lui même et Guillaume sera fier de lui.
Le sergent qui était de permanence au poste vit un géant hésitant rentrer dans le poste et le regarda un instant avec méfiance, la main sur son épée. En entendant, si simple question, il se détendit, songeant qu'il s'agissait d'un pauvre bougre que le Baron allait encore employé.
« Bonjour... Le Baron de Rase Tignasse s'appelle en faite Rastignac. Il demeure au Castel du même nom, à la sortie de la ville. Vous n'en aurez pas pour longtemps avec un cheval. »
Jean-jean était surpris. Pour la première fois de sa vie, il avait demandé plutôt que pris et il obtenait le résultat escompté. Il pensa alors que le Chef n'avait peut-être pas toujours tort quand il prétendait qu'il fallait qu'il réfléchisse un peu plus.
"J'vous r'mercie bien l'ami. La bonne journée chez vous."
Ça c'était l'expression de Guillaume, il l'avait toujours trouvée trop chic pour lui mais c'était la seule qu'il connaissait. Jean-Jean était à nouveau dans la rue et hésitait entre regagner de suite le campement ou glaner quelques informations supplémentaires.
"Le Baron de Rastignac... Où qu'on pourrait le connaître..."
Préférant ne pas trop rester exposé aux regards, il entra dans la première taverne venue, serrant contre lui sa bourse bien remplie de l'église pillée dans le Limousin. Il allait s'asseoir seul au comptoir pour avaler quelques bière, lorsqu'il croisa un regard qui ne lui était pas étranger.
Non pas qu'il connut l'homme qui le regardait, mais il savait la réaction normale d'un paysan qui le croisait. Celui là ne plongeait pas le nez dans son verre, mais le scrutait, tentant de jauger la force de l'homme. Sa compagne, une petite blonde a l'air bien trop dégourdi pour élever une nichée de mômes dans une ferme crasseuse, lui inspirait tout autant confiance.
Jean-jean gagna leur table, paya quelques verres, échangea avec eux quelques mots et contre belle récompense, gagna quelque peu d'attention. L'affaire était entendue, ils allaient le suivre jusqu'au camp et voir avec Guillaume s'il y avait moyen de s'entendre.
Le géant, fier de lui, sortit de la taverne, non sans avoir quelque peu bousculé la jeune serveuse, qui un instant fugace lui rappela une autre personne ...

