Rastignac: le RP
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Rastignac: le RP

L'aventure Rastignac archivée ici. Bienvenue dans l'un des Rp les plus prolifiques des Royaumes Renaissants.
 
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 Textes humoristiques

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Guillaume
Rastignac
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MessageSujet: Textes humoristiques   Textes humoristiques Icon_minitimeMar 21 Oct - 22:03

Oceano vox («au fond c’est pas si mal »)

Ils s’étaient rencontrés au bout d’un banc. Banc de saumons ? Banc de flétans ? Ce détail a échappé à leur mémoire ; c’était un banc de bon ton, assurément, le reste n’avait pas d’importance. Lui l’avait remarquée tout de suite, elle était coquette, et faisait mine de ne pas le voir : c’était une petite raie, vraiment charmante quoi qu’un peu plate, striée de noir et d’un roux sombre, la plus craquante des raies auburn-noir qui soit. Il voulut lui faire un clin d’œil, mais se souvint juste à temps qu’il n’avait pas de paupières. Déjà, d’un coup de nageoire élégant, elle prenait le large. Il ne manqua de prendre son sillage, eut vite fait de la rattraper, non sans heurter un bar au passage - ce qui lui fit extrêmement mal, c’est bien connu, les coups de bar sont douloureux. Enfin, elle daigna lui accorder un regard. Lui était un hareng fin et élancé, aux belles écailles luisantes, qui se mouvait habilement, jouant au dur dans les hauts remous (ce qui est préférable à jouer au mou dans les ordures), faisant saillir sa dorsale, faute de pectoraux.
- Vous dirait-il d’aller prendre un ver ? lui proposa-t-il tout de go. Je connais un endroit, comment dire, plutôt branchies.
- Enfin, Monsieur, nous nous connaissons à peine, pas du tout même, je veux dire... Je ne suis pas celle que vous croyez, n’allez pas me prendre pour une quelconque morue !
- Ah ! loin de moi cette idée, protesta-t-il, vous savez, je connais bien les morues, ce sont des personnes sans foi - et d’ailleurs cent fois moins bien que vous, au moins ; on sent chez vous une certaine distinction, vous êtes la grâce alliée à l’intelligence.
Elle s’éclaira sous le compliment (elle comptait des raies torpilles parmi ses ancêtres, aussi, au lieu de rougir, elle s’illuminait ; parfois quand elle était très en colère, elle devenait carrément fluorescente), et sourit de toutes ses dents (parfaitement, les raies ont des dents, très coupantes, de là vient l’expression ‘’assez raies’’), ce que le hareng ne vit pourtant pas, les raies ayant la bouche située sur la face ventrale (elles ne rient jamais à s’en tordre le ventre, c’est horriblement disgracieux(1) ). Mais son regard était éloquent.
- Ma foi, mes parents m’attendent pour le repas, mais ce n’est pas pour tout de suite ; je puis errer quelque temps avec vous.
- Poséidon ou son successeur soit loué, j’adore errer. Je suis le plus fameux hareng errant de toutes les mers occidentales. Enfin, toute modestie mise à part.
On va le prendre, ce ver ?
Ils s’en allèrent, errèrent en mer. Un vieux tacot leur servit de taxi, un mulet prit le relais, si lent cependant qu’ils l’abandonnèrent pour un turbot. Si sur le chemin les hippocampes se montrèrent fort cavaliers, les carpes, elles, refusèrent de leur donner le moindre renseignement. Ils croisèrent également un loup de mer philosophe, qui leur expliqua que les loups sont des loups pour les loups, des lieus d’une banalité affligeante - c’était des lieus communs(2) et des étoiles de mers fanfaronnes qui se prenaient pour des stars. A l’approche de l’asile, ils rebroussèrent chemin, on leur avait appris qu’un requin-marteau s’était échappé. Près du jardin des enfants, où les plus jeunes jouaient à poisson-chat perché, ils écoutèrent un concert : c’était des soles mineures, accompagnées par des grandes orques. L’heure passait, la raie oublia son repas, ses parents et jusqu'à ses bonnes manières (peut-être avait-elle pris quelques vers de trop, elle qui d’habitude songeait tant à sa ligne), elle lui avouait subitement :
- Je crois bien que vous avez fait une touche, j’avoue je mords à l’hameçon.
Comme lui était un grand pécheur devant l’Eternel, il ne manqua pas de saisir la perche qui lui était tendue. Tendrement, il lui mordilla les ouïes, déplorant, mais il ne le dit pas, qu’elle fût si maigrelette - cette fille est un vrai sac d’arêtes, pensait-il en lui-même. La suite se passa dans un buisson d’algues, il ne serait pas séant cependant de décrire les tête-à-queue de poisson et autres formes de célébration de leur amour naissant... (il dut lui expliquer les choses de la vie, car elle avait beaucoup de lagunes !)
- Alors, heureuse ? lui demanda-t-il en chiquant(3), bien plus tard quand, repue et comblée, elle lui avouait n’avoir rien connu de tel auparavant.
- Comme un poisson dans l’eau, répondit-elle, réalisant trop tardivement le peu d’originalité de sa réplique. Peu lui importait en fin de compte, heureuse elle l’était. Elle s’endormit benoîtement, sûre que lui veillerait sur son sommeil, n’hésitant pas à faire le plancton le temps qu’il faudrait. En fait, il dormit, mais d’un œil seulement, puis se laissa aller à ronfler comme une scie. Il sursauta en entrevoyant l’ombre d’un ombre, qui en fait était une plie, cela n’en faisait pas un.
Au réveil, ils partirent visiter le jardin botanique. Il y avait peu d’arbres mais beaucoup de fruits. Il était trop tôt, les gens n’étaient guère avenants, et la plupart se renfermèrent dans leurs coquilles. « Quels oursins ! » conclurent-ils. Seuls les huîtres trouvèrent grâce à leurs yeux ; spirituelles, elles leur offrirent quelques perles du genre : « Dans la vie, nous essayons de n’être pas lourdes, mais ne soyons pas médusées, au fond, nous sommes toutes issues de la même moule, un grain de sable a vite fait d’enrayer la machine. »

