Une rencontre

(copie d'un rp de st bertand de comminge à laquelle je nai plus accès suite aux modifs du forum des rr)


Edonice :

La gamine était épuisée lorsqu'elle arriva dans le village. Le pêcheur qui l'avait trouvée sur la plage l'avait chargée avec ses poissons à l'arrière de sa charrette, comptant la remettre aux autorités du village où il allait vendre ses marchandises.

Edonice ouvrit les yeux en voyant les lourds remparts de la ville se fermer derrière elle. Dans moins d'une heure, la petite fille serait aux mains de religieuse dans le fond d’un orphelinat ou d’un couvent. Son père se moquait souvent de sa mère une ancienne religieuse. Ses parents …

Elle ne put empêcher ses larmes de couler. Elle avait encore le souvenir, deux jours plus tôt, de la douceur d’un baiser de sa mère sur le front en la déposant dans la barque, du courage de son père qui luttait contre les pirates. La main de la petite fille serra un peu plus le pendentif en forme de cœur qu’elle avait maintenant autour du coup. « Pour la vie, Guillaume à sa Cassandre. »

Ses larmes alors cessèrent. Ses parents étaient vaillants et ce n’était pas dans les pleurs et la pitié de soi qu’on l’avait élevée sur le bateau qui avait bercé ses premières années de vie. Elle devait survivre, retrouver ses parents s’ils étaient encore de ce monde et ce ne n’était pas derrière des murs qu’elle y parviendrait.

En plein milieu du marché, la petite sauta de la charrette, roula sur les pavés mal joints, et s’écorcha un peu plus les genoux avant de finir sa course dans les excréments. Elle ne prit pas le temps de faire la difficile, se releva tant bien que mal avant de se faufiler sous un étal et de partir en courant.

« Maintenant, il va falloir survivre ma petite. »

Elle était en haillons, et n’avait sur elle que quelques pièces et les deux pains qu’elle venait de voler à une boulangère occupée à des commérages avec deux autres matrones.

« De quoi manzer pour quelques zours… »

La petite tait heureuse d’avoir écoutée les récits de son père sur ses années de voleurs, lorsqu’elle vit une femme payer en beaux écus un boucher. La gamine ne quitta alors plus la bourse des yeux. Elle traversa le marché jusqu’à une auberge où la femme se fit bousculer par un poivrot du coin.

Edonice en profita. Comme une anguille, elle se faufila entre les deux adultes, tira d’un coup sec sur la bourse qu’elle empoigna solidement.

*************
Felina

Sa besace bien remplie, prête à aller vider quelques chopes dans la première taverne du coin, dans l’attente que son frère arrive et qu’ils puissent enfin repartir. Elle ne regarde pas vraiment devant elle, perdue dans ses pensées, et indifférente comme bien souvent du monde qui l’entoure.
C’est ainsi qu’elle ne voit pas l’enfant qui s’approche d’elle. Mais ses réflexes de brigande se réveillent soudain comme elle sent sa bourse se décrocher et déjà elle attrape le bras qui tente de s’en saisir.
Elle le serre violement, et se retourne sur son voleur dont le cri plaintif et aigü vient de la surprendre.

Ses yeux s’écarquillent et sa poigne se fait moins ferme quand elle se rend compte que le bras appartient en fait à une petite fille.
l’expliquer puis la colère reprend le dessus.

Hey !! Lâche ma bourse tout d’suite la gamine !!
T’es pas un peu jeune pour détrousser les honnêtes gens toi !!

Honnêtes gens, comme ce qualificatif lui va mal, mais la sauvageonne aime bien se donner un genre qu’elle n’a pas, comme ça, pour rire.

Quelques badauds se retournent sur la jeune femme et la gamine. Felina n’aimant pas attirer l’attention trop longtemps sur elle, elle tire la gamine et l’emmène un peu plus loin dans un coin sombre, faisant fie de ses cris de protestation.
Elle la détaille alors plus précisément, sans lui lâcher le bras. Un bijou brille à son cou, attirant l’œil de la brigande, mais elle attend pour le moment que la fillette explique son geste, la questionnant simplement du regard.


*****
Edonice choisit la seule attitude qui lui convienne malgré la peur qui l’étreignait. Son père disait toujours que dans la famille le courage se transmettait avec la vie. Quant à sa mère, elle savait que sa douceur renfermait une froide détermination, elle qui avait sauvé un duché.