Un môme courrait à travers les rues de La Teste-de-Buch. Soudain sans le vouloir vraiment, il se retrouva en rase campagne. Sur le bord du chemin il s'arrêta un instant pour regarder un vol de grives se poser dans un champ, il sifflotait quelques paroles de chansonnettes entendues ça et là. Suivant les oiseaux, il s'enfonça à travers champs jusqu'à une haie épaisse dans laquelle il espéra trouver des oeufs de caille. C'était son péché mignon, gober les oeufs encore tièdes. Alors qu'il farfouillait dans les buissons, il entendit soudain des cris et une grosse voix. Il arrêta aussitôt, tremblant de tout son corps. Ce n'était pas de bon augure des choses pareilles ... Il n'osait plus bouger un petit doigt de peur qu'une branche ne se rompe sous son poids. Doucement , il s'accroupit dans la haie et retint sa respiration : Guillaume venait de jeter la nonne à terre, furieux.
« Sang, oui! violence oui! Cause's en à ton Aristote, j'étais dans une famille de paysans, et heureux, avant qu'on vienne tout nous prendre. Alors je vole, mais ne viole pas. J'enlève, mais ne tue que si c'est nécessaire. Ton cousin, lui, noble, homme ... d'honneur »
Il s'interrompit pour cracher à terre.
« Lui vole mais n'a pas le courage de s'afficher brigand! Il force les filles, et dès leur plus jeune âge, mais on le voit à l'église, arborant son blason. Ah! la belle noblesse que v'là. Pourquoi Judith est-elle morte ? Parce qu'il n' a pas supporté qu'on l'ait ridiculisé. Qu'elle a dû lui cracher à la figure qu'elle n'avait fini dans son lit que par intérêt, et qu'elle s'y est ennuyée... Et dis toi bien une chose, si tu es toujours vierge, ce n'est pas par respect ou peur d'Aristote, je ne le respecte ni le crains. Mais ne me cherche pas trop non plus. Tu es belle et désirable, et il faut un début à tout. Jamais violé, non. »
Soudain, ses sens furent en éveil. Le silence l'avait alerté. Des oiseaux avaient cessé de chanter, indifférents pourtant il y a peu à leurs démêlés. Il sentait une autre présence. On les épiait. Un doigt sur la bouche, il fit signe qu'on inspecte les environs. Les hommes du baron étaient-ils déjà là? Comme ses hommes s'affairaient, il tira la nonne par les cheveux, l'obligeant à se relever.
« Va pars ainsi le retrouver ton cousin. Poitrine à l'air et collet de lapin autour du cou. Et s'il te viole, tu regretteras le brigand. »
Cassandre ne bougeait plus, sinon les larmes qui coulaient sur son visage. Du regard, elle le suppliait. L'humiliation était grande. Il s'en rendit compte.
« Bien, j'ai une proposition à te faire. Retourne au château, mais vêtue de manière convenable. Tu peux sauver la vie de deux fillettes. Mais tu seras mes yeux et mes oreilles là-bas. J'ai déjà un homme sur place. Il saura si tu me trahis. Et si c'est le cas, tu auras la mort des gamines sur la conscience. Pas de deux, des quatre ... »
Il la lâcha. Apparemment ses hommes avaient trouvé quelque chose. Ou quelqu'un...
Le marché était clair. Si Cassandre voulait sauver les petites, elle devait trahir son cousin et aider le bandit. C'était contraire à la noblesse. Mais laisser mourir deux enfants, dont une entre les mains de Jean-Jean ... Son sang se glaça. Si elle trahissait Guillaume, il lui avait promis la mort pour les quatre petites, et le Furet était déjà là bas ... Elle verrait sur place. Elle n'avait qu'un but, sauver les quatre soeurs. Maintenant elle savait pourquoi Aristote l'avait placée sur le chemin des bandits.
Cassandre partit dès que Guillaume la lâcha, indifférente aux problèmes de surveillance des bandits. Camouflée dans une couverture elle se changea, se vêtit de la robe la plus simple de la Comtesse avant de se diriger vers la vieille carne qu'elle montait toujours avec difficulté.
Elle vit alors les hommes ramener ce qui paraissait être un gamin sale. Elle eut la tentation de faire un pas vers lui, mais un regard de Guillaume lui suffit. Il venait de lui permettre de sauver les quatre filles, un faux pas, et il pouvait changer d'avis.
Soeur Cassandre n'avait guère d'autre choix. Elle lança sa monture au petit trot vers la Teste, il lui fallait maintenant trouver le Castel de son cousin.
Le gamin toujours tenu au dessus du sol par la gorge avait peur. Ses jambes fouettaient les airs, ses bras tentaient de saisir le col de sa veste pour dégager son souffle qui se faisait court. Mais l'homme qui l'avait soulevé de terre le tenait fermement.
« Un vermisseau! Il en a l'épaisseur et un duvet aussi dru. »
Rire franc. Puis une rapière qui a jailli, levant le menton du gamin.
« Tu nous espionnais! tu es un des sbires du baron. »
L'enfant ne pouvait répondre, la lame l'en empêchait.
« Je devrais t' couper la langue. Ou t'crever les yeux. Ou les deux peut-être. Ainsi je s'rais assuré de ton silence. Gipsi, ligote-le. Je verrai si nous devons le pendre par les pieds ou le cou. »
Guillaume ne croyait pas le baron du genre à user de ce genre de manières pour se tenir informé. Il était plutôt du genre à envoyer hallebardiers et porteurs de piques. Mais il y avait trop d'enjeu. Un plan se formait déjà dans son esprit. le gamin pouvait être utile. Il fallait s'assurer de sa confiance au préalable. Il attendrait des nouvelles du furet avant de prendre une décision.
Il abaissa sa rapière pour laisser l'enfant s'exprimer.
« Comment t'appelles-tu, morveux? »
L'enfant essayait de réciter dans sa tête toutes les prière que monsieur le curé lui avait apprises mais il avait beau faire, il n'en trouvait plus le fil..... Lorsque la lame s'éloigna de son cou, il entrouvrit la bouche pour parler, sa gorge se dénoua d'un seul coup pour laisser passer les mots qui sortirent d'une traite, en un flot ininterrompu, mélés aux sanglots.
« M'sieur , j'ai rien fait d'mal, m'sieur , je regardais les grives m'sieur , pitié m'sieur, j'ai pas volé d'oeuf, m'sieur, j'chui Emile m'sieur , je serai sage, pitié m'sieur, je vous jure.... »
La poigne du gars s'était un peu desserrée, Emile en profita pour se tortiller de plus belle et tenter de se dégager de la funeste étreinte. Un de ses pieds eut la malencontreuse idée d'aller se loger dans les parties de l'homme qui le tenait . Celui ci étouffa un juron, lâcha le gamin , qui roula par terre. A quatre pattes, il essaya de partir retrouver l'abri illusoire de la haie, mais bien vite un coup de pied dans les côtes l'arrêta.
« Tu m'plais, l'mioche, t'as du cran. Même envie d'dire des burnes, si je n'craignais que l'porteur de celles qui viennenet de s'faire écraser t'en veuillent. Gare à la rancune de Gipsi. On mange les roubignolles ici. Découpées en fines lamelles, on fait rev'nir ça, on persille, on rajoute de l'ail ou de l'échalote, selon les denrées du moment. Parfois des oeufs brouillés, mais c'est surtout symbolique. Après comme c'est fort, faut un vin blanc clair, plutôt fruité. Jamais un rouge trop puissant. »
Le môme n'en menait pas large. Plaisantait-il le brigand ?
Guillaume récupéra un des collets abandonnés par la nonne. Le passa autour du cou du môme.
« Allez, viens manger, môme. Pour l'heure on a pas besoin de tes garnitures, on a d'quoi faire. Mais t'avise pas d'te sauver. Et puisqu'on parle de roubignolles, ma bourse est bien remplie. P'têt qu'on pourrait trouver des piécettes pour toi. Tu m'as toujours pas répondu. T'as bien un nom ?
- Dis m'sieur , c'est quoi les roubignolles ? c'est bon? c'est comme les girolles? c'est des champignons ? je connais bien les champignons moi, mais pas ceux là...dis m'sieur? tu les mets dans la soupe ...j'aime bien la soupe moi ...tu as de la soupe ?
Il grimaça quand l'homme lui passa le collet autour du cou.
Heyy, chui pas un chien m....aaarrrrrggghh. »
Mais sa voix s'étrangla quand l'homme tira un peu pour le faire venir près de lui.
« Émile m'sieur, Émile, j'vous l'ai d'jà...tire pas steplait... »
Il s'approcha de l'homme et resta tranquille, des piécettes il avait dit : à manger et des pièces...peut être que l'homme était gentil quand même, malgré sa grosse voix. Le môme avait déjà oublié la jeune femme partie la gorge en sang.
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MessageSujet: Re: Chapitre 3 : La Teste-de-Buch   Chapitre 3 : La Teste-de-Buch Icon_minitimeMer 27 Fév - 1:15