La suite de leur histoire aurait pu être belle, déjà, elle rêvait de chimères. Elle réalisa bien vite quand il s’amouracha d’une lyre qu’il n’était qu’un vil coureur, attaché au célibat plus qu’à autre chose (c’est l’éternelle solitude du coureur de fonds !). Des années plus tard, en évoquant leur courte liaison, elle expliquait leur échec en disant : «Coquin de saur, ce hareng n’était qu’un maquereau qui rêvait de faire de moi une raie publique ! »


(1) Pour d’identiques raisons esthétiques, elles n’ont jamais l’estomac dans les talons, ne vont jamais ventre à terre - ça crisse de surcroît - ou la queue basse, ne haussent jamais les épaules. Par contre d’évidents motifs morphologiques les empêchent de prendre leurs jambes à leurs cous ou leurs têtes à deux mains.

(2) Ils sont très fréquents dans ces contrées : on a recensé plus de vingt-mille lieus sous les mers.

(3) Il chique toujours après l’amour ; cela n’est certes pas très élégant mais allez dire «alors, heureuse ? », la cigarette au bec, dans ces conditions. De plus, les harengs sont, par superstition, allergiques à la fumée.
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Guillaume
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MessageSujet: Re: Textes humoristiques   Textes humoristiques Icon_minitimeJeu 23 Oct - 21:35

