Dans les rues de Chinon

La rouquine suivait son compagnon de route en silence. Les villes, elle avait horreur de ça. Plus les murs se rapprochaient, plus elle se sentait oppressée. Elle regrettait le campement des mercenaires. Certes il n'y avait aucun confort mais c'était tellement mieux que des murs. La guerrière était née à bord d'un bateau, et ne connaissait que les
grands espaces.

"Eno ! On y est !"

Jean-Jean s'était arrêté enfin, elle espérait qu'il décide de camper
aux abords de la ville mais la suite lui apprendrait que non.

"Allons voir c'qu'nous trouv'rons ici. P't être quelques nobles à plumer ou des compagnons pour la route."

Il avait prononcé cela alors qu'ils passaient la porte ... ce n'était
pas bien malin, c'était Jean-jean. Mais la rouquine avait une affection
particulière pour ce colosse. Aussi, elle acquiesça, mais il avait déjà
talonné sa monture. D'une légère pression des genoux sur la croupe,
elle fit partir son cheval. Elle lui flatta l'encolure lorsqu'il arriva
à la hauteur de celui du colosse.

"T'es d'jà v'nue ici ? On va où ?"

Elle haussa les épaules.

Possible. Quand j'étais sur tes traces. Mais me suis pas arrêtée.

L'Irlandaise était avare de mots. Malgré le temps passé en France, la rouquine avait toujours son accent chantant qui faisait frissonner les bigotes biens dans leurs chausses quand elle les fixait de ses yeux verts. Plus d'une fois une de ces femmes bien pensantes l'avait traitée de sorcière.

Doit bien y avoir une auberge quelque part où l'on peut se réchauffer. On va bien trouver un passant à qui ... elle chercha ses mots un moment ... demander gentiment notre chemin non ?

Cisko

Mademoiselle le Maire, passait par là, et vit deux personnes qui lui semblaient on ne peux plus bizarre...........



* Qui pouvaient -ils bien êtres? *



nous allons pas tarder à le savoir...............



Qui êtes vous madame et Monsieur ? Je me présente, Cisko, Maire de Chinon, et vous même?



Elle attendit la réponse,

"Va falloir qu'on s'trouve un coin où dormir, avec c'froid, on peut pas passer la nuit dehors. Même nous."

Il fallait se rendre à l'évidence, l'hiver était froid, le vent s'insinuait traitreusement sous les vêtements et la rouquine frissonnait.

On va bien se trouver une grange abandonnée ! Ca f'ra l'affaire.

Ils en étaient là de leur réflexion qu'une femme s'arrêta à leur hauteur.

Qui êtes vous madame et Monsieur ? Je me présente, Cisko, Maire de Chinon, et vous même?

Et voilà pensa la rouquine les préjugés comme toujours ... c'était pour cela qu'elle détestait tant les villes ... Mais sur ce coup là cela l'amusa, le maire semblait inquiète de leur venue autant en jouer un peu. Aussi l'Irlandaise qui faisait des efforts avec Jean-Jean ne tenta rien pour apaiser son accent.

Quel accueil madame le maire ! Latha math ! pardon ... bonjour. Madame ? monsieur ? Vous me faites rire. Moi me marier ? jamais ! Alors damoiselle s'il vous plait!

La rouquine se tut un instant, elle sentait son cheval nerveux, son compagnon encore plus agacé par l'intrusion de la femme, mais il fallait calmer le jeu.

Je suis Enored. Je suis d'Irlande. Lui, elle désigna le géant qui l'accompagnait et dont le cheval semblait soulagé d'une pause si bienvenue, c'est Jean-Jean mon compagnon de route. Nous voyageons. Nous cherchons un abris pour la nuit. Avez vous peur qu'on pille votre mairie ?

La rouquine n'avait put s'en empêcher et sourit en coin.

Code:

Cisko

Enchantée, et bienvenu à vous deux, mais ne restez pas dehors, nous avons des tavernes pour vous réchauffer.

Et pour ma Mairie, je ne pense pas que vous puissiez faire grand chose, nous sommes bien gardés;

Cisko, continua son chemin pour rentrer chez elle et voir son "Tendre Coeur".

"J'crois qu'là, si l'Guigui était encore avec nous, il t'aurait dit qu'c'est pas comme ça qu'on passe discret."

La rouquine évita de rire en entendant le colosse parler, il n'avait pas tord.

Et tu voulais quoi ? que je lui plante ma dague dans la gorge pour faire taire le maire ? ça m'aurait peut être défoulée...

Ils avancèrent toujours, aucune taverne d'ouverte, la rouquine soupira de soulagement, pire que les murs de la ville, elle supportait encore moins ceux d'une chambre.

"Tiens r'garde ça, ça devrait faire l'affaire."

La rouquine hocha la tête, ravie, c'était pas bien grand mais bien mieux que quelques mètres de long.

"Tu veux qu'on aille s'présenter aux gueux qui vont nous accueillir ?"

Sur ce coup là, c'est la rouquine qui manqua d'avaler de travers.

Et quoi encore ? là faut rester discret.

La guerrière descendit de cheval, aucune lumière dans la demeure qui touchait à l'appentis. Discrètement, elle crocheta la serrure, un coup d'oeil à l'intérieur, il n'y avait pas âme qui vive, pas même un animal. L'espace n'était pas vaste, mais il fallait qu'ils entrent tous les quatre. Deux chevaux à l'extérieur auraient mis la puce à l'oreille des maréchaux.

Une fois à l'intérieur, elle barra la porte à l'aide d'une poutre et regarda son compagnon.

On sera bien là pour la nuit mais demain... on part.

La jeune femme s'enroula dans sa cape et s'allongea dans un coin. Un peu de repos était le bienvenue avant d'affronter la froideur de l'hiver.

Il avait suivi Enored en souriant à l'intérieur de la baraque. Décidémment à son contact elle prenait de l'assurance. Il fit entrer son cheval, le débarassa de son harnais et de sa selle avant de lui donner un peu de foin et de l'eau.

Le temps qu'il se retourne et la rouquine dormait déjà.

"A demain ma Belle."

La nuit se passa sans incident. Le jour se levait à peine que déjà ils quittaient leur abri de fortune.

La porte était déjà ouverte.

"Allez ma douce, à Tours !"

Il piqua son cheval et le lança vers le Nord Est, sur la route de Tours.

Au petit matin, la rouquine s'était réveillée reposée. Elle se sentait d'attaque pour une journée de chevauchée.

"Allez ma douce, à Tours !"

Enored sourit, il n'y a qu'à elle que Jean-Jean dirait ce genre de choses, et c'est le seul homme à qui elle le permettait. Elle resserra ses genoux autour de la croupe de sa monture qui se mit en route. Comme elle, l'animal aimait les longues heures de chevauchée.

Arrivant à la hauteur de Jean-Jean elle fit ralentir son cheval.

Je me sens mieux sur les routes ... lacha-t-elle avant de se perdre dans ses pensées. Elle se sentait encore mieux au bord de la mer, mais craignait que son appel ne fut trop fort...