La gamine planta ses yeux dans les prunelles de la jeune femme et jugea qu’une fausse douceur pourrait peut être la sauver d’une raclée et de l’orphelinat. Elle osa d’une voix basse mais ferme :

« Faut bien qu’ze manze. »

Elle adressa alors à sa tortionnaire un regard doux et suppliant, ce regard avec lequel son père lui pardonnait tout, tant en ces instants elle ressemblait à sa mère.

« Vous n’allez pas faire de mal à une tite fille ? »

La gamine adressa alors un pauvre sourire à sa « victime » espérant bien qu’elle lui ferait peut-être la charité.

*****

Faut bien qu’ze manze.

Ces quelques mots trouvent un écho dans l’esprit, si ce n’est le cœur bien inexistant, de la vagabonde. Elle aussi faisait ça il y a peu, voler pour se nourrir.

Vous n’allez pas faire de mal à une tite fille ?

Elle esquisse un sourire, comme si elle était le genre à épargner les enfants, elle qui les détestait tant, eux qui lui rappelaient sa propre enfance qu’elle avait choisi d’enfouir au plus profond de sa mémoire, sans y parvenir totalement.
Mais son sourire se crispe quand elle croise le regard de la fillette. Ce regard … un bref instant un autre visage se juxtapose sur celui de la gamine, un visage d’outre tombe, souvenir d’un passé lointain.

Cassandre …

La voix de la Féline tremble, et sa main desserre son étau sur le bras de l’enfant, la libérant totalement.
*****

" Cassandre ? C'est comme ça que maman s'appelle. Et mon papa, Guillaume. Regardez."

Edonice, pleine d'espoir, retira alors le pendentif de son cou et le tendit à la jeune femme, lui présentant les écritures : « Pour la vie, Guillaume à sa Cassandre. »

"C'est papa qui l'a offert à maman. Vous le connaissez aussi mon papa ? Il a beaucoup voyagé dans le pays."

Ell n'allait pas dire qu'il avait volé sur les routes du Royaume juqu'à ce que sa mère en fasse un homme honnête après son enlèvement.

"Alors vous les connaissez ?"

*****


Guillaume ... Papa ...
Cassandre ... Maman...

Il en faut peu pour ébranler la vagabonde mais à ces mots elle sent le sol se dérober sous ses jambes et celles ci ne parviennent que très difficilement à la porter.
Elle s'appuit au mur, ferme un court instant les yeux avant de reposer son regard sur la fillette.
L'air de famille la frappe désormais de plein fouet, les yeux de sa mère, le sourire de son père ...Elle regarde le médaillon, grimaçant en lisant la phrase mielleuse à souhait inscrite dessus.
Elle soupire ... quelle galère vient encore de lui tomber dessus. Après avoir tanter de fuir le souvenir de son frère, voilà que sa progéniture venait la hanter ... sous les traits d'une gamine incapable de se défendre seule.Une lueur d'espoir, il est là, revenu d'entre les morts et va les rejoindre lui et Devil, ils seront réunis comme avant.

Heu ... et ton papa et ta maman ... Ils sont là eux aussi la môme ?

*****

Et si papa était là i'me laisserait voler p't'être ? "

Edonice s'était emportée avant que des larmes ne pointent à ses yeux claires.

"Mon papa s'battait contre des pirates quand maman, m'a mise dans une barque pour me protézer. Elle m'a donnée l'collier et m'a dit qu'ils m'aimaient et me retrouveraient toujours. Dis, on va les chercher ? "

La petite levait maintenant des yeux plein d'espoir sur cette femme qui semblait connaître ses parents.

"Et tu les connais d'où papa et maman toi ?"

****

Elle écoute l'histoire de la fillette qui fait preuve d'une force de caractère qui ne laisse aucun doute sur ses origine. La petite est donc bien la fille de son frère ... sa propre nièce.
Un pincement au coeur, quand elle lui confirme ses craintes. Ils sont bel et bien morts, comment auraient ils pu survivre, les pirates n'ont pas l'habitude d'épargner ceux avec qui ils se battent.
Guillaume le brigand, passé à trépas par le fer d'un pirate ... quelle ironie du sort.

La petite par contre ne semble pas réaliser que ses parents ne peuvent pas être vivant, elle est si jeune ..

Et tu les connais d'où papa et maman toi ?

Et voilà La question que Felina redoutait. Que lui répondre ? Si elle lui dit être sa tante, brr rien que l'évocation de ce lien de parenté la fait frémir, la gamine ne la lâchera plus c'est certain. La Féline décide donc d'esquiver pour le moment, il faut qu'elle parle à Devil.

Ses yeux se posent à nouveau sur la fillette, dont elle a du mal à soutenir le regard.