Et Dieu créa la flemme…


Adam attendait. Pour leur première rencontre, Eve était déjà en retard. « Elle est vraiment toute la même » siffla-t-il entre ses dents, pas trop fort cependant, elle pouvait arriver d’un instant à l’autre. « Mais elle apprendra bien vite à ses dépens qu’on ne se paye pas la pomme d’Adam impunément ! » Histoire de patienter, il réajusta – mal d’ailleurs – la feuille de vigne qui cachait – mal d’ailleurs - son …euh …sa …euh… ses …mais après tout pourquoi cacher ce que l’on a de plus beau, hein pardi !
Adam attendait donc et se lassait d’attendre. Ça le démangeait, et l’on pourrait ajouter sérieusement. Rien que la clairière verdoyante autour de lui l’irritait
. « Marre de cette luxuriance, je préférerais un peu de luxure ! » Pour le lecteur non averti, précisons que la paume d’Adam (1) était, à force d’onanisme intensif, et ce depuis belle lurette, pleine d’ampoules, ce qui ne faisait pas de lui une lumière pour autant.
Adam attendait et ça le démangeait. Il se gratta, ce qui n’était pas aisé compte tenu de sa pilosité développée, et l’obligea à réajuster le beau nœud papillon vert pomme qui s’accordait, mal d’ailleurs, à la feuille de vigne qui cachait, mal d’ailleurs … ah ? Vous le saviez ? Bon, j’avance alors.
Adam att… bien, vous le saviez aussi. (Au fait ça le démangeait, je ne sais plus si je vous l’ai dit. Quoi ? Vous voulez qu’Eve arrive, bon soit, mais je voulais juste que vous sussiez(2) qu’elle est arrivée très, très en retard. Ce, au cas où vous ne l’auriez pas deviné par vous-même.)
Quand Eve arriva, elle ne manqua de noter la pilosité très développée d’Adam. (Je le précise au cas où j’aurais omis de le faire précédemment.)

-C’est gentil d’être velu, lui annonça-t-elle tout de go.
Je ne vous cache pas qu’Adam prit plutôt cette remarque à rebrousse-poil, mais faisant contre mauvaise fortune bon cœur, il l’invita à aller boire un verre à l’Auberge de la Genèse. Il reprenait du poil de la bête.
Là ils se retrouvèrent côte à côte (enfin tout dépend comment ils étaient placés) sirotant leur jus de pomme. Réalisant qu’entre un homme et une femme il y avait certes des points communs, mais aussi des différences, différences qui ne manquaient pas de présenter certains charmes. Longtemps, ils restèrent ainsi à se regarder, sans rien dire, heureux et béats, laissant naître un doux sentiment, inconnu jusque-là. Il se mit alors soudainement à pleuvoir. A flots, à verses, pour un peu c’eût été le déluge. Cela fit d’ailleurs dire à un pasteur qui passait par-là bien que n’ayant le droit chronologique ni d’être pasteur, ni de passer, ni même d’exister, bref ce pasteur déclara :