On était à manger quand le Furet arriva au camp. Il pu s'approcher du feu sans être remarqué. La chose lui déplut. Les hommes manquaient de vigilance ou de compétence. Si lui pouvait passer sans problème, d'autres passeront. Il observa la troupe. Un enfant, un collet autour du coup, qui dévorait à pleine dents, la graisse ruisselant sur son menton. Il mangeait déjà aussi mal que la plupart des brigands ici présents. Il n' y avait que Guillaume qui, depuis deux semaines et l'arrivée de la nonne, pensait à s'essuyer les babines quelquefois. Eudes arriva d'un pas nonchalant, mais la lame était déjà dans sa main. Quelques instants plus tard, elle était sous le cou de Guillaume.
« Tu vieillis, Guigui. Sssi j'étais un ennemi, imagine. Ssi j'ai pu le faire d'autres le feront. Il faut changer tes défensses. »
Le couteau quitta la carotide du brigand, et embrocha un large morceau de filet de volaille.
«  Faut qu'on parle Guigui. »
L'autre opina du chef. Ils se levèrent, s'éloignèrent à l'abri. Leur conversation dura longtemps. Le fureteur livra tout. Le plan du Castel et ses environs qu'il avait lui-même dressé. La menace de Manasses et sa compagne. Les habitudes des filles et de la maisonnée. Guillaume lui expliqua pour la nonne. Le furet espérait l'annulation de la mission, il reçut une tâche supplémentaire. Il voulut protester, mais Jean-jean arrivait, accompagné, la hache en mains.
"Avancez, Guillaume attend près du feu."
Ils n'avaient pas l'allure de ceux qui veulent convaincre, mais attendent d'être convaincus. Il réfléchit aux informations qu'il pouvait livrer sans trop de risques. Il fit signe à Eudes qu'il pouvait y aller. Surtout, ça éloignerait le petit. Pour l'instant, on l'impressionnait encore avec du métal. Sous la gorge ou sous forme de pièce. Fallait pas qu'il en sache de trop. Quand ils furent hors de portée d'oreille:
« Jean-jean a dû vous expliquer les grandes lignes? Un mot: vengeance! Nous avons détroussé le baron, il a tué par vengeance celle qui était ma compagne. Je veux le tuer lui. De mes mains si possible, mais je me ferai une raison. Après toutes ses richesses sont à nous .Nous pillons. Il y aura des hommes armés en face de nous. Nous devrons tuer. On épargnera les domestiques et les enfants tant qu'ils ne seront pas une menace pour nous. Le butin est immense, le péril l’est aussi.
- Mouaisssssssss je suis sûr que ton fameux Baron m'offrirait également beaucoup pour ta tête et celle des tiens. Sais tu qu'il est prêt à donner 2000 écus pour ta prise. Un conseil, si tu perds cette fois , ne les laissent pas te prendre vif, j'ai lu dans les yeux de cet homme, des choses qui ne trompent pas, s'il te capture, tu souffriras milles morts et milles humiliations avant de rendre l'âme. »
Même s'il ne le laissa pas transparaître un argument de l'homme avait fait mouche à coup sur, ils avaient donc volé ce noble, qui pour se venger avait tué sa compagne. En moins de deux secondes il tira un parallèle, lui même dans cette situation l'ayant perdue ELLE.
« Alors va pour faire un sort à cet homme, tant pis pour ceux qui se trouveront sur notre passage et part égale sur le butin. Ta vengeance t'appartiendra, Rastignac est à toi, mais soyons clair sur une chose, pas de viol en disant cela il regarde Jean-jean en coin, les soubrettes ou autre cuisinières ne devront pas payer pour les méfaits de leur employeur. »
L’homme prit sa compagne par le bras, s'éloignant un peu pour se concerter, Guillaume les laissa aussi, étonnement compréhensif. Elle se méfiait, ses sens en éveil, même si l'attitude de Brise l'avait troublée, elle scrutait, examinait les lieux , discrètement.
« Qu'en penses tu ma belle ?
- Me plait pas ce larron, pas franc du collier. Et le gosse? tu l'as vu ? que vient il faire au milieu çui là ? C'est pas clair. Ceci étant dit , ils ne semblent pas être plus que trois. S'il veut nous rouler, on aura du mal, le Jean-jean est costaud. Heureusement il est bête. L'autre, celui qui a filé, j'ai pas eu le temps de bien le voir. Quant à Guillaume, faut se méfier comme de la teigne de ce qu'il dit, c'est un fourbe, mais ce qu'il y a de sûr c'est qu'il y a de la picorée à se faire, et puis ce Baron a l'air pas meilleur qu'eux. On fonce avec eux mais on reste sur nos gardes et dès que c'est fini, on taille la route pour aller écouler la marchandise. »