Heu ... c'ét.... ce sont des amis à moi, nous avons voyagé un peu ensemble alors que tu n'étais pas encore née.
Dis moi ... tu as faim la môme ?

Elle doit la garder avec elle, et la retenir jusqu'à l'arrivée de Devil.

Edonice avait les larmes aux yeux tant le ton et l'attitude de la jeune femme étaient rudes. La petite ravala ses pleurs, relèva la tête en tremblant mais osa avec ce regard de défi que Cassandre avait toujours dans les situations critiques.

T'es qu'une méchante vieille dame. Et ben moi d'abord j'veux pas d'toi. Tu connais pas mon papa !

Malgré la peur, c'était la rage de Guillaume qui l'envahissait. Sans réfléchir, elle décrocha un coup de pied dans le tibias de Félina qui la lâcha de surprise. Edonice n'attendit pas plus pour se mettre à courir, tentant de fuir cette tante.

T'es qu'une méchante et moi j'taime pas. J'viendrai pas avec toi.

Et de toute façon elle se rappelait très bien des paroles de sa mère, un jour qu'Edonice lui demandait si elle avait de la famille.

"De mon côté ils me croient mortes et c'est aussi bien comme ça. Pour ton père... Ils sont tellement méchants qu'il vaut mieux que jamais tu ne les croises."

Comme d'habitude sa maman avait raison, songea Edonice en tentant de pousser la lourde porte de la taverne.

Le stratagème de la Féline a réussit et la fillette se calme aussitôt qu'elle entend ses mots.

De nouveau elle l'assaille de questions et Félina ne lui répond pas, se contentant d'ouvrir la porte et de sortir de la taverne. Il leur faut rejoindre Devil et prendre la route pour La Teste de Buch, là bas peut être des réponses à toutes leurs questions.

Tout à coup un chat surgi de nulle part se précipite dans leurs jambes et avant que la jeune femme puisse comprendre ce qui se passe, la gamine l'a déjà pris dans les bras et lui demande de le garder, avec son air de chien battu qui énerve tant Félina.
Elle soupire, regarde la fillette et le chat .... puis elle écarquille les yeux.

Cul- Sec !!!

Mais que fiche le chat de Saian ici, loin de Tarbes? A peine le temps de s'interroger qu'arrive devant elles un jeune homme que Félina reconnaît immédiatement.

Brun, pas très grand et fluet ... essouflé et le visage rougit par l'effort. Un panier dans les mains : la scène est risible.

Félina ?

La sauvageonne ne peut empêcher un sourire d'éclairer son visage, qu'elle dissimule rapidement en une grimace.

Saian ?!! Ca alors mais qu'est ce que tu fiches là Blanc Bec ?

La Féline écoute Saian lui expliquer sa présence ici, un petit sourire amusé aux lèvres.

C’est bien pour vous deux tiens de courir, vous vous empâtiez la dernière fois qu’j’vous ai croisé à Tarbes.

Ce que je fais là? Humpf ... longue histoire ...

Un regard vers la fillette et elle murmure à Saian

Je me coltine cette gamine .et ..

Elle s’interrompt comme Edonice lui reprend la main, Cul-Sec alias Minet serré contre elle. Félina se mord les lèvres pour ne pas rire quand elle réalise que la fillette vient de s’autoproclamer nouvelle propriétaire du chat et admire la mine déconfite de Saian.

Mais son expression s’assombrit aux dernières paroles de la petite.

Heu … oui on y va la môme deux minutes … Je discute avec mon ami avant.

Elle s’éloigne un peu, faisant signe à Saian d’approcher. Elle profite que la gamine soit toute absorbée par le chat pour lui glisser, de façon à ce que cette dernière n’entende pas :

Cette fillette est la fille de Guillaume … Elle croit que ses parents sont vivants comme tu peux le constater. Je lui ai promis d’aller les chercher … c’te galère !!!

Edonice regarde le grand avec un profond mépris lorsqu'il s'éloigne avec sa tante. Elle se mit alors à gratter la tête de son chat et lui murmura :

Tu t'appelles Minet, on l'sait très bien tous les deux. Tu voulais plus du méchant monsieur comme maître alors tu t'es enfui. Maint'nant t'es à moi. Hein Minet ?

Le chat ronronnait et Edonice souriait. Il pouvait bien dire ce qu'il voulait le grand machin, elle, elle savait que c'étais son chat.

Tata Félina, faut qu'on parte ! Papa et maman nous attendent. Dépêche toi !

Edonice regardait sa tante avec le monsieur en plissant les yeux d'attention avant de demander tout fort :

C'est ton amoureux lui ?