- C’est pas de l’amour, c’est de l’orage !
Adam et Eve se contrefichaient éperdument de tout cela. Surs de leur passion commune, ils venaient de se jurer fidélité, respect et tout le toutim, l’histoire retient d’ailleurs que ce fut le premier serment du jus de pomme.
Mais tout n’était pas réglé pour autant. Ils s’aimaient. Soit. Adam hésitait cependant à franchir le dernier pas: Allait-il demander Eve en mariage ?
Désireux de s’enquérir de l’avis d’autrui, il se résolut à aller demander conseil aux animaux.(en ce temps –là, rappelons-le, la plus parfaite harmonie régnait entre hommes et animaux. Enfin, à peu près. Disons que l’homme n’était pas chasseur, et que les animaux, puces et morpions compris lui foutaient une paix royale.) Mais ceux-ci ne se préoccupaient guère de la chose ; qu’on en juge plutôt : le serpent haussa les épaules, le kangourou considéra que puisque c’était dans la poche, la question n’avait aucun intérêt, et résumant l’avis de tout le monde, l’hippocampe lança un «tu nous cavales à la fin ! » qui laissa médusée l’étoile de mer. Concluant que les animaux étaient bien bêtes, Adam s’en alla voir Dieu lui-même, à qui il vaut mieux s’adresser qu’à ses saints, à l’époque c’était déjà connu. Arrivant avec la question cruciale de savoir que choisir entre mariage et concubinage, il lui fut répondu
- qu’entre deux mots il fallait choisir le moindre
- qu’il fallait se méfier car le mariage, hymen à tout, mais à condition de ne pas le contracter
- qu’après tout, puisque Eve était fort drôle, il n’avait qu’à l’épouser si c’était l’humour de sa vie.
Ils se marièrent donc, et avant d’avoir beaucoup d’enfants,(mais dans ce but) inventèrent le système décimal métrique. La chose est en effet très simple : Adam voulut le mettre, Eve le sentit mettre, et un petit nègre qui passait par-là ajouta : « Mi l’y mettre, aussi !» Inutile de préciser que le négrillon n’avait pas plus le droit de passer que d’exister. (Cependant, s’il avait eu l’un et l’autre, contrairement au pasteur précédemment cité, il eût pu être lui-même, on était plus tolérant en ces temps éloignés.)
Le temps passa, Eve tomba, mais sans se faire mal, enceinte. On imagine aisément l’inquiétude qui s’empara alors de celui qui s’apprêtait à devenir papa : il allait avoir un enfant, immense bonheur !
Certes…
Mais s’il était différent des autres ?
Il partit illico presto faire part de son anxiété à Dieu. Celui–ci se rassura d’un ton péremptoire en lui disant qu’il ne fallait pas s’en faire car :
« Ceux qu’on conçoit bien s’annoncent clairement
Les marmots pour le dire arrivent aisément. »
Les voies du Seigneur étant impénétrables, on ne saura jamais pourquoi il n’avoua pas ce qui allait s’ensuivre. Car ce furent deux enfants, (mais cela avait été suggéré) et non pas un seul, qui naquirent. Pis, le premier, Caïn, que la Bible a certes évoqué, était un cyclope, cela fut tu ; quant au second, Caha le bien nommé, c’était un négrillon, et nul n’en a jamais parlé avant ce jour(3). La raison de ces oublis tient au fait que de la manière la plus éhontée qui soit, ce goujat d’Adam en a profité pour les faire travailler dès leur plus jeune âge…l’un au noir, et l’autre à l’œil.
Car il leur en voulait aux enfants, surtout au second (le négrillon). Essayant de se consoler en se disant que c’était un marmot croisé, mais rien n’y faisait. De plus, le petit était goulu… à peine le prenait-il dans ses bras qu’il voulait téter sa mère. Et celle-ci en rajoutait en commentant : « Ce n’est rien, il tombe de mâle en pis ! (4) » Eve aussi l’énervait, il se décida finalement à la plaquer pour lui faire expier sa faute. Pas de raison de s’en faire, une de perdue, dix de retrouvées ! Enfin, il paraît…
Sur la suite des événements, la Bible est assez fiable, et je passe assez vite : Adam revint, on s’en doutait, Abel naquit, ce n’est pas un scoop, se fâcha avec l’un de ses aînés. Attardons-nous quelques instants sur le sort de ce pauvre Caïn. Dieu se mit en colère et lui dit : « Méfie-toi car je t’ai à l’œil et j’ai la dent contre toi ! » Caïn vécut donc seul, sans femme(s), se consolant en se disant que si la femme était bonne, ça se saurait, et Dieu en aurait une. Pour son malheur, sa vie fut longue, mais par paresse il ne faisait pas son âge. Faute de preuves, il se refusait d’ailleurs à accuser le poids des années mais finit par rendre son dernier souffle (qu’il avait court). Ce sera, avec la fin de ses mots, le mot de la fin.




P.S. : L’honnêteté intellectuelle qui me caractérise m’oblige à avouer que je dois beaucoup, énormément, pas tout mais presque, au regretté et génial Alexandre Breffort, maître-ès-brouffe, ainsi qu’à quelques autres grands noms de l’esprit français ( Tristan Bernard, Pierre Dac pour ne citer qu’eux). Qu’on me pardonne tant de plagiats, l’important n’est-il pas que, tel Socrate, vous ayez été mes lecteurs à ciguë. Bref, fort, c’est signé !

(1) Par contre on ignore tout de la pomme d’Adam d’Adam !
(2) Quoi, j’ai bien le droit d’accorder correctement mon subjonctif sans qu’on me prête tout de suite des idées mal placées ! A force, un doute m'habite... C'est pas que, mais c'est tout comme...
(3) Le couple Caïn-Caha était plutôt boiteux.
(4) Des esprits chagrins signalent d’ailleurs qu’il était délivré du mâle.
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