Elle se tut , mais son visage resta un instant dans le cou de Brise. Sa main se serra sur la sienne. Ses lèvres caressèrent doucement son oreille, sa langue s'y aventura avant de descendre doucement jusqu'à sa bouche qu'elle envahit sans autre forme de préliminaires. Du regard, elle nargua un peu Guillaume qui les reluquait, comme pour bien lui faire comprendre qu'ils ne le craignaient pas et qu'il n'avait pas de prise sur eux. Brisenuque se sépara de sa bouche à regret mais la garda serrée dans ses bras.
« On reste prudent et à la moindre embrouille on dégage. Surveille les coins sombres je m'occupe du reste. »
Pendant qu'ils échangent, Jean-Jean que l'inactivité semble ennuyer prodigieusement repart vers la ville. Main dans la main ils reviennent vers Guillaume.
« Comme je te l'ai dis tout à l'heure, part égale sur le butin, et tu maîtrises ton compagnon. D'ailleurs c'est bien prudent de le laisser aller se balader encore en ville? Vu sa discrétion le Baron doit être au courant qu'il le cherche, il risque de tomber sur un os. »
Guillaume haussa des épaules...
« Vu sa discrétion et sa corpulence naturelles, le cacher ne sert pas à grand chose. Et puis autant que le baron s'intéresse à lui. Il regardera peut-être moins ailleurs. »
Le chef des brigands ne savait trop sur quel pied danser. Avec le Fureteur, ils envisageaient il y a peu un plan de longue haleine. Là son instinct lui disait de foncer, d'aller rejoindre Jean-jean, de profiter de la période d'observation pour obtenir un avantage décisif.
« Mais tu as raison, il va se faire repérer... Allons lui porter secours. »
Coup de sang? Coup de lune? Quand Guillaume prenait une décision, il s'y tenait. Il avait trop réprimé d'instincts, ces derniers temps. Il se sentait un besoin impérieux d'action. Souriant il se disait que nul n'aurait pu prévoir ce que lui-même n'imaginait pas possible. Il ulula, haut et fort. Des fourrés jaillirent des hommes, tapis jusque-là. Depuis le retour du Furet, la discipline était de nouveau de mise.
« Compagnons, Jean-jean nous a ouvert la voie. Allons nous le laisser tout seul dans les filets du baron? But de l'opération, retrouver Jean-jean, semer la pagaille, attirer l'attention. J'ai besoin de trois hommes, enfin trois personnes avec moi. Pour du travail disons plus subtil et plus discret. Gipsi et ? »
Les dés étaient jetés.
Pas le temps de toper la main de Brise que voilà le chef qui rameutait sa bande. Malanguise ne put réprimer un sursaut en l'entendant hululer, tel un chien à la mort. Instinctivement elle porta la main à sa ceinture , sa dague était bien là, se rapprocha de Brise. Elle sentait les regards des hommes sur elle , grimaça , affermit sa main sur la poignée de son arme mais ne dit rien .Elle se tourna vers Brise :
« Subtil et discret , c'est pour nous ça ....
- Je suis d'accord. Bon l'ami , vas y donne nous ton plan, elle et moi pouvons effectivement être discret, sauf si tu penses à une autre tache pour nous.
- Je ne pense pas que ce soit l'heure de l'assaut final. Là nous n'aurions aucune chance, nous ne connaissons pas assez les lieux. mais il se renforce, et la tâche va se compliquer. J'ai lâché la nonne pour ses files. Je lui ai promis la vie sauve aux gamines contre son aide. Pour ce qui est de meurtres, personne ne tuera inutilement. Concernant le viol... Je ne peux pas répondre de tous mes hommes. Ce sont des brigands. Ce qu'on veut on le prend le plus souvent.. Bien, le plan. Simplissime. On récupère le furet à l'auberge on fonce sur le castel. Aucune discrétion, tout le village sait que Jeanjean y est. Par contre on se sépare ensuite. Un groupe de quatre pour quatre filles. Nous nous faufilerons dans l'obscurité. Nous éliminerons en silence qui sera sur not' chemin. Je sais où elles dorment et le chemin pour y aller. »
Il sortit un petit pot en verre de sa poche.
« Onguent à base de pavot. Les fillettes ne nous gêneront pas pendant le transport. »
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MessageSujet: Re: Chapitre 3 : La Teste-de-Buch   Chapitre 3 : La Teste-de-Buch Icon_minitimeLun 7 Avr - 23:57

Chapitre 4 : Le Castel de Rastignac




Fanchon lissait les plis de sa jupe, les joues encore rouges de son "entrevue" avec le baron. Comme elle passait dans le hall, elle entendit qu'à la porte, on demandait encore à entrer. La garde avait laissé passer une donzelle, et lorsqu'elle la vit dans l'entrée, le sang de la servante ne fit qu'un tour. Elle ne remarqua au départ que la douceur des traits, la grâce du corps et la chaleur du sourire qu'on lui adressait.
"Bonn'mère ! L'Baron va faire d'toi une seule bouchée, ma fille. Tu respires l'innocence à deux lieux et on pourrait croire un ange..."
Fanchon s'arrêta en voyant le sang autour de la gorge et la joue tuméfiée de la jeune femme. Peut être elle connaissait-elle un peu plus de la vie que son minois ne le laissait penser.
"T'as d'la chance, l'Baron vient d'se soulager, il te laissera l'temps de t'installer. Je lui annonce qui ?
- Cassandre de Blayac. Enfin, Soeur Cassandre, sa cousine."
La servante rougit avant de sentir le décors autour d'elle, tanguer un instant. Elle venait de prendre la cousine du baron pour une servante, et comme elle le connaissait, ce soir elle aurait le droit au fouet. Son dos la fit souffrir au simple souvenir du contact de la cravache et elle s'agenouilla aussitôt aux pieds de la nonne, la suppliant :
"Ma Soeur, je vous en supplie, ne dites pas à votre cousin que je vous ai pris pour une fille de salle. Il... il me..."
Que pouvait on expliquer à une nonne ? Et celle là avec ses yeux limpides, semblait si innocente.
"Je vous en prie, je ne dirai rien, vous ne pouviez savoir..."
Fanchon sent deux mains l'aider à se relever, rencontre un doux sourire et se ressaisit.
"Si vous voulez bien me suivre..."
La servante conduisit la nonne à la grande salle où elle avait laissé le Baron. Elle espéra qu'il avait remonté ses braies, quand elle frappa à la porte avant d'entrer pour annoncer :
"Soeur Cassandre, vot'cousine, souhaite être reçue, Mon Seigneur."
Le Baron qui se servait enfin un Armagnac après le moment de répit avec la servante, recracha son vin de surprise.
« Fait la entrer ma fille, si c'est un mauvais tour, la bougresse le regrettera amèrement. »
En quelques pas, il rejoignit son bureau, l'oeil à nouveau noir, la cravache à la main.
Comme Fanchon s'effaçait devant elle, Cassandre fit deux pas dans la salle, et se retrouva en face de son cousin. La même terreur la prit que losrqu'elle l'avait rencontré dans le parloir du couvent. Un monstre. Un regard à vous glasser le sang. On pouvait y lire la cruauté, le désir et le calcul mais aucun sentiment d'humanité. Cassandre hésitait entre la peur et baisser les yeux ou affronter la situation et répondre. Elle opta pour la seconde.
"Messire mon cousin, je vous salue bien."
Légère révérence. S'ils étaient de la même famille, lui était Baron et elle fille de simple Seigneur.
"Excusez la tenue qui ne sied pas à ma condition, il me faudrait au plus vite trouver une robe de mon ordre et de quoi cacher mes cheveux. Enfin il ne fallait pas non plus trop en demander à ce brigand, déjà je suis libre et en vie.
- Entrez entrez ma cousine, je suis fort aise de vous voir, j'avais reçu missive de ce brigand qui m'assurait........... Enfin bref vous êtes là. »
Il s'approcha de la jeune femme, prit son menton dans une main afin d'observer les marques. « Sacrebleu ce bâtard a osé lever la main sur vous, il le paiera de sa vie, parole de Rastignac, on ne s'attaque pas à ma famille ainsi. »
Il chercha dans les yeux de Cassandre à lire si ce satané Guillaume avait effectivement assouvi sur elle ses instincts. L'air était un peu farouche, ce qui n'était pas pour lui déplaire, mais pas celui d'une femme abattue à qui on aurait fait subir les derniers outrages. Ce gredin avait menti il en était presque sûr.
« Bien sûr ma cousine, je vous fait préparer de suite une chambre, ou vous pourrez vous laver, ainsi qu'une robe qui sied à votre rang et à votre beauté. Fanchonnnnnnnnnnnnnnnnnnnn. »
La servante revint à nouveau.
« Prépare la plus belle chambre pour ma cousine, qu'elle puisse prendre un bain. Tu lui donneras la plus belle des robes du château. Allez ma cousine, quand vous serez prête revenez me voir , nous dînerons et vous me compterez dans le détail de quoi il en retourne et comment vous êtes là. »
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MessageSujet: Re: Chapitre 3 : La Teste-de-Buch   Chapitre 3 : La Teste-de-Buch Icon_minitimeMar 29 Avr - 23:20

Alors que Cassandre faisait son entrée dans le Castel, que Guillaume et ses hommes décidaient de suivre Jean-jean, d'autres approchaient également de la demeure du Baron de Rastignac.

Une ombre attendait sous un grand pin à deux têtes, devant le Château. Elle avait près d'elle un coffre à outils, quelques morceaux de viande cuits dans une sacoche, et une vieille eau de vie de pissenlit !
L'ombre s'impatientait visiblement en regardant sa bouteille lorsque le bouchon sauta, et qu'elle porta le goulot à ses lèvres.

Un craquement proche coupa le souffle de l'ombre. Quelqu'un s'approchait du Castel. L'ombre sentait la peur l'envahir. L'autre approchait, sans trop avoir peur, comme si une volonté plus forte que la sienne guidait ses pas. Suffisamment approché, le nouveau osa :

« Mais ... Vebtomène, c'est vous ! »

Pas le temps de répondre qu'une autre forme apparue, plus petite, plus frêle que les deux hommes, pourtant habillée de braies, d'un capuchon, et d'un fourreau à la taille qui contenait une épée. La jeune fille s'approcha des deux hommes, reconnaissant elle aussi l'ombre :

« Me voilà, je n'ai pas été trop longue? Bonjour messire...
- Bonjour demoiselle. Nous ne nous connaissons pas encore ... Je suis Arnulf. Paysan, et diacre du village.
- Adelinda, paysanne fraîchement nommée, et nouvelle tavernière au Loup des sables.
- Arnulf, il s'passe que ça va pisser l'sang dans pas longtemps, répondit l'ombre du nom de Vebtomène. Pis les forces de l'ordre de la Teste, elles comptent les biquettes en attendant qu'ça s'passe. Nous, on vient prévenir l'baron qu'un type du genre pas drôle avec une hache va v'nir visiter son château. Puis j'crois qu'il faut prévoir un tarif de group parc'qu'il s'ra pas tout seul le vilain... Alors mieux vaut ne pas perdre trop de temps.
- Je viens avec vous, si vous le voulez. Nous serons plus forts ensemble. Que nos armes et Aristote nous protègent ! »

Le groupe se servit une bonne rasade de la bouteille emmenée par l'ombre avant de décider d'entrer lorsqu'ils entendirent du bruit derrière eux. L'instant d'après, une femme apparaisait que le diacre connaissait :

« Vésiada ? Mais que fais tu ici ? Ne nous suis pas, c'est beaucoup trop dangereux. Vois tu nous allons inspecter ce qui se passe dans le château de ce sombre baron que l'on m'a décrit dans de bien inquiétants termes. Il fait nuit, tout est trempé, et il n'est point question ni de chanter ni de danser sous la pluie. Je t'en conjure, retourne au village, va m'attendre au poste de police, tu y seras en sécurité. Je viens te retrouver dans l'heure. »

En entendant le diacre parler, la jeune arrivée, sentait monter la colère en elle et se mit à hurler :

« Ah! Bon dangereux ? Je ne vois aucun danger pourtant ici ! Le baron ? En tant que diacre c'est votre rôle de vous occupez de ce qui se passe dans ce château ? Et cette belle dame brune qui vous accompagne, elle n'est pas en danger, ELLE ? Écoutez je trouve pitoyable que vous essayez de nier l'évidence! Je ne suis pas la dernière des idiotes non plus!!? Si vous voulez courir plusieurs lièvres à la fois, bien mal vous en prend ! Et arrêtez de me tutoyer s'il vous plaît ! Et vous voulez que j'aille où ? Au poste de police ? Pfffff ! Puisque vous voulez tant vous débarrassez de moi et bien je m'en vais! Je vous laisse à vos nouvelles amours! »

Sur ces dernières paroles, bouleversée, Vésiada sentit les larmes lui monter et ne voulut pas donner la satisfaction à Arnulf de pleurer devant lui. Elle lui tourna rapidement le dos et fit demi tour, en courant, en direction du village, en se répétant:

« Oh! Aristote faites qu'on ne m'y reprenne plus dans les jeux de l'amour! Ça n'est pas fait pour moi! Arnie! Et moi qui vous faisais confiance! »

Pendant l'échange des « amoureux » une parole du diacre fit froncer les sourcils d'Adelinda, la femme armée : le diacre avait entendu parler du baron. Elle préféra laisser Arnulf s'occuper de calmer cette femme et reporta son attention sur les grilles du château. Pourvu qu'elle n'ait pas alerté quelqu'un à hurler de la sorte...

Le diacre proposait d'y aller. Adye voulait déjà savoir une chose.

« Attendez messire Arnulf. Vous avez dit avoir entendu des rumeurs sur ce baron. Pourriez-vous nous les rapporter? J'aimerais savoir où nous mettons les pieds. Il est préférable de savoir à quoi nous en tenir avant de nous jeter dans la gueule du loup... »

Oui, cette histoire commençait vraiment à lui déplaire. Donc le Jean-Jean qu'elle avait rencontré à la taverne et ses amis étaient des mercenaires, et ce baron aurait mauvaise réputation... Inquiétant tout cela...
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MessageSujet: Re: Chapitre 3 : La Teste-de-Buch   Chapitre 3 : La Teste-de-Buch Icon_minitimeMer 30 Avr - 23:49

Bouleversée d'avoir trouvé Arnulf en compagnie d'une autre dame, Vésiada courrait en direction du village lorsqu'elle trébucha et tomba à terre. Deux hommes surgirent de l'ombre et l'empêchèrent de se lever. L'un d'eux mit la main sur la bouche de la jeune femme en la tenant fermement et en l'interrogeant sur ses intentions. Elle ne put que répondre qu'elle se nommait Vésiada et qu'elle était légumière! Elle n'eut pas l'occasion de répondre davantage, que l'autre homme la bâillonnait déjà !

Elle fut portée comme un vulgaire sac de farine, et amenée au château. Elle eut alors tout le loisir de se rappeler les paroles d'Arnulf qui l'avait mise en garde d'un potentiel danger. Elle commençait juste à réaliser qu'il ne lui avait pas menti sur les raisons de sa présence.

Déposée dans une salle du château, elle se dit qu'elle allait enfin pouvoir s'expliquer mais elle eut beau se débattre et crier au scandale, rien n'y fit. Un homme l'empoigna par les cheveux et la traîna jusque dans une pièce où se tenait un homme barbu. Les deux hommes sortirent juste après que le barbu leur promis des écus.

« Alors demoiselle, comme cela on m'espionne, savez vous que cela est fort vilain ? »

Rastignac déposa le verre d'Armagnac qu'il avait repris. Un mauvais sourire se dessina sur ses lèvres comme il regardait la jeune femme de haut en bas , d'un oeil connaisseur. La jeune femme fit un pas vers la porte, il lui barra le passage.

« Allons allons tu ne va pas me quitter si vite toi, j'ai bien des choses à apprendre de toi avant jolie pucelle. »

Il insista sur le dernier mot avant d'éclater d'un rire gras.

La prisonnière hésita un instant avant de reprendre de sa voix la plus douce :

« Messire, en fait ce soir j'étais en taverne avec quelques amis lorsque j'ai entendu des hommes comploter! Contre le baron de ce château ! Alors par devoir pour la noblesse de notre royaume, j'ai immédiatement décidé de venir l'en avertir et me voici! Quand j'ai été faite captive, j'ai cru que c'était ces mêmes hommes qui voulaient m'empêcher de venir prévenir le baron. D'ailleurs pourrais je m'entretenir avec lui? C'est de la plus haute importance! J'ai des révélations à faire et je ne les ferais qu'à lui! Pouvez vous lui dire que je suis là s'il vous plaît ? »

Vésiada espérait avoir radoucit le barbu.

Les yeux du Baron virèrent au noir. Il s'approcha de la jeune femme, lui saisit rudement le poignet.

« Pour qui me prends tu jeune pucelle? Crois tu que les serviteurs m'appellent seigneur pour me faire plaisir. Tu vas rabattre ton caquet et plus vite que cela sinon je t'assure que ton pucelage ne fera pas long feu. »

Il accentua la pression sur le poignet, lui faisant ainsi comprendre que ce n'était pas de vaines paroles. La jeune femme laissa échapper un petit cri de douleur.

« Que des hommes me cherchent, la belle affaire ! C'est tout ce que tu as à m'apprendre. Pourquoi crois tu que le château soit sur le pied de guerre ? Pour chasser le canard. Me prends tu pour un sot pour tenter de me faire gober pareille fadaise? Mais tu as bien fait de venir, je sens que ta visite va me plaire au plus haut point. »

Il éclata d'un rire soudain.

« Par devoir disais tu, oui excellent idée tu vas devoir... »

On frappa à la porte et sans qu'il n'ait le temps de répondre sa jeune cousine entra dans la pièce.

« Bonjour mon cousin. »

Regardant la jeune prisonnière un fin sourire aux lèvres.

« Nous n'en avons pas finis tous les deux, nous sommes amenés à nous revoir. »

Puis appelant ses hommes .

« Enfermez cette espionne dans une geôle pour l'instant. Qu'elle réfléchisse ! »

La jeune fille tenta de protester.

« Si elle l'ouvre, bâillonnez la ! »

Pendant que les deux ruffians emmenaient sans ménagement la jeune prisonnière, il se tourna vers Cassandre encore un sourire mauvais aux lèvres.

« Pardonnez moi ma cousine, mais avec ce bâtard de Guillaume et ses hommes, nous sommes obligés de prendre milles précautions. Celle ci me semble une espionne, mais je saurais la faire parler. Mais dînons si vous le voulez bien. Racontez moi tout par le détail que je sache à quoi m'attendre de ce chien galeux. »

Il sonna pour qu'on leur apporte le souper.
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MessageSujet: Re: Chapitre 3 : La Teste-de-Buch   Chapitre 3 : La Teste-de-Buch Icon_minitimeMer 28 Mai - 0:22

A proximité du mur d'enceinte le groupe de visiteurs hésitait encore.

« Adye, je ne sais guère de choses sur ce baron. On dit juste qu'il a des pratiques fort pécheresses, c'est pourquoi je m'inquiète de ses agissements, et pourquoi je ne veux pas que Vésiada nous acompagne. Vous-même vous prenez des risques, il serait plus prudent de laisser Vebtomène et moi seuls. Je vous laisse y réfléchir, et discuter avec votre ami Vebto. Pour ma part, je vais faire le tour du mur d'enceinte pour chercher s'il n'y a pas une entrée plus discrète que cette grille juste en face de la porte principale. Je suis de retour dans 10 minutes. Si toutefois je n'étais pas de retour rapidement, ne tentez rien vous deux, rentrez immédiatement au village, allez chercher Brisenuque, il saura trouver les renforts pour me délivrer. Prévenez aussi Pictavius, le Vidame à l'Archevêche de Bordeaux, par pigeon, il pourra peut-être aider. »

Adelinda repensa à la jeune femme blonde rencontrée dans les bureaux de la maréchaussée. Elle fronça des sourcils lorsqu'il arriva au passage de sa condition féminine. Il était absolument hors de question qu'elle les laisse pénétrer à l'intérieur en la laissant attendre dehors. Surtout que c'était par sa faute que Machin était là. Elle n'allait pas avoir le culot de les abandonner.

« Non, je viens avec vous. C'est moi qui ai voulu venir jusqu'ici, je ne vais point faire marche arrière parce que ça sent le danger. Je le savais fort bien en voulant me rendre jusqu'au château. Et si vous craignez pour ma vie, je sais aussi bien me défendre que vous. Et il est hors de question que nous vous laissions y aller seul. Je vous accompagne. A deux nous aurons plus de chances de réchapper aux gardes que vous seul. Veptomène, fit-elle en se retournant sur lui, ce sera à toi d'aller chercher Brisenuque et de prévenir Pictavius, s'il nous arrive malheur. »

Sans attendre de réponse, elle commença à longer le mur d'enceinte, à la recherche d'une ouverture pouvant les laisser entrer dans la demeure du baron.

Le duo découvrit une branche de châtaigner qui surplombait le mur d'enceinte. Arnulf y monta, cherchant à reconnaître les lieux et à trouver le chemin discret qu'il fallait, pour pénétrer le castel. Il semblait y avoir forte animation à l'intérieur, une ambiance de ripaille dont les échos leur parvenaient. Un fumet de festin accompagnait ces éclats ... Simple fête familiale ? Bacchanale décadente ? Nul ne pouvait déceler. La lumière d'une torche apparut tout en bas, par un soupirail. Dans la danse de ses lueurs il crut fugitivement la voir. Trop vite la porte de la cave se referma, et le noir revint.

Était-ce elle ? Impossible, il y avait à peine une demi-heure, elle repartait vers le village. Et si elle était revenue sur ses pas ? Elle aurait au moins retrouvé Vebtomène, elle aurait attendu avec lui qu'ils reviennent. Si elle avait été alors enlevée avec Vebtomène ? On aurait entendu un combat, du fracas.

Mais tout de même cette silhouette entrevue, cette taille, cette chevelure ...

« Adelinda, j'ai cru voir une figure connue par ce soupirail. Je crains que ce ne soit même ma douce, que vous avez vue tout à l'heure. Je n'en suis pas certain, mais le doute est trop fort. Je vais sauter, traverser ce potager et vérifier. Je ne vous demande pas de me suivre, au contraire, il est sans doute préférable que vous restiez ici. »

Sans attendre sa réponse, Arnufl sauta, se tapit, écouta : pas de bruit. Il se mit à courir vers le soupirail, courant à perdre haleine à travers poireaux et choux pommelés ...

La patience n'était pas le point fort d'Adelinda, mais elle resta sans bouger, au cas où il se ferait surprendre. Alors ce serait à elle de l'aider. Montant à son tour dans l'arbre, s'aidant des branches et atteignant celle qui avait abrité le diacre, elle retira lentement son épée courte de son fourreau, et suivit du regard Arnulf courir vers le soupirail.

Mais une chose l'inquiétait. Si c'était réellement sa douce amie, que faisait-elle en ces lieux ? Et surtout dans les bas fonds du castel...

Du bruit provenant de sa gauche lui fit tourner la tête. Un combat se tenait non loin d'elle, mais pas assez près pour pouvoir apercevoir quelque chose. Elle reporta son attention à l'endroit où était Arnulf, et tendit le cou pour mieux voir. Mais alors qu'elle se repositionnait sur la branche, elle sentit une main s'emparer de son mollet et se retrouva aux pieds de son "agresseur" avant même d'avoir compris quoique ce soit.

« Aoutch! »

Elle releva les yeux et eut la désagréable vision du colosse de l'auberge, ce qui lui fit oublier la douleur de son postérieur. Un frisson lui parcourut l'échine alors qu'elle repensait à ce qui s'y était passé. Réfléchissant à toute vitesse, profitant de la seconde où il la reconnut, elle se remit sur ses pieds en un rien de temps, et mena la pointe de son épée courte juste sous sa gorge. Il fallait qu'elle s'éloigne de cet individu... Pourtant à le regarder, d'autres images semblables à celles qu'elle avait eues à l'auberge lui revinrent en tête. Ces personnes sans visage... Qui était-il pour faire émerger en elle des souvenirs cachés dans sa mémoire?

« Comme on se retrouve... fit-elle en essayant de cacher le trouble qui l'habitait. Alors vous avez trouvé le castel du baron de la rase tignasse à ce que je vois. Que venez-vous faire céant? »

Elle pensa au diacre qui ne devait plus tarder à revenir. Il fallait qu'elle gagne du temps... Tout en sachant que si la jeune femme qu'il avait aperçue était bien celle qu'il pensait, il allait falloir pénétrer à l'intérieur...
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